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Sa fiancée : «Ces attaques l’ont tué»

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Anista Ramsoful a le coeur complètement meurtri depuis le décès de son fiancé.

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Kashmira, la belle-soeur d’Atish, révoltée, montrant le post que le jeune homme avait mis pour son oncle sur son ordinateur portable.

Ce jeune homme, qui souffrait d’un cancer très rare, est décédé dimanche dernier d’un arrêt cardiaque. Mais selon sa famille, notamment sa fiancée Anista Ramsoful, son cœur ne s’est pas arrêté de battre en raison de sa maladie mais à cause d’un terrible stress émotionnel occasionné par des insultes portées contre lui sur la page Facebook d’un quotidien. Le modérateur de celle-ci, Akash Callikan, se défend d’être le responsable de ce décès et s’explique. Retour sur cette terrible affaire qui bouleverse la communauté des Facebookers depuis quelques jours.

Son monde s’est écroulé il y a une semaine. Le jour où son fiancé Atish Ramnarayan, 29 ans, est décédé alors qu’il se faisant soigner dans une clinique privée. Le jeune homme qui souffrait de drépanocytose – un type de cancer très rare (voir hors-texte) – a succombé à un arrêt cardiaque. Et selon sa fiancée Anista Ramsoful, celui-ci n’est pas lié à sa maladie mais à un «terrible stress émotionnel» dû à des attaques dont il aurait été victime sur Facebook quelques jours plus tôt, sur la page d’un quotidien. Anista Ramsoful accuse précisément le modérateur de cette page, Akash Callikan, d’être à l’origine de ce drame.

Ce dernier a présenté des excuses aux proches d’Atish Ramnarayan après son décès, sur la page Facebook du journal en question : «Despite all this, I would like to apologise to Atish Ramnarayan’s family personally for their loss. It’s terrible that the life-threatening illness he had got the better of him in the end.» Mais il se défend d’être le responsable de ce décès (voir sa version en hors-texte).

En tout cas, Anista ne veut rien entendre de sa part : «Mo pa aksepte so exkiz. Enn lavi in ale. Celui qui s’excuse s’accuse. La police aurait dû l’arrêter car c’est à cause de lui qu’Atish est décédé.» Les proches de son fiancé envisagent de porter plainte à la police à cet effet, le lundi 17 mars. Ils comptent également saisir la justice par le biais d’une plainte au civil contre le quotidien en question et le modérateur de sa page Facebook.

Tout commence lorsqu’Atish, passionné de nouvelles technologies et féru des réseaux sociaux, met un post sur la page Facebook d’un quotidien : «Hello dear friends. I have an uncle, 43 yrs old, looking for a girl around 30-37 to get married. He is well cultured, responsible, Hindu. He’s self employed. Have a good income. Inbox (...) (NdlR : le nom de l’oncle). Thanks, no silly comments plz.» Un post qui fait tout de suite réagir le modérateur de la page qui y met un commentaire : «Stay away from this, girls. Facebook can be a dangerous place.»

À un internaute qui demande sur le même post en quoi c’est mal de chercher une fille en vue de mariage, le modérateur répond qu’il donne ce conseil aux filles qui pourraient tomber dans ce piège après avoir vérifié le profil de la personne en question et trouvé que c’était un fake et qu’il contenait des groupes à caractère sexuel. S’ensuivront plusieurs commentaires d’internautes critiquant et insultant Atish Ramnarayan. Certains iront même jusqu’à le traiter de «n’importe» ou pire, de «pervers» qui prend Facebook pour une «agence matrimoniale». Des attaques qui, selon les proches du jeune homme, l’auraient terriblement affecté.

«Après avoir lu les différents commentaires sur son post, le lundi 3 mars, Atish n’a pas dormi de la nuit. Il m’a appelée le lendemain matin pour me demander de ne pas me connecter à Facebook. Je lui ai alors demandé des explications. Lerla linn dir mwa ki ena kitchoz ki pa bon ek ki fos lor li. Les commentaires l’avaient beaucoup affecté car il parlait d’une voix tremblotante ce matin-là. Il se demandait sans cesse comment on avait pu dire des choses aussi horribles sur lui», raconte avec peine Anista.

