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Les leçons de Betamax !

Et la morale est sauve ! Le dénouement dans l’affaire Betamax, à travers le jugement de la Cour suprême annulant la décision du Centre d’arbitrage international de Singapour qui sommait la STC de payer Rs 4,5 milliards à la société de Vikram Bhunjun, nous rappelle à quel point il nous faut dénoncer notre système politique.

 

Au-delà de toutes les batailles juridiques, dont le dernier chapitre sera écrit au Privy Council, cette histoire ne semble être que le reflet des pratiques de tous les gouvernements qui se sont succédé. Une ambiance de copinage, des décisions prises dans l’opacité de certains bureaux, une absence d’appel d’offres et souvent des clauses taillées sur mesure. Bref, une toile de fond permettant alors aux favoris de la cour des dirigeants du jour de faire la pluie et le beau temps.

 

Qu’on se le dise : il a fallu un changement de gouvernement pour que le contrat de Betamax soit résilié et qu’on apprenne les conditions plutôt douteuses dans lesquelles le contrat a été alloué. Mais qu’on se le dise aussi : le gouvernement MSM a découvert le scandale après sa victoire aux législatives de 2014. Or, le même Pravind Jugnauth siégeait au sein du cabinet Ramgoolam en 2010. Quand on sait que la signature du contrat avec Betamax a eu lieu en 2009, on déduit que Pravind Jugnauth n’était pas très curieux de découvrir les modalités du partenariat STC-Betamax en ce temps-là. Ou n’avait-il tout simplement aucun scrupule à faire partie d’une équipe dont le principe de la bonne gouvernance n’était qu’une expression creuse ?

 

Mais il n’y a pas que Pravind Jugnauth dont l’indignation dépend des vents contraires. Doit-on relever la posture grotesque de Xavier-Luc Duval qui, entre son alliance avec Ramgoolam, puis avec Jugnauth, pour devenir ensuite leader de l’opposition, module ses commentaires, que ce soit sur l’affaire Betamax ou autres, en fonction de sa place sur l’échiquier politique ?
C’est dire à quel point nous devons faire entendre nos voix citoyennes pour dire non à ce système favorisant les «pourvoiristes», quelle qu’en soit leur couleur. Hier, c’était les responsables des corps parapublics, sous le gouvernement PTr, qui pouvaient s’octroyer le luxe de faire certaines transactions loin de l’interêt public. Aujourd’hui, en quoi est-ce que la politique que nous propose le MSM est-elle différente ?

 

Depuis vendredi, deux leaders, en l’occurrence Ramgoolam et Bérenger, se posent des questions autour des contrats publics. Si pour Ramgoolam, ce jugement ouvre la porte à la contestation d’«enn pake kontra», le leader du MMM se demande, lui, si d’autres contrats seront revus après ce jugement. Mais quelle nécessité, sommes-nous tentés de répondre ! Si nous voulons réellement vivre dans une société participative, progressive, en phase avec son temps, si tant est qu’on soutienne une gestion transparente, le public devrait connaître les conditions de tous les gros contrats alloués avec ou sans appel d’offres. Que ce jugement justement nous ouvre les yeux et incite les citoyens à réclamer des comptes à tous les gouvernements, indistinctement.

 

Car quelle image nous donne-t-on, si ce n’est que, dès leur prise de pouvoir, un groupe de profiteurs cède la place à un autre groupe ? Les têtes changent, quelques sangsues adhèrent à d’autres couleurs, mais les méthodes restent les mêmes. Entre la préférée qui agissait en maîtresse à l’aéroport et la fille de… qui rafle les contrats dans le même aéroport ; entre les copains d’hier et ceux d’aujourd’hui qui, forts de leur proximité avec l’Hôtel du gouvernement, se gonflent les poches indécemment ; entre ces amies postées ici comme ailleurs avec, à la clé, des salaires mirobolants, dont on peine à voir le bilan et qui n’ont pour compétence que leur relation troublante avec certains membres influents du cabinet ; à quelle rupture a-t-on assisté entre le régime d’avant et le gouvernement du jour ?

 

D’où l’importance de ce jugement de la Cour suprême qui vient nous rappeler, heureusement, qu’aucun gouvernement ne peut disposer des fonds publics sur le dos des citoyens, à sa guise. Un rappel fort pertinent en ces mois de campagne électorale…