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Éjaculation précoce à 62 ans, quelques éléments de réponse…

Bonjour Brigitte, j’ai 62 ans et ma femme 57. Je ne souffre pas de baisse de désir et bien que n’ayant pas les mêmes capacités que dans ma jeunesse, je n’ai pas non plus de problème érectile. Auparavant, avant l’acte, avec les caresses, les baisers, les étreintes qui duraient 20 à 25 minutes, nous étions tous les deux bien lubrifiés, ce qui facilitait la pénétration. Mais maintenant, ce n’est plus le cas ; on a besoin de se lubrifier autrement et trois à quatre minutes après la pénétration, c’est l’éjaculation.

Est-ce que pour faire durer le plaisir et rendre l’acte plus agréable, on peut se fier à des petits trucs comme les élixirs pour empêcher l’éjaculation précoce, dont on voit les pubs dans les journaux ? Est-ce qu’on peut se fier aux pilules en vente en pharmacie pour prolonger le plaisir ? Ces choses-là ont-elles des effets secondaires qui pourraient nuire aux relations futures ? Qu’est-ce qu’il faudrait faire, d’après vous, pour faire durer le plaisir ? Y a-t-il besoin de ces choses-là ou bien faut-il se laisser aller naturellement selon les capacités de notre corps ? Je vous remercie d’avance pour vos éclaircissements.
Réponse :

Bonjour monsieur, je crois comprendre, en lisant votre courrier que l’éjaculation précoce que vous rapportez semble être quelque chose qui s’est installé de manière plutôt récente dans votre sexualité. Vous semblez faire le lien entre le manque de lubrification et l’apparition de votre éjaculation qui survient dorénavant trois à quatre minutes après le début de la pénétration. S’il y a effectivement un lien entre les deux, cela s’expliquerait par un besoin chez vous et votre conjointe de vous adapter aux changements dus au vieillissement. Si celle-ci sécrète moins de lubrification vaginale qu’auparavant, il s’agit d’un phénomène physiologique tout à fait normal dû à la ménopause et à la pré-ménopause.
En effet, la carence en œstrogène peut rendre la paroi vaginale plus fine, plus sèche et moins élastique, ce qui peut occasionner un inconfort ou des douleurs lors des rapports sexuels. Or, vous avez pallié ce problème en vous lubrifiant autrement. Vous ne précisez ni quel lubrifiant vous avez employé ni son efficacité. Si vous vous servez d’un lubrifiant soluble à l’eau, cela pourrait aider. Mais il existe aussi des crèmes à base d’œstrogène. L’œstrogène est une hormone produite par les ovaires. Lors de la ménopause, la sécrétion d’œstrogène diminue, ce qui est susceptible d’occasionner différents symptômes, dont celui de la sécheresse vaginale. Votre conjointe pourrait donc aller consulter son médecin et voir avec lui s’il y a possibilité qu’une crème vaginale à base d’œstrogène lui soit prescrite pour remédier à ce problème. Cette crème s’applique localement et pourrait soulager ses symptômes.

Un autre aspect à considérer est comment vous avez vécu ensemble l’apparition de ce manque de lubrification vaginale. Par exemple, si votre épouse a commencé à ressentir des sensations désagréables lors des pénétrations vaginales et qu’il s’est passé un certain laps de temps avant que vous n’ayez recours à un lubrifiant, comment cette période de temps s’est-elle passée ? Est-ce possible que vous étiez sensible à ce qu’elle vivait et que votre éjaculation ait commencé à se produire plus rapidement pour éviter qu’elle ait mal trop longtemps ? Cette réaction n’est pas nécessairement consciente ou volontaire de votre part. Mais il arrive parfois qu’un problème d’éjaculation précoce se manifeste dans ce genre de situation où la femme a des douleurs, raccourcissant ainsi la durée de la pénétration douloureuse. Vous pouvez prendre le temps de réfléchir à cette hypothèse. Si effectivement vous pensez que c’est ce qui a pu arriver, sachez que plus cette période où vous anticipez de faire mal à votre épouse dure longtemps, plus le problème d’éjaculation précoce a des chances de s’installer sur une plus longue période. Prenez le temps de parler de tout ça avec elle et d’échanger sur ce que vous avez vécu mutuellement depuis le début de ces difficultés, afin d’avoir des éléments de compréhension vous permettant d’améliorer la qualité de vos relations sexuelles. Vous pouvez aussi vous demander si vos besoins sexuels ont changé.

