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Ils aimaient Stan Lee…

Nicolas, Stephane et Joel pleurent un homme qui a forgé une grande partie de leur culture.

Ce sont des adultes, oui, mais des adultes qui ont grandi à grand renfort de comic books Marvel, immense écurie de BD américaine maintenant sacrément bien établie au cinéma et dont le guru adoré est décédé le lundi 12 novembre, à l'âge de 95 ans. Ces Mauriciens évoquent la perte d'une figure incontournable de leur quotidien. 

Stephane a 6 ans lorsque son petit monde est chamboulé. Il a 44 ans aujourd'hui, est marié, a des enfants et exerce le métier de professeur. Mais au fond, il est toujours ce garçonnet heureux de recevoir son premier Strange, avec Spider-Man contre le Chacal sur la couverture. Le lundi 12 novembre, ça a été un choc pour lui d’apprendre la mort de Stan Lee. Un homme considéré, à 95 ans, comme le guru de la galaxie des comic books Marvel.

 

Chez Stephane Rock, à Curepipe, on retrouve les fameux Titans, Nova, Spidey, tous ses magazines Marvel d'antan, sans oublier les plus récents qu'il a achetés ici et ailleurs. Une passion, un refuge pour l’enfant d’alors qui n’aimait pas le sport, et une façon de découvrir le monde. «Il arrivait à toucher notre coeur geek en parlant aussi de problèmes sérieux. À l'époque, il y avait des westerns et des séries un peu plus glamour comme Dallas. Alors mis à part le côté fantasy des super-héros avec les comic books Marvel, on entrait un peu plus dans l’American way of life», confie notre interlocuteur.

 

«On nous dessinait les villes de New York, on découvrait Hell’s Kitchen avec Daredevil. Moi-même, j'ai connu l'existence de la planche de surf via les aventures du Surfeur d'Argent ! Et les super-héros menaient bien souvent une existence simple quand ils n'étaient pas en train de sauver le monde, identifiable par les jeunes d'alors que nous étions. Stan Lee aimait parler des minorités et évoquait des problèmes graves comme le racisme et la guerre.»

 

«J'ai pleuré» 

 

D’autres ont fait leur choix de carrière grâce à Stan Lee. C'est le cas de Joel Ramdoo, 40 ans et Graphic Designer. Ce sont bien les comic books qui lui ont donné envie de prendre un crayon et de se lâcher.

 

Et s'il a un peu lâché la plume pour des outils numériques, on voit bien, dans ses yeux, le gosse émerveillé devant Iron Man ou encore Wolverine. «J'étais déjà affecté par la mort de Chris Cornell. Et voici qu'une autre idole s'en va. J'ai pleuré», lâche cet habitant de Coromandel. «Des fois, on ne connaît pas quelqu'un personnellement mais cette personne prend une sacrée importance dans votre vie par ses créations. Stan Lee, c'est l'image de ce bon vieux grand-père qui raconte de super histoires et qui capte l'attention des plus jeunes. C'est grandir avec toujours cette passion dévorante, c'est être émerveillé par des super pouvoirs étant gosse et lire les mêmes comics et découvrir toutes les subtilités et les réflexions sur le monde qu'offraient Stan Lee et les autres.»  

 

 

À côté, son ami Nicolas, 37 ans, employé dans la téléphonie, est tout aussi abasourdi depuis l’annonce de Stan Lee. Il nous montre sa première BD Marvel : un crossover Spider-Man et Hulk, dans un album qui réunit aussi l'histoire de Spider-Man no more, reprise en partie dans le Spider-Man 2 de Sam Raimi. Il est ému, a la voix tremblante. «Avec le décès de Stan Lee, c'est tout un panthéon de mon enfance qui s’en va. Il nous rendait fiers d'être des geeks. C'est le gars qui a su redonner de l'espoir à plusieurs générations grâce à des surhommes», confie-t-il. «Personnellement, je me suis identifié à Spider-Man qui a été le premier super-héros que j'ai découvert. Ce qui faisait la beauté des personnages créés ou co-créés par ce bonhomme, c'est que chacun de nous pouvait s'identifier à ses personnages. Ils pouvaient exister.»

 

Keven Mangalum, 43 ans, a lui aussi commencé tôt avec la culture comic book. «Je suis passé un jour devant une librairie à Port-Louis. Voir la couverture d’un comic book capte tout de suite l'attention. Des univers colorés, des personnages eux-mêmes hauts en couleur, puissants, avec des pouvoirs. J'avais 11 ans. Je me suis plongé dedans avec une telle facilité», admet-il. «Avant, je lisais plus Mickey Parade et La Bande à Picsou mais avec les comic books, il y avait plus de sérieux, les personnages étaient intenses, parfois même tragiques. Il est aussi question de minorités, de société. Le préado que j'étais découvrait cela, j'étais fasciné. C'était carrément comme une éducation ! Et je le suis toujours car le génie de Stan Lee et de son équipe, c'est qu'ils évoluent avec le temps, le style de dessin aussi évolue», souligne cet habitant de Port-Louis, maître dans la sérigraphie et le Graphic Design.  

 

Comme une façon de nous dire que, quoi qu'il arrive, l'héritage de Stan Lee n'est pas près de se perdre. Et même pas besoin de super pouvoirs pour tenir la toute-puissance Marvel debout. Le roi est mort mais vive le roi ! Excelsior !

 


 

 

Stan qui ?

 

Il est beaucoup plus que ce vieux monsieur qui a fait de remarquables apparitions dans tous les films Marvel. C'est dans les années 60 que Stanley Martin Lieber, issu d’une famille roumaine, se fait un nom aux côtés de Jack Kirby et Steve Ditko. Ce trio de choc fonde Marvel Comics. Mais avant ça, Stan Lee, dès l'âge de 17 ans, a trouvé du boulot chez Timely Comics, avant de s’engager dans la Seconde Guerre mondiale et d’exercer, par la suite, comme éditeur, dessinateur, entre autres.

 

Avec le trio, dans un secteur en pleine crise et dominé par les concurrents de DC, il crée Les Quatre Fantastiques, L’Incroyable Hulk, Spider-Man. La suite n'est que succès, national, international, intergalactique. Pari réussi aussi lorsqu'après des adaptations pas très réussies dans les années 80, les films Spider-Man et Blade font un carton et lancent la machinerie.

 

Le succès est davantage conséquent avec la création du Marvel Cinematic Universe plus de dix ans de cela, en collaboration avec les studios Disney, et le premier Iron Man. Dès lors, le monde entier, que l'on soit fan de comics ou pas, vit et meurt avec les films et séries Marvel, rejoint par la suite par DC Comics, des concurrents qui font aussi leurs preuves. On se consolera en voyant Stan Lee dans d’autres films puisqu'il aurait déjà tourné des cameos dans le prochain Spider-Man, Avengers 4 et Captain Marvel.

 

Bien sûr, les hommages ont plu depuis le décès, notamment du côté de la stratosphère Marvel (les acteurs et réalisateurs, les dessinateurs, graphistes, etc.). Mais aussi du côté des concurrents de DC Comics, qui ont même proposé des illustrations où l'on voit Superman, Flash et Wonder-Woman qui se recueillent sur la tombe de Stan Lee. C’est vous dire à quel point l'homme était respecté dans la sphère comic book et partout dans le monde…