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Enquête judiciaire au tribunal de Souillac - Abdul Soobratty, ex-Chief Government Analyst : «Misie Kanakiah ti fer so travay byin, san zistwar ek san problem»

L’ex-Chief Government Analyst quittant le tribunal de Souillac après son audition.

L’enquête judiciaire instituée par le Directeur des poursuites publiques (DPP) pour faire la lumière sur le décès troublant de Pravin Kanakiah s’est poursuivie au tribunal de Souillac avec l’audition de deux nouveaux témoins. Il s’agit de Sivepragassen Padachi, un ancien constable affecté à l’IT Unit de la police, et d’Abdul Soobratty, ex-Chief Government Analyst. Ce dernier a été le chef hiérarchique du défunt durant son affectation à la Government Analyst Division, à Réduit, de 2013 à 2020. 

«Pravin Kanakiah ti gentle. Li ti ena bon manier. Li ti profesionel dan so travay.» Dixit Abdul Soobratty, ex-Chief Government Analyst à la Government Analyst Division (GAD), lors de son audition devant la magistrate Ameerah Dhunnoo, le lundi 29 juillet, dans le cadre de l’enquête judiciaire instituée par le DPP pour faire la lumière sur le décès troublant de cet habitant de l’ex-Procurement Supply Officer en décembre 2020. L’ex-Chief Government Analyst est venu ainsi confirmer ce qu’avaient déjà déclaré Oushna Sookeea, Management Support Officer, et Prakash Babeea, Acting Principal Gouvernement Analyst, deux fonctionnaires affectés à la Government Analyst Division (GAD), à Réduit, qui ont eux aussi été appelés à déposer en cour de Souillac dans cette affaire.

 

Abdul Soobratty a précisé avoir côtoyé Pravin Kanakiah pendant plus de sept ans, soit depuis l’affectation de celui-ci à la GAD en janvier 2013 jusqu’à ce que lui, il prenne sa retraite le 5 octobre 2020. Me Damodarsingh Bissessur, Senior State Counsel, lui a d’abord adressé une série de questions sur la nature de ses relations avec le défunt avant de s’intéresser à l’ordre de transfert reçu par ce dernier. «Monn konn li depi linn vinn travay dan GAD. Mo ti so sef. Li ti bizin report ek mo mem. Nou relation ti profesionel. Nou biro ti dan mem batiman. Li ti resevwar enn let transfer le 7 septam depi biro Financial Secretary. Li ti gagn enn nouvo posting a partir le 14 septam. Mo ti ekrir enn let Senior Chief Executive pou dimann blok so transfer parski nou ti ena akreditasion pou gagn sertifikasion ISO 17025 ki ti pe fer sa lepok-la», a-t-il répondu. 

 

Sa lettre demandant le gel du transfert de Pravin Kanakiah était motivée, a-t-il ajouté, par le fait que celui-ci avait suivi une formation dispensée par un consultant étalée sur deux ans au sujet de la certification ISO 17025. «San misie Kanakiah nou pa ti pou gagn sa akreditasion-la», souligne l’ancien Chief Government Analyst.

 

Par la suite, l’ordre de transfert de l’ancien Procurement Supply Officer a été repoussé de quatre mois. Son nouveau posting devait prendre effet à partir du 15 décembre 2020. Mais contre toute attente, Abdul Soobratty a reçu une autre correspondance du bureau du Financial Secretary le 14 septembre l’informant du transfert de Pravin Kanakiah le lendemain. Me Bissessur lui a alors demandé la raison de cet empressement à le faire transférer. Question à laquelle l’habitant de Phoenix n’a pu répondre.

 

Le Senior State Counsel lui a ensuite posé une série de questions axées sur l’état d’esprit de Kanakiah à ce moment-là. «Li ti anploye par minister Finans. Bann-la ki deside kot pou poste li. Mo pa kone kifer ti rod transfer li. Li ti fini dakor pou ale me li ti anvi fer nou akreditasion avan», a souligné Abdul Soobratty. La magistrate Ameerah Dhunnoo lui a, par la suite, adressé une autre série de questions. L’ancien Chief Government Analyst a confirmé en cour que l’ancien Procurement Supply Officer n’a jamais parlé d’éventuels problèmes rencontrés au niveau de son travail et a précisé que «misie Kanakiah ti fer so travay byin, san zistwar ek san problem». Il a aussi ajouté : «Mo pa ti konn li personelman. Mo pa o kouran si li ti ena problem personnel ou finansie.» À un moment, Ameerah Dhunnoo lui a demandé des détails sur le processus de procurement à la GAD. Et aussi si celui-ci diffère de ceux des hôpitaux, entre autres. «Misie Kanakiah pa ti inplike dan bann procurement. Li ti travay plito ek bann petty expenses», a répondu Abdul Soobratty avant de se retirer de la barre des témoins.

 

Quatre «usernames»

 

La séance du lundi 29 juillet avait débuté par l’audition de Sivepragassen Padachi, un ancien constable affecté à l’IT Unit de la police. Cet habitant de Montagne-Longue a rédigé un rapport de quatre pages sur l’ordinateur utilisé par l’ancien Procurement Supply Officer sur son lieu de travail, à Réduit. Sivepragassen Padachi a analysé cet ordinateur à la demande du constable Rosanally, un enquêteur affecté au Central Criminal Investigation Department (CCID), le 21 décembre 2020. Il a rendu un rapport huit jours plus tard. L’expert en informatique avait pour mission de récupérer l’historique de recherches effectuées sur Internet. Il devait aussi faire la liste de toutes les activités répertoriées sur ledit ordinateur entre le 8 et le 9 décembre 2020. L’ancien policier a lui aussi fait ressortir qu’il y avait quatre profils sur l’appareil avec chacun un username et un mot de passe. Il précise qu’il n’a pu déterminer lequel appartenait à Pravin Kanakiah.

 

Selon ses dires toujours, il y a eu un total de 18 recherches sur le moteur de recherche Google du 16 au 30 novembre 2020. Celles-ci sont étalées sur trois jours, à savoir une le 16 novembre, quinze le 19 novembre et deux le 30 novembre. L’analyse de l’ordinateur révèle aussi qu’une personne a accédé à sept sites entre le 8 et le 9 décembre 2020, la dernière activité remontant à 11h58 GMT. Selon Sivepragassen Padachi toujours, les documents téléchargés à partir de ces sites ont été remis, sur une clé USB, au PC Rosanally du CCID. L’ancien policier n’a toutefois pas été en mesure de dire si le défunt avait pu effacer son historique de recherches.

 

L’affaire Kanakiah a éclaté le 11 décembre 2020 lorsque la police a retrouvé sa dépouille à Roche-qui-Pleure. Le fonctionnaire, un habitant de Plaine-Magnien, portait alors un pantalon avec une ceinture défaite, il était torse nu et n’avait qu’une seule chaussure au pied. Son épouse Reshmee avait signalé sa disparition au poste de police de Moka la veille. Dans son rapport d’autopsie, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médico-légal de la police, avait attribué le décès à une «traumatic sub arachnoid haemorrhage». Intriguée par cette disparition bizarre et la découverte macabre qui a suivi, l’épouse de Pravin Kanakiah avait demandé une contre-autopsie. Menée par le Dr Satish Boolell, celle-ci a aussi conclu à une hémorragie. Toutefois, la famille du défunt rejette la thèse du suicide évoquée par la police et penche pour un acte criminel. Les travaux de l’enquête judiciaire pour faire la lumière sur cette affaire continuent le 29 août et le 6 septembre prochains.