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Amour et Espoir : les repas du cœur

Petit-déjeuner, déjeuner, c’est plus de 100 repas que ces bénévoles préparent chaque jour.

Tous les matins, ils sont une centaine d’enfants à recevoir le petit déjeuner et le déjeuner au siège de l’association Amour et Espoir de Coteau-Raffin. Une action bénévole dont le but ultime est de les encourager à aller à l’école.

6 heures. Coteau-Raffin. Alors que le jour commence à peine à se lever et que les premiers rayons du soleil percent timidement le ciel, Jaya Yagambrum s’active dans la cuisine. Sa journée a commencé il y a une heure déjà. Devant elle, le four à gaz tourne à plein régime. Dans deux poêles, elle fait frire une centaine d’œufs. Sur la table, la salade est déjà lavée. Un peu plus loin, des dizaines de litres de lait chauffent. Elle a installé les gobelets et les céréales. Jaya n’est pas chez elle mais au sein de l’association Amour et Espoir. Chaque matin, et cela depuis 12 ans, elle s’occupe du repas pour une centaine d’enfants de la région, des enfants issus de milieux défavorisés et pour qui cette aide est salvatrice.

 

Dans quelques instants, ils seront une centaine à transiter par l’association dont le siège se trouve au cœur de cette localité majoritairement habitée par des familles de pêcheurs. Ils y prendront leur petit déjeuner et récupéreront leur déjeuner avant de se rendre à l’école. À 6h30, les premiers bénéficiaires de cette ONG, créée en 2007 par Bruno Petite (voir hors-texte), commencent à arriver. En chef de file, deux petites filles : Maëlie, 9 ans, et sa sœur Mégane, 6 ans, qui vivent avec leur grand-mère de 76 ans. Le visage encore marqué par le sommeil, elles débarquent dans la cuisine, un peu comme à la maison, disent bonjour et vont directement se servir, tout en discutant nonchalamment avec Jaya. Souvent, la plus grande veut même donner un coup de main. Alors, elle sert le lait à ses petits camarades.

 

Ici, tout le monde se connaît. «Nous sommes comme une grande famille. Les enfants grandissent devant nous et on se lie tous d’affection les uns pour les autres», confie-t-elle. Bruno Petite, lui, n’est jamais bien loin. Entre-temps, Jacqueline Froid et Pascale Duc ont rejoint Jaya. Jacqueline est elle aussi là depuis le début. Employée de maison, elle se lève aux aurores et vient ici chaque matin pour donner un coup de main avant de filer au travail. «Je suis heureuse de pouvoir donner un peu de mon temps. Les enfants le méritent et en ont besoin.»

 

Comme le temps est compté, tout est millimétré. Les enfants se servent eux-mêmes leurs céréales et lavent leur gobelet. C’est la règle. Une participation importante, souligne Jaya, qui vise à leur inculquer des valeurs comme la discipline et la débrouillardise. Pendant ce temps, la préparation des pains fourrés bat son plein. Jacqueline tranche les pains maison, Pascale y met le ketchup et la salade, et finalement Jaya y place l’œuf avant que le pain soit emballé. Tour à tour, les enfants prennent leur repas et le glisse dans leur sac, avant de prendre le chemin de l’école.

 

Ainsi, chaque matin, entre 6h30 et 7h30, c’est le même train-train. Une routine dont l’objectif est noble et force l’admiration. «Ici, la majorité des familles sont pauvres et nous savons bien que beaucoup de parents n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école, explique Bruno. Ce qui les prive de l’enseignement dont ils ont besoin pour sortir de la misère. C’est pour que la nourriture et la pauvreté ne soient pas un frein à l’éducation que nous faisons ça.» La seule règle à respecter est de ne pas manquer l’école. Et il faut dire que l’équipe d’Amour et Espoir veille au grain. «Nous travaillons en étroite collaboration avec les écoles pour savoir si les enfants ne s’absentent pas.»

 

Salonee Bahal, maman de six enfants, est, ce matin, venue accompagner deux de ses fils pour le petit déjeuner. Cette aide, confie-telle, est précieuse pour sa famille qui fait partie des squatteurs de la localité. «Nous n’avons souvent pas les moyens financiers pour envoyer nos enfants à l’école. Je ne sais pas ce que nous aurions fait. Ils nous ont aidés lorsque nous avons tout perdu dans les inondations et aujourd’hui, c’est grâce à eux que nous pouvons avancer.»

