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Accident vasculaire cérébral (AVC) : les clés pour mieux comprendre et prévenir ce danger

Le Dr Afzal M. Curimbacus, neurologue et membre de l’Académie américaine de neurologie, partage son expertise pour sensibiliser à la prévention de l’AVC à Maurice. Retrouvez davantage de ressources et d’informations sur la neurologie sur son site : neuromac.mu.

Ce 29 octobre n’était pas un jour ordinaire, mais l’occasion de rappeler que l’accident vasculaire cérébral (AVC) n’est pas à prendre à la légère. Saviez-vous que 80 % des AVC sont évitables ? Eh bien oui, vaincre l’AVC, c’est possible ! Mais avant tout, il est important de bien comprendre ce qu’est un AVC, ses causes et ses symptômes. Le Dr Afzal M. Curimbacus, neurologue et diplômé de Chine, membre de l’Académie américaine de neurologie, nous répond. Zoom.

L’AVC est une urgence médicale qui peut toucher n’importe qui, à tout moment. Pourquoi est-il si important d’en parler ? Eh bien, parce que nous sommes tous concernés. L’AVC peut provoquer une attaque soudaine aux conséquences graves et imprévisibles : il peut affecter les fonctions motrices, le langage, la pensée, les capacités d’apprentissage ou encore les émotions. Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, personne n’est à l’abri.

 

Qu’est qu’un AVC docteur ?

 

L’accident vasculaire cérébral est un déficit neurologique soudain d’origine vasculaire, causé par un infarctus (AVC ischémique) ou une hémorragie (AVC hémorragique) au niveau du cerveau. Cette pathologie grave exige une prise en charge immédiate en raison des risques importants qu'elle présente pour les fonctions vitales. Il existe deux types d’AVC : l’AVC ischémique, qui représente environ 80 % des cas, est provoqué par l’obstruction d’un vaisseau sanguin, limitant l’apport de sang et d’oxygène au cerveau. L’AVC hémorragique, quant à lui, est causé par un saignement dans le cerveau et constitue les 20 % restants. À Maurice, la situation est préoccupante. «L’hypertension, qui touche un Mauricien sur trois, et le vieillissement de la population entraînent une hausse des cas d’AVC. Aujourd’hui, l’AVC est la troisième cause de décès et la première cause de handicap acquis chez l’adulte dans le pays», explique le Dr Afzal M. Curimbacus. «L’impact social et financier de l’AVC sur la famille fait que c’est une maladie qu’on ne doit pas prendre à la légère», ajoute-t-il.

 

Comment détecter un AVC ?

 

Plusieurs signes et symptômes avant-coureurs permettent de repérer un patient qui pourrait souffrir d’un AVC. Tout d’abord, on peut observer une perte totale ou partielle de motricité d’un côté du corps, affectant le bras, la jambe ou une moitié du visage (ipsilatéral). Cette perte de motricité est souvent accompagnée d’une perte de sensibilité du même côté du corps. Ensuite, des difficultés soudaines à parler ou à comprendre les mots, appelées aphasie, peuvent survenir. D’autres signes incluent des troubles soudains de l’équilibre et de la marche, une perte soudaine de la vision ou des troubles visuels, et une confusion générale ou une amnésie aiguë. Un mal de tête sévère et aigu ainsi que des vomissements peuvent également être des symptômes d’un AVC hémorragique. Une attaque ischémique transitoire (AIT) peut aussi précéder un AVC. Les symptômes mentionnés sont brefs et transitoires. Même si  ces derniers disparaissent rapidement, une AIT est un signal d’alerte sérieux, car elle indique un risque élevé de subir un AVC dans un avenir proche. Pour vérifier si une personne est en train de faire un AVC, demandez-lui de lever les deux bras simultanément et de répéter une phrase. Si un bras ne peut pas être levé ou retombe, ou si la personne éprouve des difficultés à s’exprimer ou à comprendre, il s’agit d’une urgence.

 

Quels sont facteurs de risques ?

