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Hope Rehab Centre : L’amour au cœur de la mission

Créée en 2016 par un groupe d’éducateurs, Hope est une association qui s’occupe d’enfants en situation de handicap. Dans leur école spécialisée, ces derniers apprennent à devenir des adultes de demain.

Leur permettre de vivre leur handicap autrement. Leur donner les outils pour qu’ils puissent grandir et se développer comme tous les enfants de leur âge. Les accompagner sur le chemin de l’indépendance et de l’autonomie. Les choyer, leur donner tout l’amour et le respect qu’ils méritent pour qu’ils puissent s’épanouir. Ce sont là les missions de l’association Hope qui tient le Hope Rehab Centre, une école spécialisée pour les enfants en situation de handicap, à Rose-Hill.

 

Cette école propose une éducation spécialisée aux enfants atteints de handicap physique et mental. Ils suivent le cursus scolaire normal mais celui-ci est toutefois adapté à leurs capacités d’apprentissage. Ici, tout est fait pour encourager le bon développement de l’enfant. Les cours sont donc taillés sur mesure afin de coller au mieux aux conditions du bénéficiaire. Ce dernier est entouré de plusieurs spécialistes, allant des éducateurs spécialisés aux physiothérapeutes en passant par les ergothérapeutes, qui forment autour de lui un cocon d’amour et de bienveillance.

 

Cette association, raconte Virginie Francis, la responsable, est un peu particulière car elle a été créée en 2016 par les éducateurs eux-mêmes. Maryam Soobhany-Sookia et Sylvie Pavaday font partie des pionniers. «Nous étions tous des éducateurs dans différents centres du pays et nous avons constaté, à un moment donné, que certains de nos élèves ne s’adaptaient pas à l’environnement et à l’éducation qu’on leur proposait. Ils allaient d’école en école en rencontrant de nombreux obstacles», souligne Sylvie Pavaday. C’est en sentant l’appel de ces enfants et de leurs familles qu’ils ont décidé de monter l'association baptisée Hope. «On sentait qu’ils avaient besoin de nous. On les connaît depuis qu’ils sont bébés et nous avons pour eux une affection profonde. Nous voulions leur offrir un endroit créé spécialement pour eux», lance Maryam Soobhany-Sookia.

 

Ils se lancent dans l’aventure avec six enfants sous leurs ailes. Mais gérer une association par les temps qui courent n’est pas chose facile. Lorsqu’ils rencontrent des difficultés pour tenir l’association et l’école à flot, les fondateurs font appel à Virginie et Jean-Philippe Francis, les parents de Conrad, 13 ans, atteint de paralysie cérébrale et bénéficiaire de Hope. Face à cet appel, le couple s’engage immédiatement. Après avoir jonglé entre son boulot et l’association, Virginie Francis décide de tout plaquer pour se consacrer entièrement à Hope. «Il y avait peu d’équipements et pas suffisamment de matériels. Les sponsors manquaient. C’était un vrai challenge mais je sentais que mon fils et les autres enfants avaient besoin de moi, alors je me suis lancée.»

 

Sa persévérance lui permet de trouver, en 2018, un donateur étranger qui finance la location d’une maison à Rose-Hill, qui sera transformée en école, et l’achat de nouveaux équipements. Depuis, c’est un véritable cheminement avec les enfants mais aussi leurs familles. «Nous avons mis en place un programme taillé sur mesure pour eux. Nous les encadrons de façon à ce qu’ils puissent mieux s’intégrer à la société et que demain, ils puissent être autonomes.»

 

Pour cela, ils misent sur différentes thérapies, des activités et des ateliers qui leur permettent non seulement de travailler leur motricité mais aussi leur développement cognitif et intellectuel. «Nous mettons en place différents ateliers. Par exemple, nous venons de faire du jardinage. Ils ont adoré. Il y a aussi les classes de cuisine et les différentes sorties. Ce sont des activités qui sont bénéfiques à leur développement», explique Virginie Francis. Yanish Mutty est ergothérapeute. Chaque enfant, dit-il, a besoin d’un suivi particulier. «Notre rôle, c’est de mettre tous les éléments en place pour qu’ils soient au mieux de leur forme et puissent s’intégrer dans la société car c’est ça l’objectif ultime de notre travail. C’est que demain, ils puissent être des adultes épanouis et debout.»  

 

Ces activités, poursuit Virginie Francis, ne sont pas seulement théoriques. Souvent les plus grands ont droit à un apprentissage un peu plus spécial. «On les emmène à la banque pour se familiariser avec l’environnement qui les entoure, on leur montre comment tirer de l’argent d’un guichet. Pour les classes de cuisine, on les accompagne au supermarché et ce sont eux qui choisissent les ingrédients. Une fois à la caisse, ce sont eux qui paient. Ce sont des choses qui peuvent paraître banales mais elles sont importantes pour ces enfants-là car ça leur permet de voir le monde qui existe autour d’eux et dans lequel ils vont devoir évoluer et trouver leur place une fois adulte.»

 

Mais le travail de l’équipe Hope ne s’arrête pas là. En parallèle, plusieurs ateliers sont menés régulièrement pour les parents. Il est question de faire un suivi du parcours des enfants mais pas seulement. «Nous avons des groupes de thérapie pour les familles car c’est important qu’elles comprennent qu’un handicap n’est pas une fin en soi. Il ne faut pas avoir peur du regard des autres. C’est vrai que les choses ont bien évolué mais il y a encore du boulot. Certains parents doivent comprendre que leurs enfants font tout aussi partie de la société. Nous devons les ramener dans la lumière pour leur assurer une meilleure place dans le monde qui les entoure.»

 

Si aujourd’hui, elle se bat du mieux qu’elle peut pour encadrer et accompagner au mieux l’enfant vers sa vie d’adolescent et d’adulte, l’équipe de Hope est toutefois confrontée à une autre réalité. Comme pour de nombreuses associations, les sponsors se font de plus en plus rares et les fonds manquent. Résultat des courses : c’est l’école qui en pâtit. Pour le moment, celle-ci ne peut accueillir que six enfants, faute de financement. Pourtant, des projets, il y en a plein. «Nous voulons acheter cette maison et la transformer en un centre adéquat avec une chambre sensorielle pour nos bénéficiaires. Nous aimerions aussi investir dans d’autres équipements afin d’accueillir plus d’enfants.»

 

Mais les temps sont durs. «Nous avons juste assez pour payer les salaires», lance Virginie Francis. Elle est allée, dit-elle, frapper à la porte de plusieurs organisations et entreprises pour avoir de l’aide mais rien n’a abouti jusqu’à présent. Une situation qui inquiète toute l’équipe. «Nous lançons un appel à tous ceux qui veulent et qui peuvent nous venir en aide. Nous en avons besoin pour mieux nous occuper des enfants de Hope.» Les éducateurs de l’association, eux, ne souhaitent qu’une chose : pouvoir poursuivre leur mission auprès de ceux qui ont besoin d’eux. «Vous savez, dans un tel métier, le diplôme importe peu. C’est une vocation. C’est de l’amour, de la patience et de la passion qu’il faut», confie Sylvie Pavaday. Les voir progresser jour après jour c’est, dit-elle, le plus beau cadeau de l’équipe de Hope Rehab Centre.