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Espoirs de jeunes

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Nelvin, Cécilia, Akshay et Cheyenne donnent leur avis sur le livre blanc.

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Les consultations autour d’une réforme électorale auront bientôt lieu, selon Navin Ramgoolam. Il a fait cette annonce lors des célébrations autour de l’anniversaire du «Labour Party».

Elle est collégienne. Lui est étudiant ou encore employé dans le secteur privé. Ils ont un point en commun : ils sont… jeunes ! Alors qu’un livre blanc sur la réforme électorale devrait redessiner le paysage politique de l’île, nous leur avons demandé ce qu’ils en attendaient…

Il ne s’agit pas d’une expression de «djeunz». Ni d’un message codé issu des réseaux sociaux (LOL ? MDR ? PTDR ?). Du coup, c’est un peu une énigme pour eux. Une sorte de code à décoder. Le White Paper, c’est quoi ? Une nouvelle tendance fashion, un hallucinogène, la boîte de nuit à la mode ? Quelques petites explications s’imposent… forcément ! Mais, au final, une fois le terrain débroussaillé, le livre blanc sur la réforme électorale, ça leur parle aux jeunes. Ils imaginent les contours d’une île Maurice, plus belle, plus unie. Qu’importe l’âge, le rêve semble être le même.

Et Navin Ramgoolam, imagine-t-il, comme ces jeunes que nous avons interrogés, un pays où le système électoral ne serait pas basé sur le communalisme ? Lui seul le sait. Néanmoins, le chef du gouvernement a déclaré, à l’occasion des célébrations autour des 78 ans du PTr qui ont eu lieu le dimanche 23 février, que le fameux White Paper était (enfin ?) prêt et qu’il serait, peut-être, publié avant la rentrée parlementaire prévue pour le mardi 25 mars. Un simple effet d’annonce ? Ou un réel engagement ? Réponse dans quelques semaines. En tout cas, c’est le Premier ministre qui avait déclaré, en août, qu’il organiserait bientôt des consultations nationales afin d’aller de l’avant avec une réforme électorale (voir hors-texte).

Pour Cheyenne Zuël, 15 ans, le livre blanc sur la réforme électorale n’évoque pas grand-chose. Cette collégienne, bien de son temps, branchée Facebook et portable, un chouia fashion victim, a quand même un souhait pour son île : «Ici, on divise les gens. Pour les élections aussi. Pourtant, notre pays a été bâti avec des gens venus de plusieurs horizons. Je suis Mauricienne, moi. Il faudrait arrêter de nous cataloguer, de nous mettre dans des boîtes : population générale, musulman, chinois, hindou.» Sans le savoir, sûrement, elle rêve de la construction d’une nation. Elle n’est pas la seule.

Nelvin Cushmagee partage sa vision des choses. Étudiant à l’Université de Maurice, il avoue que le White Paper, ça ne lui dit presque rien. Mais parlez-lui de communalisme et de la nécessité de devoir préciser son appartenance communale afin de pouvoir être candidat à des élections et il réagit «on the spot» : «J’aimerais qu’il y ait une seule catégorie de personnes dans ce pays : le Mauricien. Nous devrions tous être égaux. Une communauté ne devrait pas être privilégiée par rapport à une autre.» Il faudrait voter pour une personne, pour ses compétences et pour ses projets pour le pays. Et non parce qu’elle appartient à la même communauté que l’électeur !

Une constatation simple. Évidente, même. Mais la réalité mauricienne est toute autre. Cécilia Zamudio, une étudiante de 21 ans à la recherche d’un emploi, ne dira pas le contraire. Elle se pose, d’ailleurs, des questions sur les motivations de Navin Ramgoolam. Sa récente annonce ne serait-elle pas un autre «move» politique, se demande-t-elle ? Une façon de rassurer ceux qui militent pour le mauricianisme sans pour autant brusquer les pros «nou ban» ? La jeune femme estime qu’un livre blanc ne servira pas à grand-chose, c’est un changement en profondeur qui est nécessaire. De la part des Mauriciens. Mais aussi des politiciens : «Nous ne pouvons pas éradiquer totalement le communalisme au sein de notre île car c’est dans la nature humaine de défendre, protéger et mettre en avant ses convictions, sa croyance ou sa religion. Mais j’espère moins de communalisme de la part de notre Premier ministre et ses acolytes pour les années à venir.»

Abolition du «Best Loser System»

Stéphane Oozeer, la trentaine, partage le même point de vue. Néanmoins, pour lui, ce livre blanc ne changera, malheureusement, pas grand-chose : «Qu’il soit noir ou blanc, les choses resteront les mêmes. Car ce sont les politiciens, eux-mêmes, qui ne pensent qu’à réveiller le démon communal qui sommeille en de nombreuses personnes. Et cela, uniquement pour avoir des votes.» Il souhaite, lui, la mise en place d’une législation qui interdirait certaines pratiques : «Les politiciens n’auraient pas le droit de s’exprimer lors des fonctions religieuses, par exemple. Ce serait un moyen de ne pas mélanger religion et politique.»

Akshay Ramdass, 18 ans, voit plus grand. Le White Paper, lui, il connaît. Et il l’attend : «Navin Ramgoolam fait des promesses, mais il n’y a rien de concret, pour l’instant.» Le jeune homme, qui vient d’obtenir ses résultats du HSC, souhaite l’abolition du Best Loser System : «Bien évidemment. C’est le premier pas à faire.» Ensuite, il espère que cette réforme électorale s’attaquera «aux problèmes liés aux différentes castes à Maurice» : «On n’en parle pas du tout. Pourtant, c’est important.» Il pense également, à l’égalité des genres en politique et à des mesures beaucoup plus politiques : «Les candidats devraient pouvoir se présenter uniquement dans les régions où ils habitent et il faudrait donner plus de pouvoirs au Président pour un meilleur équilibre et une meilleure gestion du pays.»

Akshay a décidé d’être un jeune qui réfléchit pour le bien de son pays, qui suit l’actualité et qui est attentif aux changements. Un «djeunz» pas tout à fait comme les autres…

Quelques mois plus tard...

Le Premier ministre était clair. À l’époque. En août 2013, il annonçait la publication prochaine du livre blanc tout en évoquant le Best Loser System en ces termes : «On ne peut accepter que, 45 ans après l’Indépendance, les Mauriciens soient encore classés en fonction de leur communauté.» C’est, justement, concernant ce système et le besoin d’un candidat, lors du nomination day, de décliner son appartenance communale, que le Comité de l’ONU avait donné gain de cause à Rezistans ek Alternativ en septembre 2012.

Cet organisme avait estimé qu’il s’agissait d’une violation des droits fondamentaux de tout candidat en vertu de l’article 25 de l’International Covenant on Civil and Political Rights. Le parti de gauche avait saisi cette instance internationale afin qu’elle puisse statuer si le besoin de décliner son appartenance communale était conforme aux droits de l’homme.

L’alliance gouvernementale devait adresser une réponse au Comité des droits de l’homme des Nations unies. Elle s’est acquittée de cette tâche en août en proposant la publication d’un White Paper.

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