Par ailleurs, l’éjaculation précoce est une difficulté qui habituellement se vit au début de la vie sexuelle. Elle est occasionnée par un manque d’apprentissage du contrôle éjaculatoire et c’est avec l’expérience que les jeunes apprennent à mieux contrôler leur éjaculation. Certains ne parviennent pas par eux-mêmes à faire cet apprentissage et cette difficulté s’échelonne sur une longue période. Il s’agit d’un trouble sexuel primaire, car il existe depuis toujours dans la vie sexuelle d’un individu. Lorsqu’un problème sexuel apparaît après une période de fonctionnement normal, on appelle ça un trouble sexuel secondaire. Dans le cas de l’éjaculation précoce, cela peut survenir en réaction à des problèmes relationnels avec la partenaire. Un trouble sexuel secondaire pourrait aussi survenir en conséquence à un autre trouble sexuel. Par exemple, un homme qui commencerait à avoir des problèmes à maintenir ses érections pourrait commencer à éjaculer plus rapidement, un peu comme s’il se dépêchait d’éjaculer avant de perdre son érection. Un trouble sexuel secondaire peut aussi survenir lorsque des causes organiques sont impliquées, c’est-à-dire à cause d’une maladie, suite à une chirurgie, à la prise d’un médicament, etc. Dans le cas de l’éjaculation rapide, les causes organiques sont plus rares, mais elles existent comme, par exemple, des maladies ou des traumatismes neurologiques, des prostatites (inflammation de la prostate) et du prostatisme (augmentation du volume de la prostate pouvant apparaître vers 50-60 ans). Vous pouvez donc aller consulter un médecin pour évaluer s’il y a une cause organique à l’origine de votre éjaculation précoce et voir s’il y a un traitement médical pouvant y remédier.

En dernier lieu, sachez que l’éjaculation précoce se règle par des apprentissages. Je vous invite à lire mes dernières chroniques qui ont traité précisément de ce sujet. En ce qui concerne vos questions sur les élixirs pouvant empêcher l’éjaculation précoce et les pilules pour prolonger le plaisir, je vous recommande de faire preuve de prudence. Il y a toutes sortes de publicités fort alléchantes qui vantent les mérites de certains produits ayant des pouvoirs spectaculaires pour augmenter la performance sexuelle des hommes. Qu’il s’agisse de produits pour augmenter la taille du pénis, pour régler l’impuissance ou l’éjaculation précoce, il faut s’en méfier. Il y a plein d’arnaques pour vendre de tels produits. Souvent, beaucoup de faussetés sont véhiculées à travers ces publicités et ce, même si elles s’appuient parfois sur des données scientifiques. Ces compagnies profitent de la sensibilité des hommes au sujet de leur performance sexuelle pour faire de l’argent. Je ne connais pas tous ces produits, mais j’ai certaines réserves quant à leur efficacité réelle. En ce qui concerne les gels qui altèrent les sensations génitales et permettent à l’homme d’éjaculer moins vite, n’oubliez pas que les parois vaginales de la femme sont en contact avec ce gel sur le gland du pénis et ses sensations à elle aussi risquent d’être diminuées. Est-ce vraiment ce qui est recherché ? Cela ne règle pas le problème de fond. Je recommande davantage de mettre en pratique les différents moyens que je vous ai proposés et de prendre le temps nécessaire pour faire ces apprentissages plutôt que de dépenser votre argent en essayant toutes sortes de produits aux résultats suspects. Bonne chance et n’hésitez pas à m’écrire à nouveau si vous avez des informations supplémentaires qui pourraient éclairer davantage votre situation et me permettre de vous guider sur une voie plus précise.

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