
Les plus belles frites sont sélectionnées par les employées.

L’épluchage se fait manuellement.
L’entreprise fabriquant ces fameuses frites est sous les feux des projecteurs. Son directeur a remporté le concours télévisé Le Boss. Petit zoom pour en savoir plus.
Croquez et laissez-vous surprendre. Une saveur subtile de banane, rehaussée par le croquant du sel : un apéritif 100% made in Mauritius. Oubliez, quelques secondes (ou plus), les fameuses potato chips. Et partez à la découverte de ce gadjack d’un autre genre commercialisé par la compagnie Maubon Foods Manufacturing Co. Ltd dont le Managing Director, Ved Luchmun, a remporté le concours télévisé Le Boss récemment (voir hors-texte). Se laisser séduire ou pas ? Après tout, des goûts et des couleurs, on ne discute – presque – pas. Mais avant de vous prononcer, aventurez-vous, avec nous, sur les traces des banana chips…
…Qui sont, au départ – au moment du «il était une fois» –, une banane, tout simplement : «Nous en cultivons, nous-mêmes, sur un terrain d’un arpent. Mais ça ne suffit pas. Alors nous en achetons aux planteurs», explique Ved Luchmun. Chaque mois, ce sont en moyenne 14 tonnes de ce fruit qui sont utilisées dans l’usine de La Flora. De quoi faire une gigantesque (le mot est faible ?) tarte banane. Avis aux amateurs de records en tout genre ou tout simplement aux gourmands !
Il y a 17 ans, quand il a lancé ce business – «J’étais au chômage» –, l’entrepreneur ne pensait pas que sa production aurait pris un jour, cette envergure. Une bonne idée. C’est comme ça que tout a commencé : «Je voulais faire quelque chose d’innovant. On trouvait ce fruit en abondance à Maurice, je me suis dit que c’était une voie à exploiter.» Aujourd’hui, il emploie 15 personnes. Au départ, ils n’étaient que deux pour faire ces chips qui sont disponibles dans les supermarchés, les petites boutiques, la boutique hors-taxes de l’aéroport et certains hôtels. Mais également dans d’autres pays tels que La Réunion, l’Allemagne, l’Angleterre et la France.
Néanmoins, la petite usine de Ved Luchmun, qui est actuellement en pleine rénovation, pourrait en «faire plus». En attendant, la chaîne de production actuelle tourne déjà à plein régime… Retournons justement aux bananes ! Elles sont coupées puis acheminées à l’usine pour être épluchées (manuellement !). «Ce sont des bananes “fortes”. Elles sont grosses et, surtout, vertes.» C’est essentiel ! Car dès que la peau du fruit prend une coloration jaune, elle n’est pas utilisable. «Nous faisons des chips salés. Si la banane est mûre, le goût ne sera pas le même.»
Ensuite, les bananas sont soumises à une petite séance de relooking. Dans une imposante machine, elles sont râpées sur la longueur pour avoir leur forme finale. Puis, après toutes ces émotions, elles ont droit à un petit bain : «Dans de l’eau froide avec du sel pour qu’elles ne noircissent pas vite. À partir de ce moment-là, nous avons entre une heure et deux heures pour les faire frire.»
Coup de chaud
Après ce bain revitalisant, nos fameuses tranches prennent donc un coup de chaud dans une friteuse à 160° (ni conservateur ni colorant ne sont utilisés). «Cette machine peut frire 25 à 30 kilos de bananes d’un seul coup», explique Ved Luchmun. Puis vient le temps de la sélection. «Les plus belles frites sont sélectionnées.» Et celui de l’empaquetage. «Nous avons commencé par des sachets en plastique transparent, puis nous nous sommes tournés vers l’aluminium. Notre emballage, aujourd’hui, satisfait toutes les normes internationales.» Dessus vous pouvez trouver des informations nutritionnelles, entre autres. «C’est notre souci de toujours innover.»
Finalement, les paquets de banana chips arrivent, enfin, sur les étagères des grandes surfaces. Et là, ces fameuses frites patientent tranquillement. Elles n’attendent qu’une chose : vous surprendre…
Ved Luchmun, son entreprise, sa success story
C’est lui «Le Boss»… Ved Luchmun (photo), propriétaire de Maubon Foods Manufacturing Co. Ltd, a remporté la finale de cette émission diffusée en direct sur MBC 3, le 2 juillet. Avec ce titre et sa récompense de Rs 100 000 en poche, l’entrepreneur est un homme heureux : «Quand j’ai commencé mon business, je ne pensais pas en arriver là. C’est une fierté»
Ce concours télévisé, organisé par la Banque de développement de Maurice, avait pour but de mettre en lumière les petites et moyennes entreprises. En tout, 336 business avaient soumis leurs candidatures et leurs projets. Ved Luchmun et ses frites de banane sont finalement, sortis du lot. Les autres gagnants sont Nalini Aubeeluck pour Artifice Ltd – elle a reçu un prix de Rs 50 000 – ainsi que Arielle René Fatim et Dhanesswar Sarjua – de la Conserverie Sarjua Ltd – qui ont touché Rs 25 000.
Ingéniosité et innovation semblent être les maîtres-mots du businessman. Si les débuts de son entreprise furent difficiles – «Il fallait supplier pour qu’on place mes produits» –, aujourd’hui, il est à la tête d’une boîte en pleine expansion qui ne repose pas uniquement sur la vente de frites : «Nous revendons les huiles usagées pour qu’elles soient recyclées en Afrique du Sud pour devenir du biodiesel. Nous vendons aussi des feuilles de bananes en France pour les services religieux et autres célébrations.»
Ce ne sont que deux exemples. Ved Luchmun compte commercialiser du jus de banane, la fleur de banane, le porga, ou encore se lancer dans l’artisanat : «Faire des attachés-cases en fibre de banane.» Des projets, il en a plein la tête. Il espère désormais pouvoir les concrétiser.