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une arme politique

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Cette fois, le Premier ministre en a eu marre de défendre sa personne devant un leader de l’Opposition coriace. Lors de la séance parlementaire de vendredi dernier, alors que Navin Ramgoolam revient à la charge sur la demande de la publication du rapport Ntan (que le journal le mauricien a publié en exclusivité dans son édition d’hier), le Premier ministre dans une tentative de ne pas assumer toute la responsabilité de cette sale affaire, lâche : « Des transferts de l’ordre de Rs3,3 milliards, une somme de Rs1,8 milliard devait l’être au cours de la période allant de janvier 1991 à décembre 92. Qui était le ministre des Finances ? Rama Sithanen. L’autre important volume de transferts, soit Rs1,5 milliard, devait intervenir de 94 à 2000. Qui était au gouvernement ? Le Parti Travailliste. »

En clair, des irrégularités furent aussi commises quand les rouges étaient au pouvoir et quand un des leurs, en l’occurrence Rama Sithanen, occupait le poste de ministre des Finances. Qu’est-ce que le Premier ministre veut faire comprendre ? Que l’ex-grand argentier a aussi sa part de responsabilité dans toute cette affaire qui occupe aujourd’hui l’actualité?

En tout cas, Rama Sithanen que 5-Plus a interrogé ne l’entend pas de cette oreille. D’abord, précise-t-il, le Premier ministre « devient amnésique. Je n’étais pas ministre des Finances entre janvier 91 et septembre 91. Je suis devenu ministre fin septembre 91. » Et Rama Sithanen de jeter un gros pavé dans la mare déjà trouble où se trouve Paul Bérenger. « C’était sir Anerood Jugnauth qui était ministre des Finances tout en étant Premier ministre entre janvier et septembre 91. »

On l’aura compris : à ce jeu-là, soit on plonge ensemble, soit tout le monde est innocent car l’on sait aujourd’hui que ces transferts irréguliers d’un montant de Rs 3,3 milliards ont débuté à la MCB

« since the early 90s » et que, par conséquent, que ce soit le MMM, le MSM, le PTR, les trois partis étaient tous, à un moment ou à un autre, au pouvoir.

Si Bérenger a décidé de s’en prendre à Rama Sithanen, ce dernier affûte lui aussi ses armes et semble être prêt à l’attaque. « La fraude Azor (dont le rapport Ntan fait mention) a eu lieu pendant que Bérenger était ministre des Finances. Est-ce qu’il est responsable de cette fraude ? La fraude MCB/NPF a eu lieu pendant que Bérenger était ministre des Finances. Est-ce qu’il est responsable ? »

Pour Rama Sithanen, la question ne se trouve pas là « car il est évident qu’il y a eu des malversations, des irrégularités, des transferts illégaux à la MCB, comme souligné avec force détails dans le rapport Ntan publié aujourd’hui (hier) par ‘le mauricien’. Ce qu’il faut se demander, c’est pourquoi le Premier ministre a menti en disant qu’il n’y avait pas d’autres fraudes que celles de la MCB/NPF. Bérenger fait un cover-up sur tout ce scandale. »

À l’Assemblée nationale, à chaque fois que l’Opposition crie au « cover-up » le Premier ministre rappelle que c’est sous ce présent gouvernement que la Banque de Maurice a pris la décision d’avoir recours à une enquête indépendante dans une affaire de fraudes massives d’une banque. Vendredi dernier, lors de la PNQ, le Premier ministre est allé plus loin, égratignant l’ex- gouverneur de la Banque de Maurice : « Jamais une décision n’a été prise, même pas sous Dan Maraye. C’est sous ce présent gouvernement que de nouveaux textes de loi sur le secteur bancaire avec des possibilités de sanctions ont été adoptés et mis en pratique ».

Et c’est un Dan Maraye critique envers le Premier ministre, mais serein et « qui dort très bien le soir » que 5-Plus a eu au téléphone hier matin. L’ex-gouverneur de la banque n’y va pas par quatre chemins : « Bérenger perd la tête.» Et Dan Maraye de « rappeler » qu’en 1996 « j’avais demandé la rotation obligatoire des auditeurs externes des banques commerciales pour des raisons bien précises. Je souligne que toutes les banques avaient suivi, sauf la MCB, la State Bank et l’IOIB. » 

« L’intérêt public doit prévaloir »

Lui qui a été gouverneur de la Banque de Maurice entre avril 96 et novembre 98, était-il au courant de ces transferts irréguliers de la MCB ? « Je n’ai jamais été au courant. Autrement, j’aurais certainement pris les mesures nécessaires. »

Alors que la polémique fait rage au sujet de la décision de rendre public le rapport Ntan (ce que le gouverneur de la Banque de Maurice a refusé), nous avons demandé à l’ex-gouverneur de la Banque de Maurice ce qu’il aurait fait si, d’aventure, il était à la place de Basant Roi. Sa réponse ne souffre d’aucune ambiguïté : « Finalement dans un pays, c’est l’Assemblée nationale qui est suprême. Car ce sont les élus qui représentent le peuple qui s’y trouvent. Or, quand le Premier ministre ainsi que le leader de l’Opposition sont unanimes à réclamer la publication de ce rapport, cela veut dire que l’intérêt public doit prévaloir. J’ai donc l’impression que le conseil d’administration de la Banque de Maurice a perdu son temps en cherchant les’ways and means not to make the report public’. C’est clair que les Mauriciens qui ont à cœur l’avenir de notre pays voudraient bien connaître le contenu du rapport Ntan. Donc, je pense que ce serait dans l’intérêt national et, en particulier, celui du secteur financier de rendre le rapport public. La loi du silence ne peut que créer des doutes et le doute, c’est le poison du secteur financier. »

Une claque bien sonore administrée à son successeur qui, dans une correspondance au Premier ministre et lue par celui-ci à l’Assemblée nationale vendredi dernier, écrit que « it would not be in the interest of one and all to make public the Ntan report. »

Un rapport confidentiel qui, rappelons-le, avait été commandité par la Banque de Maurice à la suite des fraudes connues désormais comme le scandale MCB/NPF de février 2003, déposé dès février de l’année dernière, mais revenu au-devant de l’actualité avec le récent « hold-up » du 11 février dernier dans lequel un employé de la MCB a trouvé la mort et où Rs51,8 millions ont disparu des caisses de la MCB.

Cette affaire, depuis, connaît des échos à l’Assemblée nationale où le rapport des forces se mesure entre le Premier ministre, Paul Bérenger, et le leader de l’Opposition, Navin Ramgoolam. Alors que le leader de l’Opposition réclame la publication du rapport Ntan, sévère envers la MCB et la Banque de Maurice, c’est le journal ‘le mauricien’ qui a publié dans son intégralité ce fameux rapport que le Premier ministre dans une déclaration au Parlement, a assuré n’avoir pas lu. Le Premier ministre n’a maintenant plus de prétexte. Il a sûrement eu tout le loisir de le parcourir depuis hier matin….

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