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La dépouille de Tanya Balgobhind, 15 ans, repêchée après deux jours | Vinay, son père : «Se enn mari kado ki monn gagne pou mo laniverser»

La jeune fille a succombé à une asphyxie due à la noyade.

Elle caressait le rêve de travailler comme hôtesse de l’air. Elle voulait également émigrer en Europe. Mais sa jeune vie a pris fin dans des circonstances tragiques. Cette adolescente s’est noyée après avoir été happée par une grosse vague à îlot Sancho lors d’une sortie familiale. Sa dépouille a été repêchée deux jours plus tard, le jour où son père a eu 42 ans. Ses funérailles ont eu lieu le lendemain alors que son frère Laksh célébrait, lui, son premier anniversaire.

Un silence assourdissant règne au domicile des Balgobhind. Il n’y a que les pleurs du petit Laksh qui rappellent aux passants que les membres de cette famille de Village Lane, à Laventure, sont chez eux en ce mercredi 23 octobre. Ce matin-là, vers 9 heures, Vinay, Poonam, Tanisha et les autres membres de la famille ont dit un dernier adieu déchirant à Tanya, 15 ans, morte noyée. L’incinération de sa dépouille a ensuite eu lieu au crématoire de la localité. «Sa mem premye ek dernye fwa nou al laba», martèle Vinay, la voix vibrante de chagrin. Son épouse Poonam tourne en rond autour de lui avec le petit Laksh dans les bras. Sa douleur, immense, est palpable. «Je n’arrive toujours pas à croire que notre fille n’est plus de ce monde. J’évite de trop en parler pour ne pas remuer davantage le couteau dans la plaie», lâche-t-elle d’un ton désespéré.

 

Le quotidien de cette famille a complètement basculé le dimanche 20 octobre lorsqu’une sortie familiale a viré au cauchemar. Ce jour-là, la famille avait loué un minibus et s’était arrêtée à îlot Sancho pour dîner après avoir fait escale à Flic-en-Flac, Le Morne et Macondé. Dans l’après-midi, les jeunes présents ont décidé d’aller visiter l’îlot. Tanisha, la sœur aînée de Tanya, âgée de 17 ans, raconte. «Il y avait trois cousins, deux cousines et moi-même. Ma sœur ne voulait pas nous suivre. Mais un cousin l’a prise dans ses bras pour la traversée et elle a dû venir malgré tout. On a tous eu des difficultés à marcher car nous étions pieds nus.»

 

Peu après, Tanya est allée s’asseoir dans un coin pendant que les autres prenaient des photos et faisaient des selfies. À un moment, contre toute attente, une grosse houle a subitement recouvert la partie où se trouvait Tanya, l’emportant dans l’eau. C’était vers 16h45. «Enn gro vag nek leve enn kout, se souvient Tanisha. Mo trouv vag- la kouma dir pran enn dimounn ale. Mo pa ti kone mo ser sa. Sa kouzin ki ti pran li avan-la osi ti pou nwaye. Linn resi trap ros pou pa tom dan dilo. Mo trouv mo ser pe debat. Li pa ti konn naze. Monn kone li sa akoz so top ble ek so sort gri. Li ti preske resi koste ek bann ros-la kan enn lot gro vag inn pran li. Pann trouv li ditou apre sa.»

 

Les recherches de la police ont pris fin vers 19h15 ce soir-là, avant de reprendre au lever du jour, le lendemain. Les recherches se sont poursuivies le lundi 21 octobre, sans succès. La dépouille de la jeune fille a finalement été repêchée par la National Coast Guard, le mardi 22 octobre, vers 8h25. Le rapport d’autopsie indique que Tanya a succombé à une asphyxie due à la noyade. «Nou ti gard lespwar pou retrouv so lekor. Monn ale vini toulezour ziska sa mardi-la. Bien dir sa. Ou an vakans dan ou pei. Ou organiz enn piknik, ou zanfan disparet dan lamer. Ou gagn so lekor zis zour ou laniverser. Enn mari kado ki monn gagne pou mo laniverser. Zame pa pou kapav bliye. Anplis, nounn fer so fineray zour mo garson gagn 1 an», souligne Vinay.

 

Le papa de Tanya travaille sur un bateau de croisière comme Restaurant Supervisor et il est rentré au pays le 30 septembre pour un séjour qui devrait durer jusqu’au 18 janvier prochain. Il fait le va-et-vient depuis 10 ans. Son épouse Poonam est, elle, employée dans une blanchisserie, à Terre-Rouge. «Je peine à croire que ma fille n’est plus de ce monde», n’arrête-t-elle de répéter. Son époux Vinay partage ce même sentiment de tristesse qui s’ajoute à d’autres chagrins qu’il a vécus ces dernières années. «Il y a un an, le 28 octobre, j’ai perdu mon père qui souffrait de plusieurs complications de santé. En 2017, à la même époque, mon cousin de 52 ans est lui aussi mort des suites d’une longue maladie. Le mois d’octobre est maudit», lâche Vinay, amer.

 

Sa fille Tanisha est également marquée à vie. La jeune fille, qui prend part actuellement aux examens du School Certificate, n’est pas sûre d’y arriver : «J’avais un papier lundi. Je n’ai rien pu écrire. J’étais incapable de me concentrer. Le lendemain, je n’ai pu travailler mon papier de mathématiques. J’ai également raté d’autres papiers à cause des funérailles.» Certaines blessures prennent du temps à cicatriser. Celle laissée par le départ subit de Tanya prendra certainement un peu plus de temps que prévu. La tristesse des membres de cette famille est si profonde que même les larmes versées pourront difficilement la tarir. La tristesse a un appétit qu’aucun malheur ne rassasie, a écrit le Roumain Emil Michel Cioran. Les Balgobhind ne diront pas le contraire.