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Le bouleversant témoignage de deux anciennes victimes de brutalités conjugale

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Elles ont connu l’horreur de la violence conjugale, mais ont réussi à s’en sortir et à se reconstruire. Ginette, qui a eu le poignet sectionné et le visage tailladé, a fondé une nouvelle famille alors que Belinda raconte sa vie d’aujourd’hui aux côtés de l’homme qui l’avait violentée et qui, affirme-t-elle, a changé.

Ginette, qui a eu le poignet sectionné : «Le temps ne soigne pas toutes les blessures»

Un bel exemple de courage. Après avoir connu une période très sombre il y a six ans, Ginette, 27 ans, s’est relevée, plus forte que jamais, et a repris goût à la vie. Quoiqu’elle avoue que les mauvais souvenirs la hantent toujours. «Le temps ne soigne pas toutes les blessures», dit-elle. Mais cette jeune fonctionnaire s’efforce d’avancer en se concentrant sur sa principale raison : sa petite famille. Elle est mariée à Sundeep depuis 2012, avec qui elle a une petite fille de quatre mois. Elle est aussi maman d’une fille de 8 ans, issue de son union avec l’homme qui l’a marquée à vie.

La vie de Ginette bascule dans l’horreur le 7 janvier 2008. Ce jour-là, la jeune femme est violemment agressée à l’arme blanche par son ex-compagnon après une énième dispute autour de la garde de leur fille. Celui-ci lui sectionne le poignet de la main droite et lui taillade le visage. Il ne purgera que 24 mois de prison pour cette horrible agression. Au grand dam de Ginette.

«C’est révoltant alors qu’il avait des antécédents», s’insurge Ginette qui, à l’époque, travaillait à temps partiel dans une firme de la cybercité tout en suivant des cours de français à l’Université de Maurice. Après son agression, la jeune femme avait dû arrêter ses études pendant un trimestre avant de les reprendre. Aujourd’hui encore, c’est très dur pour elle de revenir sur son passé de femme violentée : «Je l’avais quitté parce qu’il était toujours violent avec moi. De plus, il avait régulièrement des démêlés avec la justice. Il voulait reprendre notre fille et que je retourne vivre avec lui. Ce que j’ai refusé. Il m’a sectionné le poignet et tailladé le visage pour se venger.»

Lorsque son ex-compagnon est sorti de prison, elle se trouvait à Rodrigues où elle avait pris de l’emploi : «Malgré tout ce que j’ai subi, je refuse d’être dépendante. À l’époque, j’avais débuté une carrière d’enseignante. J’étais supply teacher au secondaire. J’ai toutefois dû rentrer à Maurice car je faisais face aux mêmes problèmes qu’avant mon départ. Le regard des autres me faisait terriblement mal. On me harcelait à chaque fois avec les mêmes questions. Kinn ariv ou lame ? Finalement, j’ai fini par mentir en disait que j’avais ce problème depuis ma naissance.»

Les récents cas d’agression sur les femmes ne laissent pas Ginette insensible : «C’est vraiment grave. Il faudrait faire l’éducation des hommes depuis leur naissance. La femme n’est pas l’objet de l’homme. C’est d’abord et avant tout un être humain. Li pa posib kontinie kumsa. La vie après une agression est très dure, surtout lorsqu’on est marqué à vie. Il faut également arrêter avec les regards et les commentaires blessants.»

Sundeep pense, lui, que ce sont des lâches qui s’acharnent sur les femmes : «La violence ne va pas résoudre les choses. L’homme doit protéger la femme et non la battre.»

Jean Marie Gangaram

Belinda Babet, défigurée au cutter : «J’ai changé, ainsi que mon mari»

Elle était à deux doigts de connaître le même sort que sa sœur Marie-Ange Milazar, une prostituée, tuée sauvagement en 2009. Belinda Babet, 31 ans, avait été violemment agressée par son époux il y a deux ans. Celui-ci l’avait défigurée au cutter dans l’enceinte de l’hôpital SSRN, à Pamplemousses, et elle a failli y perdre la vie. «Si cette agression avait eu lieu ailleurs que dans l’enceinte de l’hôpital, je serais probablement morte à l’heure qu’il est. Car j’avais perdu beaucoup de sang quand cela s’était produit», explique Belinda dont des cicatrices sont encore visibles sur le visage.

Elle s’en est miraculeusement sortie, avec pas moins d’une cinquantaine de points de suture au visage et au cou. «J’ai été hospitalisée pendant plus d’un mois. Et lorsque je suis retournée chez moi, il m’était très difficile de me regarder dans le miroir, tant les cicatrices faisaient peur à voir. J’avais du mal à croire que c’était moi et je ne pouvais accepter cette nouvelle personne, ce nouveau visage», raconte Belinda. Elle a dû faire le va-et-vient entre l’hôpital et son domicile à Sainte-Croix pendant une longue période afin de recevoir des soins. Mais ces sorties n’ont pas été de tout repos pour elle. Face au regard des autres, elle a à maintes reprises pensé à mettre fin à ses jours.

«Le regard des autres était ce qu’il y avait de plus dur à supporter. Surtout lorsque les gens se retournaient pour me regarder. Mais au fil du temps, j’ai appris à m’accepter. Mais je ne pourrai jamais oublier ce qui s’est passé et la souffrance que j’ai endurée», murmure-t-elle. Mais a-t-elle pu sortir de l’enfer de la violence ? Belinda affirme que oui, même si elle est retournée avec l’homme qui a failli la tuer. «J’ai pardonné à mon époux. Il a purgé six mois de prison pour agression. Et on vit de nouveau ensemble. Avant, je me prostituais alors que lui se droguait. Quand la prostitution et la drogue se côtoient, la violence est automatiquement au rendez-vous. Ces deux fléaux nous pourrissaient la vie. Mais depuis mon agression, j’ai pu réfléchir et j’ai décidé de donner une nouvelle orientation à mon existence. Je ne vends plus mon corps. J’ai changé, ainsi que mon époux.»

Kerwin Babet, le mari de la jeune femme, abonde dans le même sens. «La prison m’a changé. Je ne touche plus à la drogue. Pour décrocher, je suis sous traitement de méthadone. J’ai même trouvé un emploi et j’aide les gens de mon quartier à décrocher de ce fléau. Qui plus est, je me contrôle mieux, je n’agis plus avec violence», dit-il.

Comme Belinda, les femmes sont nombreuses à retourner auprès de leurs conjoints violents après que la tempête s’est apaisée. Si certaines d’entre elles retrouvent la sérénité après une prise de conscience de leurs partenaires, d’autres par contre, ont moins de chance. Battues et torturées, leur calvaire ne s’arrête qu’avec la mort.

Laura Samoisy

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