 

Selon le Dr Curimbacus, plusieurs facteurs augmentent le risque d’AVC, avec l’hypertension artérielle comme principal élément déclencheur. La fibrillation auriculaire, une arythmie cardiaque, peut également mener à la formation d’un caillot dans le cœur, qui risque ensuite de migrer et de bloquer une artère cérébrale (phénomène cardioembolique). L’âge joue aussi un rôle, car il entraîne une augmentation de la rigidité des vaisseaux sanguins. De plus, une AIT, qui présente des symptômes d’AVC régressant en moins de 30 minutes, constitue un indicateur de risque accru, avec 25 % des personnes concernées ayant des chances de subir un AVC dans les cinq ans suivant l’épisode.

 

Votre mode de vie peut également influencer votre vulnérabilité à l’AVC. Des habitudes telles que le tabagisme, la consommation excessive d’alcool, le manque d’exercice et une alimentation riche en sel et en graisses contribuent à ce risque. De plus, des antécédents familiaux peuvent aussi augmenter le risque, car certains facteurs génétiques sont considérés comme non modifiables.

 

Après un premier AVC, le risque de récidive reste présent, mais une prévention secondaire peut aider à le réduire. Pour les AVC ischémiques, cette prévention repose sur des traitements antiplaquettaires (comme l’aspirine), des anticoagulants pour les cas cardioemboliques et des statines pour réduire le taux de cholestérol, ainsi qu’une activité physique régulière et le contrôle de la tension artérielle. En ce qui concerne les AVC hémorragiques, la maîtrise de l’hypertension et l’adoption d’une bonne hygiène de vie sont les mesures les plus importantes pour prévenir un nouvel épisode.

 

Peut-on prévenir un AVC ?

 

Prévenir l’AVC est tout à fait possible ! Voici les recommandations du Dr Afzal M. Curimbacus pour réduire efficacement
les risques :

 

1.  Gérer Plusieurs facteurs de risques

 

Une gestion optimale de la tension artérielle permet de réduire de moitié le risque d’AVC, qu’il soit ischémique ou hémorragique.

 

2. Envisager plusieurs facteurs de risques

 

Pratiquer une activité physique régulière, limiter la consommation d’alcool, arrêter le tabac et privilégier une alimentation équilibrée sont des mesures essentielles pour prévenir les AVC.

 

3. Traiter l’hypercholestérolémie

 

Utiliser des statines et suivre un régime alimentaire adapté aident à diminuer les niveaux de cholestérol et à réduire les risques.

 

Qu'en est-il de la prise en charge ?

 

Il existe des traitements pour intervenir efficacement contre l’AVC. Dans la phase aiguë, le traitement dépend du type d’AVC. «Pour l’AVC ischémique, la thrombolyse, ou recanalisation de l’artère, consiste à dissoudre le caillot dans l’artère cérébrale par voie intraveineuse à l’aide d’un médicament thrombolytique appelé actilyse (ou altéplase)», explique le docteur. La fenêtre d’opportunité thérapeutique est de 4 heures et 30 minutes après l’apparition des premiers symptômes. Plus le traitement est administré tôt, plus les chances de guérison sont élevées, avec une personne sur 12 à 14 qui peut être complètement rétablie après ce traitement.

 

Le traitement endovasculaire, ou thrombectomie mécanique, offre une fenêtre thérapeutique étendue pouvant aller jusqu’à 24 heures après les premiers symptômes, avec ou sans thrombolyse préalable. Ce traitement est indiqué pour l’occlusion d’une artère majeure (carotide, cérébrale, basilaire). Par voie vasculaire, un neuroradiologue interventionnel utilise un stent retriever (un petit dispositif métallique) ou une aspiration directe pour retirer le thrombus ou caillot obstruant l’artère. Ce traitement permet à une personne sur quatre de récupérer complètement.

 

Pour l’AVC hémorragique, une intervention neurochirurgicale est souvent nécessaire pour retirer le sang ou décompresser l’effet de masse du sang accumulé dans le cerveau. La gestion de l’hypertension artérielle, la correction de la coagulation et les médicaments pour réduire la pression intracrânienne sont également indispensables pour stabiliser l’état du patient. Durant l’hospitalisation, la réhabilitation est un élément clé de la prise en charge des personnes ayant subi un AVC. La kinésithérapie et l’orthophonie permettent de restaurer progressivement les fonctions motrices et langagières affectées. Une alimentation saine, de préférence inspirée de la diète méditerranéenne, joue aussi un rôle dans la récupération et la prévention des récidives.