 

Loic, 15 ans et élève au collège St Esprit de Rivière-Noire, est aussi conscient de l’importance de cette main qui lui est tendue avec bienveillance. Quatre ans qu’il fréquente Amour et Espoir. Quatre ans que, comme pour tous les autres enfants ici, avoir le ventre rempli avant d’aller à l’école n’est plus un souci. «Ils nous apportent beaucoup et ils le font avec le cœur. Ça nous encourage à aller de l’avant. Je viens ici chaque matin et tous les après-midi pour les leçons. Je ne vais jamais oublier qu’ils ont aidé ma famille lorsqu’il y avait des inondations et qu’on avait tout perdu. Quand mon petit frère était malade, ils lui ont donné couche et médicaments. Ça ne s’oublie pas, ça.»

 

Face à ces paroles sincères, Bruno, Jaya et les autres ne cachent pas leur émotion. Avoir la reconnaissance d’un enfant qui, malgré la misère, s’accroche pour avancer dans la vie est, disent-ils, la plus belle des récompenses.

 


 

Bruno Petite : un homme, une mission

 

 

Son engagement lui vient du cœur. Lorsque vous lui posez la question du pourquoi, il a les yeux qui brillent. «C’est une promesse que je m’étais faite à moi-même. Petit, j’ai connu ce que voulait dire la misère. J’ai grandi avec ça et je me suis toujours dit qu’une fois grand, je ferai quelque chose à mon tour.» Adulte, il devient marchand de produits touristiques sur les plages du Sud-ouest,  tout en gardant dans un petit coin de sa tête ce rêve d’enfant.

 

C’est lors d’un voyage à Madagascar, où il travaille avec des enfants qui vivent dans l’extrême pauvreté, qu’il a le déclic. Dans sa petite maison en tôle à Coteau-Raffin, il se lance avec les moyens du bord. En 2007, il fonde Amour et Espoir sans trop savoir où aller et quoi faire. «J’ai fini par construire une maison en dur et j’y ai réservé une pièce pour l’association.»

 

C’est une rencontre qui va tout changer. Jaya Yagambrum, vendeuse sur les plages comme lui, est engagée au niveau de l’église. Portés par la même conviction, ils décident de tirer de leurs poches pour offrir à manger aux enfants du coin, qui, faute de moyens, ne se rendent pas à l’école. Au départ, ils sont une dizaine et très vite, le nombre de bénéficiaires augmente.

 

Seul, lance Bruno Petite, il n’aurait jamais pu aller aussi loin. Cela a été rendu possible grâce à ceux qui ont cru en son projet et en son rêve. Des personnes comme Jaya, Jacqueline et Victoria Barbey, une Suisse touchée par leur travail, qui leur a offert plusieurs dons et a fait construire un étage au-dessus de la maison de Bruno, lieu qui sert aujourd’hui de local pour l’association.

 

Il y a aussi, poursuit-il, l’hôtel Le Paradis Beachcomber qui offre chaque semaine légumes et fruits. Mais pas que. «Nous avons la chance d’avoir plusieurs entreprises qui nous soutiennent. Nous voulons leur dire un grand merci.» C’est grâce à leur soutien qu’ils n’ont cessé de grandir au fil des années. Et plus ils grandissaient, plus ils avaient des projets plein la tête. En plus du petit déjeuner et du déjeuner, Amour et Espoir offre rattrapage scolaire, cours de musique, session de yoga, atelier d’art-thérapie et les services d’un psychologue. Une aubaine pour les enfants qui ont besoin d’un tel accompagnement.

 

Sur le terrain, un travailleur social suit les familles. Les parents sont aussi pris en charge et ont accès au service du psychologue. Récemment, Amour et Espoir a lancé un nouveau programme destiné aux mamans. Fam to ena valer, mis en place avec la collaboration de Soroptimist France, a pour objectif d’organiser des sorties et des ateliers de travail pour les mamans de la région. L’idée première est de leur permettre d’évacuer leurs soucis pour ne pas se laisser submerger par les problèmes. Dans un deuxième temps, il est question de leur donner les outils nécessaires pour qu’elles apprennent à se débrouiller et à être des femmes debout.