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Plantation d’une mini-forêt : le grand projet de Tiny Forest of Mauritius

L'aide des volontaires a été précieuse.

Le concept est novateur. Le projet audacieux et fort louable. Des Mauriciens, passionnés par l’écologie, ont monté le groupe Tiny Forest of Mauritius. Ensemble, ils veulent créer, au cœur de Grand-Baie, une micro-forêt.  

◗ Qui sont-ils ?

 

Tout a commencé avec quatre amis à la retraite et passionnés par l’environnement, l’écologie, la faune et la flore endémiques, et la permaculture. Jean-Marie Sauzier, ancien directeur de la pépinière Exotica, Jean-Pierre Carosin, agrobiologiste, membre de la Communauté du Chemin Neuf et coordonnateur des projets sur le domaine de Notre Dame de la Salette, Allain Raffa, enseignant à la retraite et Jean-Paul de Chazal, expert-comptable.

 

Ensemble, ils ont créé, fin 2021, Tiny Forest of Mauritius, explique Jean-Marie Sauzier, afin de promouvoir ce concept à Maurice. «Notre mission est de créer une synergie entre les différents acteurs et partenaires du secteur privé, gouvernement, pépiniéristes, autres ONG impliquées dans la sauvegarde de la faune et de la flore locales, afin de planter un maximum de ‘‘tiny forests’’ sur toute l’île Maurice. Nous essayons aussi d’accompagner ceux qui désirent suivre cette voie. Nous avons d’ailleurs créé une page Facebook afin de diffuser les informations et suivre les projets, entre autres.» Au fil des mois, d’autres personnes, comme Saloni Soopramanien
et Alain de Chazal, ont rejoint l’équipe.

 

Tiny Forest of Mauritius fonctionne sous l’égide de l’Action for Environment Protection (A.E.P.), une association qui s’inspire de l’Encyclique du Pape François «Laudato Si». «Tiny Forest of Mauritius répond à l’appel lancé par cette ONG : ‘‘Save our Common Home !’’»

 

◗ Un concept venu du Japon

 

Tiny Forest ou micro-forêt. Derrière ce concept se trouve un homme. Le professeur Akira Miyawaki, botaniste japonais, expert mondial en écologie et détenteur du Prix Blue Planet. Son élève Shubhendu Sharma répand aussi cette méthode à travers le monde. Pour faire simple, il s’agit de mettre en place un petit écosystème forestier à la végétation dense et qui fonctionne selon les principes d’une forêt naturelle. Miyawaki appelle ça «les forêts de protection de l’environnement». 40 millions d’arbres ont été plantés grâce à sa méthode.

 

Elles sont composées de plantes indigènes et endémiques qui sont les plus adaptées au climat et au sol d’une région, d’un pays et d'une densité de population bien plus importante, soit 2 à 4 plantes au mètre carré au lieu d’une plante tous les 3 à 4 mètres comme dans les forêts traditionnelles. «Bien avant l’arrivée des hommes sur l’île, les plantes endémiques ont mis des années à s’adapter au sol et au climat de ces lieux, malgré les cyclones violents et autres catastrophes naturelles. De plus, elles ont abrité toute une faune et une flore aujourd’hui menacées. Il va sans dire qu’il nous faudra adapter ce concept à nos conditions locales. L’observation de l’évolution de la micro forêt de Notre Dame de la Salette, qui est une première dans le nord de l’île, nous permettra de tirer des leçons importantes», souligne Jean-Pierre Carosin.

 

◗ Créer un poumon vert

 

Au cœur de Grand-Baie, entre le béton et le bitume, trouver un espace vert. Ça peut sembler improbable et pourtant, ça sera bientôt réalité. À travers ce projet, Tiny Forest of Mauritius espère offrir à la région du Nord «un poumon vert». Selon Allain Raffa, les avantages d’un tel espace sont multiples. «Outre qu’elle peut séquestrer sur 100 m2 autant de gaz carbonique qu’une forêt normale de 1 hectare, la micro-forêt peut aussi résoudre les problèmes environnementaux tels que les inondations ou la sécheresse, le réchauffement climatique et la perte de la biodiversité, qui affectent de plus en plus les zones urbanisées. Créer des zones urbaines prospères et résilientes au climat, qui soutiennent la croissance économique, tout en améliorant les moyens de subsistance et le bien-être, est un défi considérable pour l’île Maurice aujourd’hui.»

 

Et face à ce challenge, les micro-forêts sont un atout considérable. «Elles apportent les avantages d'une forêt, sans pour autant occuper de larges surfaces, d’où l’intérêt pour l’île Maurice dont la superficie est limitée à seulement 2 000 km2.» Elles permettent aussi aux habitants de se reconnecter avec la nature, d’éveiller chez les enfants un intérêt pour l’environnement, de les sensibiliser aux questions écologiques. «Elles aident aussi à atténuer les impacts du changement climatique mais aussi à fournir des parcelles d’habitat riches en biodiversité, pour soutenir la faune et la flore locales en danger de disparition.»

 

◗ Vous avez dit micro-forêt ?

 

Si le concept est assez connu dans le monde, il s’agit d’une première chez nous. Et ça commence dans le Nord, notamment dans la cour de l’église de Notre Dame de la Salette à Grand-Baie. «Cela fait suite à une réflexion entre les membres de la Communauté du Chemin Neuf et ceux de la Fabrique de Notre Dame de la Salette. Ceux-ci ont accueilli l’idée de planter une micro-forêt avec enthousiasme, sur un espace de terrain se trouvant à l’arrière de l’église. L’A.E.P. a ensuite donné le coup de pouce financier nécessaire au démarrage du projet», souligne Jean-Pierre Carosin.

 

C’est lui qui, en tant que coordonnateur des projets, a mis en place un système de parrainage invitant ainsi les personnes à venir elles-mêmes planter leurs arbres si elles le souhaitent. Tiny Forest of Mauritius compte aussi sur l’aide de jeunes volontaires et sur les Amis de la Salette, un groupe de volontaires associés à la Communauté du Chemin Neuf, pour créer cette mini-forêt. Ainsi, c’est grâce à toutes ces mains que 450 plantes endémiques seront bientôt plantées. «Encore une ou deux séances de plantations et la forêt devrait être terminée.»