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Soupçonné du meurtre de Sanjana Khoodeeram, son ex-compagnon est en liberté conditionnelle - Nirmala, la mère de la victime : «Je crains pour ma sécurité et celle de mon petit-fils»

La mère de la victime compte entamer des démarches pour que le meurtrier présumé de sa fille ne puisse plus approcher sa famille.

Après avoir perdu sa fille dans des circonstances tragiques en novembre 2022, Nirmala Khoodeeram est déterminée à protéger sa petite famille. Cette semaine, elle a rendu visite à un homme de loi, souhaitant obtenir l’aide nécessaire pour que le meurtrier présumé de sa fille, en liberté conditionnelle depuis septembre 2023, ne puisse plus s’approcher de son petit-fils. Elle se confie sur cette nouvelle épreuve de sa vie.

Elle semble porter tout le poids du monde sur ses frêles épaules. Au cours de ces deux dernières années, la vie de Nirmala Khoodeeram n’aura été qu’une succession de malheurs, de catastrophes et de défis à relever. Elle a vécu le pire cauchemar que puisse vivre un parent le 19 novembre 2022, le jour où les ossements de sa fille Sanjana ont été retrouvés dans une voiture ravagée par les flammes après qu’elle aurait été tuée. Du jour au lendemain, Nirmala Khoodeeram s’est ainsi retrouvée seule avec les deux enfants en bas âge de la défunte à sa charge : une fillette alors âgée de six ans, issue d’une précédente union, ainsi qu’un petit garçon de deux ans, né de sa relation avec le policier Kishan Buldy, soit celui que les enquêteurs soupçonnent d’être l’auteur du meurtre. Moins d’une semaine après sa terrible perte, elle a dû faire face à des allégations de maltraitances formulées par le meurtrier de sa fille, qui l’a accusée d’avoir malmené son fils. Cependant, elle était loin d’être au bout de ses peines. Après moins d’un an en détention, Kishan Buldy, qui fait toujours l’objet d’une accusation provisoire de meurtre, a été libéré sous certaines conditions et a entamé des démarches pour récupérer la garde de son fils. Il a obtenu un droit de visite il y a quelques mois, au grand dam de Nirmala Khoodeeram. «Je ne fais pas confiance à cet homme. Je crains pour ma sécurité et celle de ma famille car il nous a menacés à plusieurs reprises depuis qu’il est en liberté. J’ai peur qu’il fasse du mal à mon petit-fils. Je ne compte pas rester les bras croisés. Je compte me battre pour qu’il ne puisse plus l’approcher», lâche notre interlocutrice.

 

Rappelons que dans la matinée du 19 novembre 2022, c’était en rentrant du poste de police de sa localité après avoir consigné une déposition, parce que sa fille Sanjana n’avait pas donné de nouvelles de la soirée, que Nirmala Khoodeeram avait appris que celle-ci avait tragiquement perdu la vie. Ce matin-là, les ossements de cette infirmière de 26 ans avaient été retrouvés dans une voiture dans un champ de cannes à St-Julien. Bien que l’autopsie n’eût pas pu établir la cause de son décès, les forces de l’ordre avaient orienté cette enquête vers un acte criminel. Leurs soupçons s’étaient aussitôt portés sur l’ex-compagnon de la jeune femme, le policier Kishan Buldy, puisque, dans un direct partagé sur sa page Facebook la veille, on pouvait l’y voir  se disputer avec la victime dans une voiture et lui demander des explications, tout en l’accusant d’infidélité. Appréhendé, Kishan Buldy avait, dans un premier temps, déclaré avoir poignardé la jeune femme et «zet petrol lor so lekor pou bril li». Quelques semaines plus tard, néanmoins, il était revenu sur ses aveux et avait avancé la thèse du suicide. Il avait affirmé que la jeune femme se serait donné la mort en s’immolant et qu’il aurait, lui-même, subi des brûlures aux bras parce qu’il aurait tenté de la sauver. Les circonstances exactes de la tragédie n’ont pas encore pu être établies.

 

À l’époque, c’était de sa cellule que le policier Kishan Buldy s’était attaqué à Nirmala Khoodeeram et avait consigné une déposition contre elle. Dans sa plainte, il avait raconté que quelques jours avant le décès de Sanjana, après avoir récupéré son fils chez cette dernière, il lui aurait donné le bain et constaté qu’il avait des bleus aux genoux, aux coudes et au visage. Il avait raconté avoir questionné le gamin et que celui-ci lui aurait répondu que sa grand-mère l’aurait frappé avec un morceau de bois pour le punir. Il avait ainsi demandé à ce que le petit garçon soit confié aux membres de sa famille à la place. Cependant, les autorités n’avaient pu agréer à sa demande faute de preuves, d’autant que les officiers de la Child Development Unit n’avaient rien noté de suspect lorsqu’ils avaient rendu visite à Nirmala Khoodeeram. Ce n’est que lorsque le policier a obtenu la liberté conditionnelle en septembre 2023 que le sujet de la garde de son fils a été abordé à nouveau. Cette fois, Kishan Buldy a sollicité les services d’un représentant légal pour que l’affaire soit débattue devant la Cour suprême afin que son enfant vienne vivre avec lui. Il a notamment déclaré n’avoir jamais consenti à ce que la grand-mère maternelle de son fils obtienne sa garde en son absence et a déploré que cette dernière ne l’ait pas autorisé à approcher son fils depuis qu’il était sorti de prison. Cette fois encore, Kishan Buldy a essuyé un refus et n’a obtenu qu’un droit de visite le samedi de 9 heures à 16 heures, une décision ayant pris effet en juillet.

 

Ce qui a poussé Nirmala Khoodeeram à se rendre dans les locaux d’un homme de loi cette semaine est le fait qu’elle doute des capacités de cet homme à s’occuper du petit garçon. «À chaque fois que mon petit- fils a passé la journée avec cet homme, il est rentré à la maison avec des blessures», allègue-t-elle. «Mon petit-fils est toujours suivi par des psychologues après avoir tragiquement perdu sa mère. Il a été traumatisé. Il considère cet homme comme le meurtrier de sa mère et ne se sent pas en sécurité en sa présence. Comment est-ce que le tribunal a pu lui accorder un droit de visite alors qu’il est soupçonné du meurtre de ma fille?», s’indigne-t-elle. Dans les semaines à venir, elle espère déposer une demande pour que Kishan Buldy ne puisse plus s’approcher d’elle et de sa famille, particulièrement du petit garçon. «Je ne me le pardonnerai jamais s’il lui arrivait quelque chose. Cet homme m’a déjà enlevé ma fille ; je ne compte pas le laisser faire de mal à mon petit-fils.»