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Double noyade à Flacq | Franky Veerasamy : «Comment j’ai perdu deux de mes frères scouts»

Damien Alexandre et Ron Aza ont péri noyés lors d’une activité dans le cadre d’un projet intitulé Act For Our Environment.

Deux jeunes, membres du groupe de scouts de Flacq, sont morts noyés le samedi 2 février. Franky Veerasamy, responsable de ce groupe, a été témoin de la tragédie. Il revient sur ce triste samedi…

Il a la voix toujours brisée par l’émotion. Il est toujours rongé par les regrets. «Sa finn pas mari vit. Enn fraksion segonn tou inn devir an kosmar», lâche Franky Veerasamy, responsable du 1st Flacq Scout Group depuis 2018 et de la section des routiers qu’il dirige avec un assistant. Le samedi 2 février, une sortie de la section rover de ce groupe de scouts a viré au drame : Damien Alexandre, 18 ans, et Ron Aza, 18 ans, sont morts noyés.

 

Une semaine plus tôt, les routiers, âgés entre 18 et 23 ans, organisent une site visit et un risk assessment à Rivière-du-Poste, à Flacq, dans le cadre d’un projet intitulé Act For Our Environment. «Il y a sept garçons et quatre filles dans la section, un autre chef et moi-même. Nous avions décidé de nettoyer une partie de la berge de cette rivière. Sur place, nous avions constaté qu’il y avait beaucoup de bouteilles en plastique et d’autres déchets solides», explique-t-il.

 

Le groupe décide alors de se rendre de nouveau à Rivière-du-Poste le samedi 2 février pour nettoyer cette partie de la rivière. «Nous avions également décidé de construire une cabane avec du bambou, du bois et des cordes pour valoriser le savoir-faire scout», poursuit Franky Veerasamy qui a fait ses débuts dans le scoutisme à l’âge de 6 ans.

 

Les routiers se donnent rendez-vous à 13 heures à la cure de Ste-Ursule, à Flacq, avant de converger vers la rivière, à pied. Sur place, la joie et la bonne humeur sont au rendez-vous. «Certains chantaient, d’autres parlaient. À un certain moment, des garçons m’ont demandé s’ils pouvaient nager pour se rafraîchir avant de commencer le ramassage des ordures car ils avaient tous marché environ 8 km sous un soleil de plomb», poursuit notre interlocuteur qui a fait ses débuts dans un groupe à Fuel, avant d’intégrer celui de Flacq en 2002.

 

Mais il plonge d’abord pour vérifier la profondeur de l’eau. Ensuite, il aurait lancé aux scouts : «Pa ti prevwar pou naze. Zot tou dakor pou naz zis 10 minit. Ena inpe kouran. Seki pa konn naze pa rantre.» Cinq garçons se seraient alors jetés à l’eau. «Lezot ti lor ros. Damien ek Ron inn nwaye zis apre. Mo tann enn dimounn dir Damien pe nwaye. Mo ti panse enn move badinaz. Kan mo gete, mo trouv li vremem an difikilte. Pa kone kiler Ron fini rant dan dilo pou al rod sov Damien.»

 

«Il était trop tard…»

 

Ron Aza était connu comme étant un excellent nageur. Il se serait toutefois retrouvé en difficulté en voulant porter secours à son ami. «Il a commencé à couler. Il se trouvait alors à 3 mètres de moi. Damien se trouvait, lui, à 7 mètres. J’ai secouru Ron en premier avec une corde. J’ai dû plonger pour le sortir de l’eau. Il avait déjà perdu connaissance. Une fois à terre, je lui ai fait un massage cardiaque après lui avoir fait deux insufflations. Il a alors vomi à deux reprises», raconte Franky Veerasamy. «Monn profite pou donn direktiv lezot pou telefonn lapolis, Samu ek lezot sef dan group.»

 

De son côté, Franky Veerasamy s’apprête à rentrer dans l’eau et à secourir Damien Alexandre. «Mais on ne voyait qu’une partie de sa main. Il était trop tard, il avait déjà sombré dans l’eau.» Au même moment, un autre routier, raconte notre interlocuteur, tente de se jeter à l’eau mais Franky Veerasamy l’en empêche à temps et prodigue les premiers soins à Ron qui perd connaissance de nouveau.

 

Franky Veerasamy lui fait alors une autre insufflation, avant de lui faire un massage cardiaque. La police arrive peu après, poursuit-il. «Je lui ai fait un autre massage cardiaque pendant 25 minutes. Un autre chef a pris le relais. J’ai repris le massage pendant plusieurs minutes. Des parents nous avaient rejoints, de même que le Samu.»

 

Quarante minutes plus tard, les plongeurs de la police repêchent le corps de Damien, raconte le responsable du 1st Flacq Scout Group. «Monn donn koudme pou tir lekor dan dilo.»

 

Par la suite, Franky Veerasamy se rend au poste de police de Flacq avec les autres membres de sa section pour donner une déposition, avant d’être autorisés à rentrer chez eux vers 20 heures. Les funérailles de Ron Aza et Damien Alexandre ont eu lieu le lendemain.

 

Ces deux jeunes sont membres du 1st Flacq Scout Group depuis plusieurs années. Ron Aza, connu comme étant de nature généreuse, faisait d’ailleurs partie du groupe qui avait visité la Malaisie en 2018 dans le cadre du programme pour l’obtention de la Venture Belt. «Il n’hésitait jamais à partager.» Damien Alexandre, lui, était connu pour sa bonne humeur. «Ils sont à jamais gravés dans ma mémoire», confie Franky Veerasamy.

 

Ce dernier a eu une rencontre d’explications avec les parents des victimes. Celles-ci qui laissent derrière elles des familles affligées mais aussi des routiers à jamais marqués par leur tragique disparition.