Selon elle, à cause de toute cette affaire, l’état de santé d’Atish a commencé à se détériorer. «Ses proches ont dû l’emmener dans une clinique privée le mercredi 5 mars car il a commencé à avoir des douleurs musculaires terribles. Il est rentré à la maison après avoir reçu des calmants. Le lendemain soir, il a été admis d’urgence dans la même clinique car son état s’était aggravé. Il n’arrivait plus à manger car il était très perturbé moralement. Je l’ai vu à deux reprises le samedi 8 mars. Il n’arrivait toujours pas à digérer les commentaires. Sa mem kinn fer li plis malad. Pourtant, il allait mieux par rapport à son cancer depuis quelque temps. Après avoir été alité pendant plusieurs mois, dernièrement il avait pris du poids et marchait avec l’aide d’un support», confie Anista, éplorée.

Premier amour

Atish, dit-elle, était l’amour de sa vie. Cela faisait deux ans qu’ils se fréquentaient et ils projetaient de se marier au mois de septembre. C’est à travers Nishi, la mère d’Anista, que les jeunes gens se sont connus. «Il est mon premier amour et le premier garçon avec lequel je suis sortie. Ma mère faisait partie des volontaires qui collectaient des fonds pour financer une intervention chirurgicale d’Atish en Inde. Il devait se faire opérer des genoux en raison d’une infection causée par son cancer. C’est ainsi qu’on a été amenés à se rencontrer. Par la suite, sa mère Ansuya a demandé ma main et j’ai accepté. La maladie d’Atish n’a jamais été un problème entre nous car c’était un fighter. Il se battait au quotidien et était un bon vivant. Mais il n’a pu supporter les attaques portées contre lui. C’est en voulant aider un oncle qu’il s’est fait insulter et traiter de pervers. Ces insultes ont fini par le tuer», lance Anista, triste et révoltée.

Kashmira, la belle-soeur d’Atish, met aussi en avant le combat au quotidien du jeune homme qui commençait, assure-t-elle, à s’en sortir : «Atish était un bon garçon. Il a beaucoup souffert à cause de sa maladie mais il a toujours été un battant. Son cancer ne l’a pas empêché de suivre des études en télécommunication par correspondance. Dans le passé, il a travaillé comme assistant comptable dans une compagnie française avant de démissionner à cause de son opération des genoux. Il est resté alité pendant huit mois. Mais récemment, il avait recommencé à marcher. Il devait même prendre de l’emploi jeudi dernier dans un centre d’appels. Mais quelques jours avant il est décédé.»

La mère d’Atish, Ansuya, trop écrasée par la douleur pour parler, s’est, pour sa part, murée dans le silence. Le 10 mars, jour des funérailles d’Atish, cela a fait cinq mois que cette femme de 48 ans a perdu son époux Ishwarduth, 58 ans. Ce marchand de fruits avait rendu l’âme des suites d’une longue maladie. Selon Kashmira, sa belle-mère regrette que son fils cadet n’ait pu réaliser ses projets. Atish rêvait, entre autres, de construire sa maison et de se marier. «Ses derniers bilans de santé étaient très bons. Il devait subir une greffe de la moelle épinière. Le donneur devait être son frère Amit car ils étaient compatibles. Sa stress la mem kinn touil li.»

Depuis dimanche dernier, c’est l’état de santé d’Anista qui a commencé à décliner. Son père Danesh se fait un sang d’encre pour elle : «On a dû l’emmener à l’hôpital lorsqu’elle a appris le décès d’Atish. Elle a un gros problème de tension artérielle. Sa tension a beaucoup baissé.» Son épouse Nishi explique, pour sa part, que sa fille ne mange presque plus depuis dimanche dernier : «Mo la princess so leker ine brise. Nous avons quatre enfants et Anista est l’aînée. On va devoir trouver un psychologue pour elle si elle continue à refuser de manger et dormir.» Nishi en est consciente : sa fille risque de passer des années à souffrir de la perte de l’amour de sa vie. Mais elle fera tout pour l’entourer, l’encadrer et l’aider à aller mieux…

Akash Callikan : «Je vais me défendre si...»

