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Association féminine pour saisir l’avenir : un engagement citoyen et solidaire

Rashida Imrit Emmambux compte de longues années d'expérience dans le social.

Donner un coup de main, même si ce n’est pas grand-chose, peut faire la différence. Rashida Imrit Emmambux et son équipe de l’Association féminine pour saisir l’avenir pratiquent la bienveillance pour une île Maurice meilleure. 

On n'a pas besoin de beaucoup pour faire du bien autour de soi. Rashida Imrit Emmambux en est convaincue. Cette philosophie est d’ailleurs au cœur de sa vie au quotidien. Avec l’Association féminine pour saisir l’avenir (AFSA), qu’elle a fondée en 2010 et qu’elle gère aujourd’hui avec une équipe dévouée à servir les autres, elle aide, soutient, accompagne et milite pour rendre la société dans laquelle nous vivons un tant soit peu meilleure. Elle œuvre principalement dans les faubourgs de Port-Louis, aidant les enfants en difficulté scolaire, les femmes en détresse mais aussi les familles qui ont du mal à joindre les deux bouts. «Notre objectif est de contribuer au combat contre la pauvreté, d’aider les familles dans la misère à s’en sortir et de travailler pour le développement et l’empowerment des femmes. Nous organisons aussi des activités récréatives, sportives, culturelles et sociales pour ceux qui vivent dans des conditions difficiles. Notre but est aussi de mettre sur pied des activités qui peuvent générer des revenus pour nos bénéficiaires. Nous travaillons principalement dans les régions de Roche-Bois, Sainte-Croix, Vallée-des-Prêtres, Camp-Yoloff, Plaine-Verte, Batterie-Cassée et Karo Kaliptis.»

 

Avant la Covid-19, l’association accumulait les activités dont la principale était de s’occuper d’une cinquantaine d’enfants des régions de Port-Louis dans le centre communautaire de Paul Taureau, pour leur offrir une collation avant de dispenser des cours de rattrapage scolaire. Avec la crise sanitaire qui a causé des bouleversements dans toutes les sphères, les activités de l’association ont pris un coup avec la fermeture des centres communautaires. Toutefois, pendant cette période difficile, Rashida Imrit Emmambux et les membres de son équipe ont accentué leur présence sur le terrain, découvrant une réalité qui, accentuée par la crise, est encore plus troublante. «Ceux qui étaient pauvres sont encore plus pauvres. S’ils ne descendent pas dans la rue, où est-ce qu’ils iront pour faire entendre leurs voix ? C’est ce que les autorités doivent comprendre. La souffrance des gens est réelle. Un minn Apollo coûte aujourd’hui Rs 9. Samem dimounn mizer manze. Une boîte de lait pour enfant coûte plus de Rs 400. Comment voulez-vous qu’ils s’en sortent ? Zot pe ris diab par la ke.» L’AFSA a procédé à plusieurs donations de denrées alimentaires afin de soulager un peu les familles dans le besoin.

 

Plaidoyer

 

Face à la cherté de la vie et la détresse dans laquelle sont plongées plusieurs familles mauriciennes, Rashida Imrit Emmambux ne cesse de faire un plaidoyer. «Pour la Journée de la famille, le gouvernement vient vous donner moitié prix sur les hôtels. Dites-moi en quoi ça va aider cette famille qui n’a rien sur sa table pour manger ? Il aurait fallu, au contraire, utiliser cet argent pour faire des bons d’achats et offrir aux nécessiteux. Ça les aurait soulagés un peu. Nous, les ONG, sommes sur le terrain, nous connaissons la réalité des choses», lance-t-elle. D’ailleurs, Rashida Imrit Emmambux explique que les personnes qui vivent uniquement de leur pension passent aussi par beaucoup de difficultés financières.

 

Si l’AFSA s’occupe majoritairement des familles pauvres qu’elle accompagne et guide pour les aider à sortir de la misère, elle œuvre aussi pour l’autonomisation, l’épanouissement et l’émancipation des femmes. En effet, l’autre cheval de bataille de l’ONG, c’est la cause féminine. Encore aujourd’hui, souligne la fondatrice, trop de femmes ne connaissent pas ce que veut dire indépendance et épanouissement. Beaucoup trop vivent encore dans l’enfer de la violence.

 

C’est pour cela que l’association a choisi d’accorder une attention particulière aux femmes dans le besoin et de militer contre la violence faite aux femmes. «Nous sommes en 2022 et malheureusement, aujourd’hui encore, de nombreuses femmes ne travaillent pas et sont totalement dépendantes du mari. Il y a aussi un gros problème de violence domestique. Certaines vivent l’enfer sans savoir vers qui se tourner pour s’en sortir. Nous les écoutons, les conseillons, les aidons. Nous menons aussi régulièrement des campagnes de sensibilisation comme des séminaires et des causeries pour conscientiser et éduquer les femmes.»

 

Ainsi, plusieurs femmes ont pu bénéficier des cours de pâtisserie et de food preservation. Grâce au soutien et à l’accompagnement de l’association, elles ont ensuite pu se lancer à leur compte en ouvrant un petit business. «Récemment, nous nous sommes concentrés sur les mères célibataires de toutes les communautés. Nous sommes allés à leur rencontre. Nous avons écouté leurs histoires, leurs problèmes. Aucune maman ne souhaite élever son enfant seule et beaucoup, malgré cette réalité, se débattent. Pour leur donner un coup de pouce, elles ont accès aux cours que nous offrons. C’est un moyen de les empower afin qu’elles puissent se mettre debout et subvenir aux besoins de leur famille, même si elles sont seules», explique la directrice de l’AFSA.

 

Depuis quelque temps, l’association s’est lancée dans un autre combat. Elle se rend d’ailleurs régulièrement dans les écoles pour en parler. «Nous militons contre les abus faits aux enfants. Il y a des prédateurs partout et dans toutes les communautés. Nous avons participé, avec plusieurs autres ONG, à une grande manifestation récemment pour faire entendre nos voix. Nous avons demandé à ce que le Premier ministre nous rencontre mais nous attendons toujours. Les travailleurs sociaux ont beaucoup d’expérience de terrain et les autorités devraient travailler main dans la main avec nous pour mieux protéger les enfants. Comme dit si bien le cardinal Piat, nous sommes des acteurs de la société.»

 

C’est main dans la main, dit-elle, que tous devront travailler ensemble pour que demain soit meilleur pour nous et nos enfants.