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Zistwar revoltan

C’est comme si c’était hier. Tellement c’est encore vivant dans nos mémoires. Certains d’entre nous étaient bien jeunes, d’autres moins. Mais presque tous se souviennent de ce jour maudit. Le 21 février 1999. 15 ans déjà. On se rappelle encore que la nouvelle s’était répandue comme une traînée de poudre, nous laissant sous l’effet du choc !

Notre roi du seggae était mort dans des circonstances dramatiques. Lui qui chantait l’amour, la paix, l’unité, l’injustice, avait été victime de brutalités alors qu’il était enfermé à Alcatraz pour avoir fumé un joint lors d’une manif pour la dépénalisation du gandia. Un 21 février noir devenu encore plus noir avec l’éclatement des émeutes.

Car ce décès brutal a suscité la colère, attisé les frustrations, réveillé les démons «communaux» d’un peuple au bord du gouffre social. La mort de Kaya a été la goutte d’eau qui a fait jaillir violemment le sentiment d’injustice, d’inégalité, d’être laissé pour compte chez une frange de la population qui perdait l’un de ses porte-parole. «Tro boukou miser, tro boukou cite», dénonçait à juste titre Kaya dans son Zistwar revoltan.

Des milliers de gens sont donc descendus dans les rues pour crier leur ras-le-bol et, comme un «tempo» trop longtemps sous pression, ils ont explosé. La situation a dérapé dans un tourbillon d’affrontements, de destructions, de pillages. Un pays à feu, mais aussi à sang car des personnes ont perdu la vie, notamment le chanteur Berger Agathe.

Il y a eu ces victimes qui ont payé de leur vie, mais aussi ces nombreuses autres qui ont perdu maisons et commerces, et qui ont dû se battre pour les reconstruire, se reconstruire. Avec toujours, au fond d’eux, un peu de peur, un peu de dégoût, un peu d’amertume. Car les émeutes ont laissé des traces aussi bien chez ceux qui y ont participé que chez ceux qui les ont juste subies. D’ailleurs depuis, qu’est-ce qui a changé ?

Ces milliers de personnes en colère, qui sont descendues dans la rue pour crier leur révolte ont-elles trouvé un sime la limier ? Pas forcément, il y a eu, certes, des initiatives de la part d’ONG, de l’Église ou encore du gouvernement pour les aider mais, soit ces derniers n’ont pas fait assez, soit ce sont les gens qui n’ont pas saisi la main tendue. Car la pauvreté, le sentiment d’injustice, d’inégalité, d’être laissé pour compte est encore là, avec les risques que tout cela prenne feu à la moindre étincelle.

Le «communalisme» aussi sévit toujours, tapi dans l’ombre et prêt à bondir à la moindre occasion pour semer le trouble. On l’a vu récemment avec l’épisode Suzanne Hervet et d’autres encore qui profitent des réseaux sociaux ou de la moindre plateforme pour cracher leur mépris de l’autre. «Se la hain ki pe fer division», chantait Kaya qui, lui, revendiquait ses origines multiples : «Mwa mo finn ne melanze, pa la hont ki mwa pe dir mo enn batard.» 15 ans après sa mort, la situation n’a pas tellement évolué bien que beaucoup de Mauriciens se battent pour sortir et sortir le pays de ce cercle vicieux.

Et 15 ans plus tard, les proches de Kaya et ceux des victimes des émeutes ainsi que les familles qui ont tout perdu, attendent toujours que justice soit faite, que ceux responsables de leurs malheurs soient désignés. On a l’impression qu’ils devront attendre longtemps, si ce n’est pour toujours. «Atann touzour», dirait l’autre.

Entre-temps, ils peuvent continuer à se consoler au son de la musique de Kaya, une musique, des paroles devenues immortelles tout comme leur auteur. Y’a qu’à voir l’engouement qu’il suscite encore 15 ans plus tard, le nombre d’artistes qu’il inspire toujours et qui lui ont rendu un vibrant hommage, hier, lors d’un concert à Cité Vallijee. Des artistes, des fans, des Mauriciens qui veulent croire en ce fameux sime lalimier…

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