Le modérateur de la page Facebook du quotidien montré du doigt par les proches d’Atish Ramnarayan ne mâche pas ses mots : «Je vais me défendre si on m’attaque en justice.» Akash Callikan ajoute : «J’ai déjà retenu les services d’un avocat. Il s’agit d’Ashok Radhakissoon. Il m’a conseillé de jouer low profile. Je dois cependant préciser que je suis très déçu de la tournure des événements. Je n’ai jamais traité ce garçon de pervers.»

Toutefois, dit-il, la page Facebook du quotidien a été fermée : «La page du quotidien n’est pas opérationnelle depuis le 11 mars. J’ai pris cette décision car je n’arrive plus à faire mon travail comme il se doit. Je suis seul comme modérateur. La page de ce quotidien génère environ 5 000 commentaires par jour. C’est pour cela que je dis à chaque fois que ceux qui mettent des posts doivent en assumer la responsabilité. Je suis triste pour ce garçon mais je n’ai rien fait de mal. Je ne suis coupable que d’une seule chose ; de n’avoir pu faire mon travail de modérateur comme il le fallait.»

Il explique aussi pourquoi les «comments» d’Atish, en réponse aux insultes portées contre lui, n’ont pas été affichés sur la page du quotidien : «Ses comments sont passés par un filter spam. Il en avait envoyé trop et trop vite. Le programme les a alors considérés comme des spams.» Après le décès d’Atish il a tenu à présenter ses excuses aux proches du jeune homme, mais il précise qu’il a évité de rencontrer ceux-ci car «ena telma problem ek mem menas de mort ki mone evit

zwen zot».

Suite à la mort d’Atish et la polémique qui en a suivi, Akash Callikan avait aussi tenu à s’expliquer sur la page Facebook du quotidien : «The post seemed strange at first glance. So I decided to verify his uncle’s profile. Turns out the latter was on all sorts of sex groups like (...) on Facebook. And the profile seemed fake. That’s why I thought it was important to warn people against this sort of scam – which I did. I posted a screenshot of his message with the caption “Stay away from this, girls. Facebook can be a dangerous place” That’s it.»

Akash Callikan s’était aussi défendu, sur la page en question, d’avoir prévenu les gens contre Atish. En revanche, il dit l’avoir fait contre son oncle : «I was warning people against the uncle, not Atish. That’s what people had trouble understanding. Hence I decided to delete the photo a couple of hours later.»

La longue lutte d’Atish

Il s’est toujours battu pour survivre. Pendant 22 ans, Atish a combattu sa maladie. Pour finalement succomber à un arrêt cardiaque. Ce jeune homme de 29 ans souffrait depuis l’âge de 7 ans d’une sickle cell amenia ou drépanocytose, un type de cancer très rare qui l’empêchait de respirer normalement et lui avait causé une infection aux genoux. Il a subi une délicate intervention des genoux en 2010 pour tenter d’endiguer l’infection. Il est resté alité pendant huit mois avant de pouvoir remarcher à l’aide de béquilles. Le jeune homme a dû mettre fin à ses études après avoir pris part aux examens du School Certificate à cause de sa maladie. À l’époque, il fréquentait le Friendship College. Il a ensuite pris des cours par correspondance avant de travailler.

En 2012, il devait subir une nouvelle opération des genoux mais quand il s’est rendu en Inde, il a appris qu’il devait se faire amputer pour empêcher l’infection de se propager. Mais il était contre cette opération. Son médecin traitant à Chennai lui a alors dit qu’il lui fallait subir une greffe de la moelle épinière afin d’avoir une chance de guérir. Le seul hic, c’est qu’il devait attendre que sa plaie guérisse pour pouvoir subir cette intervention. Ce qui était le cas depuis le début de l’année. Il allait donc bientôt subir l’opération qui allait le sauver. Mais le destin en a voulu autrement.

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