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Mister sécurité routière

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Papa de trois enfants, époux heureux, employé épanoui, l’homme estime que l’engagement pour une cause est essentiel.

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Aux anges avec ses trois enfants, Aurélie, Arnaud et Alexandre, et son épouse, Annick.

Ce père de famille est un acharné ! Il a décidé de mener un combat contre l’insécurité routière et il ne compte pas s’arrêter de sitôt. Rencontre avec un homme engagé qui mène une vie de famille épanouissante et une belle carrière.

Dans sa vie, pas de limite de vitesse. Alain Jeannot vit à cent (voir plus !) à l’heure. Il est presque 20 heures quand l’homme, confortablement installé dans le van du bureau, pousse un «ouf» de soulagement. Il est, enfin, en route pour son prochain vol. Et il a le temps du trajet jusqu’à l’aéroport pour se ressourcer. Ce mardi 18 février, il s’envole pour Perth. Il a passé les dernières heures à la maison avec sa famille : «Surtout avec le handover avec les enfants.» Une routine bien rodée pour l’homme de 48 ans, chef de cabine principal chez Air Mauritius, qui partage, depuis des années, sa vie entre ciel et terre.

Quand il est sur terre, ce père de famille est un acharné… de la sécurité routière. Vous vous disiez bien que son visage ne vous était pas inconnu ! Ce citoyen engagé se bat, depuis des années, pour qu’il y ait moins d’accidents sur nos routes. Un combat qu’il mènera encore longtemps, semble-t-il (le nombre d’accidents de la route est en hausse en ce début 2014). Tant pis ! Alain Jeannot n’est pas de ceux qui baissent les bras : «Je m’acharne parce que j’estime que les accidents de la route sont évitables et que la vie est trop précieuse pour finir en bouillie sous un amas de ferraille.»

Des mots qui peuvent choquer. Alain en est conscient. Mais le plus important reste la conscientisation et l’éveil des consciences, explique-t-il. Mettre sa ceinture de sécurité, respecter les limitations de vitesse, ne pas boire et conduire en même temps : des paroles, comme un refrain, que l’engagé – «l’engagement donne à l’homme sa vraie dimension», dit-il – est prêt à répéter à l’infini à travers ses campagnes d’affichage, ses interventions à la radio et dans les journaux, et ses nombreuses distributions de tracts.

Sur le terrain de la sécurité routière, il sera toujours là : «J’aime ce que je fais, j’en tire une satisfaction personnelle énorme. C’est aussi un investissement pour mes enfants qui sont aujourd’hui de jeunes chauffeurs très consciencieux.» Car c’est un long travail de réflexion qui l’a mené à prendre position. Déjà en 1986, il se disait qu’il y avait un problème sur nos routes : «Le premier pays que j’ai visité, c’était l’Afrique du Sud, et j’avais remarqué que les véhicules s’arrêtaient systématiquement sur les passages cloutés, même lorsqu’il n’y avait personne autour. J’ai alors compris que conduire, c’est aussi et surtout le respect de la discipline routière en toutes circonstances.»
Écrivain et poète
Presque 20 ans plus tard, le drame le touche au plus près : «Un accident fatal qui est survenu en novembre 2005, impliquant un proche et un chauffeur qui aurait été sous l’influence de l’alcool, me jette dans l’arène.» Il se lance alors dans un premier mouvement de sensibilisation national : «J’étais seul. Mais j’avais décidé de me battre contre la conduite en état d’ivresse. En décembre 2005, j’imprime 300 posters avec mes propres moyens, j’interviens à la radio, j’organise une messe avec le Père Henri Souchon. Quand j’y pense…» Et depuis bientôt neuf ans, celui qui se décrit comme étant «un citoyen du monde et surtout un Mauricien à part entière» enchaîne les campagnes.Sans relâche.

Sans se décourager, surtout : «Cela ne suffit pas de dénoncer l’alcool, la vitesse, la fatigue. J’essaie toujours d’expliquer les conséquences de certains actes dans un langage simple et imagé.» Et malgré son engagement citoyen, Alain trouve toujours du temps pour sa famille. Sa bouffée d’oxygène, sa fierté. Marié à Annick, également chef de cabine principal chez Air Mauritius, avec qui il a trois enfants (Aurélie, 22 ans, Arnaud, 21 ans, et Alexandre, 19 ans), Alain est un homme heureux. Et un peu poète par moment : «Je suis un simple mortel à la poursuite du sens de la vie. Ma hantise, c’est de terminer le voyage de la vie, sans avoir achevé, avec amour, la partition qu’elle m’aura confiée.» Cet écrivain – il fait ça aussi ! – aime les beaux mots, les histoires inspirantes, les belles choses de la vie. Le père de famille est aussi un curieux; il s’intéresse à tout, se pose des questions sur tout. Une qualité indispensable si on veut apporter sa pierre à l’amélioration de son monde.

Son monde, c’est aussi son métier qu’il aime depuis toujours : «Rencontrer les autres, les mettre à l’aise, dessiner dans leur cœur des souvenirs des fois impérissables est une noble entreprise et je suis heureux d’en avoir fait mon métier.» Un «job» qui lui permet de vivre ses envies d’ailleurs et de découverte : «Une passion qui rime aussi avec bénédiction car les voyages ont été formateurs dans tous les sens. Voyager, c’est une façon agréable et efficace d’acquérir le savoir et le savoir-faire.»

D’ailleurs, c’est la tête au-dessus des nuages qu’il a rencontré son épouse : «La première fois que j’ai volé avec Annick, je n’avais plus de sherry dans mon drink trolley et lorsque je lui en ai demandé, elle a cru que je l’appelais “chérie” et elle m’a lancé un regard sévère ne se doutant pas qu’elle allait être ma “chérie” pour la vie.» Des histoires – des joyeuses anecdotes et des épisodes plus tristes – de ses nombreuses années de vol, il en a des milliers : «Je pourrais écrire un livre.» Mais il n’oubliera jamais, dit-il, les événements du 13 septembre 2008 : «Mon épouse et moi nous étions dans un magasin de chaussures au Sarojini Market, à Delhi, lorsqu’une déflagration nous a surpris. Nous pensions que c’était une bonbonne de gaz qui avait explosé, mais c’était une des bombes que les terroristes avaient placées dans les cinq marchés de la ville. Elle avait éclaté à 30 mètres de nous. C’était un spectacle de désolation.»

Des images qui resteront gravées à jamais dans son cœur. Comme celles des accidentés de la route. Des vies perdues sous des amas de ferraille. Alors, Alain Jeannot vit sa vie sans limitation de vitesse. Pour se réaliser, oui. Mais aussi pour espérer conduire les Mauriciens à être plus responsables au volant…

Carnet intime

■ Son plat préféré : Du riz blanc avec du bouillon de poisson (vielle ou capitaine) et du chatini coco.

■ Son moment préféré de la journée : Le petit déjeuner avec sa famille lorsqu’il est à la maison.

■ Son livre de chevet : La révolution de l’amour de Luc Ferry.
■ La chanson qui le met de bonne humeur en ce moment : Danse Morisien de Cassiya.

■ L’homme/ La femme qui l’inspire : Martin Luther King.

■ Son projet : «Je cogite sur la conception d’un manuscrit et d’une campagne sur le pourquoi des dangers de la route intitulé Kifer», explique-t-il.

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