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SAJ, ombre et lumière…

Et quand finira le temps des hommages, quand prendront fin les éloges, quand s’estompera la longue journée des funérailles, s’imposera alors l’image que nous voulons garder de SAJ. Quel visage conservera-t-on ? L’ensemble des réactions auxquelles nous avons droit depuis la nouvelle de son décès témoigne d’une multitude de facettes d’un homme qui a marqué non seulement la vie d’un pays mais qui ne laisse pas indifférent. Qu’on l’aime – un peu, beaucoup, passionnément – ou qu’on ne l’apprécie guère, SAJ fait partie de ces êtres entiers dont l’itinéraire est jalonné autant de parts d’ombre que de lumière...

 

Pour les uns, il reste le catalyseur du développement économique, un chef du gouvernement inoubliable, d’origine modeste, incarnant le personnage d’un papa sévère mais juste et simple, loin de l’extravagance et du luxe, tout en pratiquant une certaine politique à l’ancienne… Pour les autres, qui ne le portent pas dans leur coeur, ils retiendront son franc-parler frisant parfois la vulgarité, ses formules maladroites, voire blessantes, la succession de son fils au poste de Premier ministre, deux ans après la victoire du MSM aux législatives 2014, ou encore sa difficulté à gérer son dernier cabinet ministériel, donnant ainsi l’impression que la clique MSM avait juste remplacé celle de Ramgoolam à la tête du pays…

 

Doit-on ajouter qu’il revenait alors comme Premier ministre, sous le poids de l’âge, à 84 ans ? Et ce, après avoir gagné contre l’alliance PTr-MMM, devançant ainsi les pronostics des observateurs politiques et mettant K.-O. le tandem Ramgoolam-Bérenger. Un retour inattendu en guise d’énième renaissance, un triomphe dont seuls sont capables les politiciens aux destinées exceptionnelles qui, malgré les chutes sonores et les trahisons, se relèvent, repartent sur le champ de bataille, en vrais guerriers pour bien montrer de quel métal ils sont faits. Un peu comme pour dire que l’on ne meurt jamais en politique, encore moins quand on subit des coups inattendus.

 

Car si sir Anerood quitte le confort du Réduit comme président de la République en 2012 pour un retour au-devant de la scène, sa motivation est le remake MSM-MMM aux côtés de son frère d’armes Bérenger, qui préféra, à la surprise générale, s’allier à Ramgoolam. Laissant derrière un SAJ meurtri devant la faillite de cette alliance orange-mauve qui était bien partie, avec une célébration d’anniversaire commune des deux leaders en mars 2014. S’il faut rappeler l’épisode du gâteau d’anniversaire qui resta alors en travers de la gorge de SAJ, c’est parce qu’après la trahison, l’humour avait repris le dessus quand il a lâché à l’Assemblée nationale, lors de ses 85 ans, cette phrase qui ne fit pas beaucoup rire le leader du MMM : «This time, I will bite any finger that tries to feed me a slice.»

 

Il faut dire qu’il avait alors enfilé pour la sixième fois son costume de chef du gouvernement mais n’était plus ce leader ferme et tenace auquel ses années antérieures de primeministership nous avaient habitués. C’était certes le retour de Rambo, son qualificatif en campagne électorale, mais le héros était visiblement fatigué et semblait plutôt subir les diktats de son cabinet ministériel, quand il ne regardait pas, amer, les batailles intestines, à l’exemple de l’indécente confrontation Bhadain-Lutchmeenaraidoo.

 

Si en 2017, il déçoit et crée un mécontentement chez une partie de la population en nommant son fils à la tête du pays, pendant que lui revêt le costume de ministre mentor, l’année suivante, ce sont les honneurs de tout un peuple qui l’attendent quand il obtient un avis consultatif de la Cour internationale de justice sur les Chagos. Une victoire qui rendit alors fier le pays, créant un exploit dépassant le cadre politique, après qu’il s’était jeté personnellement dans la bataille avec hargne. SAJ gagna avec panache, provoquant un émouvant élan patriotique, et pouvait avoir le sentiment d’un devoir accompli.

 

En vérité, à part sa défaite de 95 où il était Premier ministre sortant et perdit les élections sur un bruyant score de 60-0, et son revers à la partielle de 98, il n’aura pas connu beaucoup d’échecs. Même quand en 2005, son ennemi juré Ramgoolam décida, après sa victoire, de ne pas se rendre au Réduit mais de convoquer à Port-Louis le président de la République qu’il était alors, comme pour mieux l’humilier, il ne broncha pas, et fut même capable d’avoir ensuite des relations détendues avec le leader du PTr, en entamant un deuxième mandat de président de la République !

 

Ainsi est donc SAJ qui sait s’adapter aux conjonctures, aux réalités, avec des stratégies gagnantes qui lui ont assuré une incroyable longévité en politique ! On ne devient pas six fois Premier ministre (en partageant deux années de pouvoir avec le leader du MMM), président de la République ainsi que leader de l’opposition si on ne maîtrise pas les moindres mécanismes de la politique locale…

 

Quel patrimoine SAJ, parti, nous lègue-t-il ? Quand finira le temps des hommages, on pourra alors s’interroger sur son héritage économique, social et politique…

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