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Association d’Alphabétisation de Fatima : L’enfant au cœur de la mission

Les enfants ont droit à des cours de menuiserie.

Cette année, l’Association d’Alphabétisation de Fatima célèbre ses 30 ans d’existence. Au cours de ces dernières années, l’école n’a eu de cesse de se développer et d’évoluer.

«Prendre un enfant par la main, pour l’emmener vers demain.» Les paroles de la célèbre chanson d’Yves Duteil nous viennent naturellement en tête lorsqu’on est à l’école de l’Association d’Alphabétisation de Fatima, à Triolet, qui vient de célébrer ses 30 ans d’existence. En 1989, dans une petite bicoque dans la cour de l’église Notre Dame de Fatima, un groupe de volontaires accueille une quinzaine d’enfants de la région pour des ateliers de lecture. Trois décennies plus tard, la petite case en tôle s’est transformée en un établissement scolaire structuré qui accueille aujourd’hui 143 élèves et dont la philosophie est de préparer ces jeunes à devenir des citoyens de demain.

 

Depuis sa création, cet établissement a toujours placé au cœur de son engagement le bien-être et le développement des enfants à travers une éducation adaptée. Ici, évidemment, on apprend à lire et à écrire. Il y a bien sûr les matières classiques comme l’anglais, le français et les mathématiques. Mais on apprend surtout à cuisiner, à fabriquer des meubles, à faire une coupe, à coudre ou à broder, à planter, à faire de la musique et du théâtre. Il y a aussi le sport, comme le football et la natation. Ces activités ont plusieurs objectifs : permettre à l’enfant de s’épanouir et de se développer mais aussi d’avoir des outils et des opportunités pour l’avenir.

 

Quand Janine Grant, présidente et fondatrice de l’Association d’Alphabétisation de Fatima, s’assoit sous la varangue de l’école et contemple le travail qui a été abattu au cours de ces trois dernières décennies, elle ne peut s’empêcher d’être fière. À l’époque, se rappelle-t-elle, plusieurs familles du Nord souhaitaient s’engager dans la vie communautaire. «On a d’abord décidé d’installer une petite bibliothèque dans la cour de l’église mais en discutant avec les forces vives de l’endroit, on a compris que ce ne serait pas utile car les enfants ne savaient ni lire ni écrire. Beaucoup avaient échoué au CPE et avaient quitté l’école.»

 

Conditions difficiles

 

Bien décidé à faire quelque chose, le petit groupe de volontaires décide alors de réunir deux fois la semaine ces enfants pour des ateliers de lecture et d’écriture. Au cours des mois qui suivent, d’autres activités viennent s’ajouter à la liste dont des ateliers de créativité et d’expression corporelle. «Après quelque temps, on s’est dit mais pourquoi le faire que deux fois la semaine ? Allons le faire tous les jours pour que ces enfants puissent réintégrer le circuit scolaire», explique Janine Grant. Avec une institutrice et 15 élèves, la première version de l’école est donc lancée.

 

Quelques années plus tard, le groupe de bénévoles s’enregistre et devient officiellement une association. Mais si l’aventure est belle, elle est aussi semée d’embûches. Face à des enfants qui vivent dans des conditions difficiles et qui arrivent souvent le ventre vide à l’école, ils décident d’agir. «Nous avons mis en place un système de parrainage et nous avons aussi fait appel à des entreprises de la région pour nous soutenir. Grâce à ça, les enfants ont chaque matin un petit déjeuner. Depuis peu, nous bénéficions aussi de l’aide de FoodWise qui vient livrer des repas pour nos enfants.»

 

Par ailleurs, pour préparer une meilleure entrée des enfants dans le système éducatif et prévenir l’échec, l’association ouvre une école pré-primaire au cœur de Cité Mère Teresa, à Triolet, qui accueille 25 bénéficiaires aujourd’hui. Le développement et la progression de l’école se sont faits petit à petit. Au fil des années, les demandes d’admission n’ont eu de cesse d’augmenter. Jeanine Poupard, l’une des bénévoles de l’association, a aussi assisté à l’évolution de l’école. «Je suis extrêmement fière de notre parcours. Nous avons commencé avec peu de moyens mais beaucoup de volonté et aujourd’hui, nous avons une école structurée qui permet aux enfants de réussir.»

 

Avec le temps, c’est aussi la méthode de l’école qui a beaucoup évolué, explique Tristan Médard, directeur de l’établissement. «L’apprentissage est centré sur l’enfant. On le prend comme il vient, avec ses forces et ses faiblesses. Il n’y a pas de course au syllabus, notre objectif est de l’aider à se développer. Nous reprenons à la base et ça l’aide à reprendre confiance en lui. Nos classes ne dépassent pas une vingtaine d’élèves.»

 

La mission, poursuit-il, est de les aider à se remettre debout grâce à une éducation non-formelle. Toutes les activités proposées ont donc pour objectif de promouvoir le développement intégral de l’enfant. «Ils sont très capables et ont beaucoup de talent. Notre mission est de tout mettre en œuvre pour leur permettre d’explorer et d’exploiter ce potentiel. Toutes nos actions n’ont qu’un but : faire d’eux des citoyens à part entière et des adultes responsables.» Car ils ont définitivement, ajoute Tristan Médard, leur place dans la société.

 


 

Des «success stories» qui inspirent

 

Au cours des 30 dernières années, des milliers d’enfants ont défilé à l’Association d’Alphabétisation de Fatima. Parmi, de nombreuses belles histoires de réussite, qui poussent l’équipe de l’école à continuer
à s’engager.

 

Juliana Marie

 

Elle est une passionnée d’esthétisme depuis son plus jeune âge. Juliana a donc profité des cours offerts par l’école pour apprendre lesbases du métier et poursuivre son rêve. Aujourd’hui, elle est employée comme masseuse à l’hôtel Zilwa Attitude.

 

Abel Sauzier

 

Le jeune homme a profité des différentes activités et formations offertes par l’établissement, y puisant le meilleur. Celui qui est un passionné d’athlétisme et qui a représenté plusieurs fois Maurice dans des compétitions sportives, a choisi la pâtisserie comme carrière. Après une formation aux Moulins de la Concorde, il est aujourd’hui employé à l’hôtel Le Mauricia.

 

Océane Bonne

 

Elle n’oubliera jamais les opportunités dont elle a pu bénéficier à l’école Fatima. Après un cours en italien et une formation en cuisine, elle travaille désormais à l’usine Pasta and Pasta. La jeune femme est totalement épanouie dans son métier.

 

Bhavnish Jugdawoo

 

Il a toujours été attiré par le secteur de l’hôtellerie. C’est donc avec beaucoup d’intérêt qu’il a suivi les conseils de l’école et a intégré le Projet Employabilité Jeunes proposé par Beachcomber. Il a effectué un stage dans le milieu, tout en suivant un cours à l’école hôtelière Sir Gaëtan Duval. Il est désormais cuisinier à l’hôtel Le Paradise Cove.