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Une Mauricienne enceinte tuée à l’arbalète par son ex-mari en Angleterre | Sa cousine à Maurice : «Notre famille est sous le choc»

Sana Muhammad était séparée de son ex-époux, Ramanodge Unmathallegadoo, depuis sept ans. (Les photos que nous publions de la jeune femme et de son ex-époux ont paru dans plusieurs médias anglais).

Elle a trouvé la mort dans des circonstances terribles, atroces. Cette Mauricienne établie en Angleterre a été tuée d’une flèche d’arbalète par Ramanodge Unmathallegadoo, son ex-époux, le lundi 12 novembre. Enceinte de huit mois, elle a pu donner naissance à un petit garçon avant de mourir. Bouleversé, son entourage à Maurice et en Angleterre témoigne…

L’horrible nouvelle leur est tombée dessus telle une bombe. Balayant, détruisant tout sur son passage. Les parents de Sana Muhammad, des habitants de L’Escalier, sont désemparés, abasourdis de douleur depuis qu’ils ont perdu leur enfant unique, leur fille adorée. Autour d’eux, toute la famille à Maurice pleure cette jeune femme partie trop tôt, dans la plus atroce des circonstances. Les proches de la trentenaire en Angleterre sont tout aussi accablés depuis cette mort tragique. Le choc, le chagrin et la révolte les animent tous. Ici comme ailleurs, le terrible sort qu’a connu Sana Mohammad ne laisse personne indifférent.

 

La Mauricienne de 35 ans, établie en Angleterre depuis plusieurs années, enceinte de huit mois, a été tuée d’une flèche d’arbalète en plein cœur, le lundi 12 novembre, alors qu’elle se trouvait à son domicile à Newbury Park, Ilford, dans le sud-est londonien. L’auteur du crime n’est autre que son ex-mari Ramanodge Unmathallegadoo, 50 ans, de qui elle est séparée depuis sept ans. Il a accompli son terrible geste sous les yeux de l’actuel mari de la victime, Imtiaz Muhammad, et des cinq enfants de celle-ci, âgés de 17 ans, 15 ans, 12 ans, 4 ans et un an. Emmenée d’urgence à l’hôpital le plus proche, Sana Muhammad a pu donner naissance par césarienne à un petit garçon, Ibrahim, avant de rendre l’âme peu de temps après.

 

C’est à travers une proche que Kamna Bhukota, la cousine de la victime, a appris la mauvaise nouvelle. «Notre famille est sous le choc. Nous avons toujours du mal à croire qu’une telle chose a pu se produire. Cela fait plusieurs semaines que je n’ai pas eu de nouvelles de Sana mais auparavant, nous discutions assez régulièrement sur Facebook», nous confie la jeune femme, rencontrée chez elle dans le petit village du Morne. La dernière fois que sa cousine est venue en vacances à Maurice, dit-elle, «c’était il y a quatre ans». «Elle était venue passer des vacances avec Imtiaz et ses enfants. Nous avions tous passé de bons moments ensemble», raconte Kamna Bhukota. Elle poursuit, un brin nostalgique : «Li ti enn top kouzinn. Li ti ena bon leker ; li ti enn tifi bien dous.»

 

À l’Escalier, village où a grandi la victime, la nouvelle s’est vite répandue, semant la stupeur et la tristesse parmi ceux qui connaissaient Sana Muhammad, née Nishta Devi Seetaramdoo. Les parents de la trentenaire, rencontrés chez eux, n’ont pas voulu s’étendre sur le sujet tant ils sont bouleversés par la perte tragique de leur enfant. «Nous sommes fatigués de voir ce drame sur les réseaux sociaux, dans les journaux, d’en entendre parler à la radio. Nous nous préparons à prendre l’avion pour l’Angleterre et nous avons beaucoup de démarches à faire», nous a déclaré le papa, nous invitant à reprendre contact avec lui à son retour au pays.

 

Sana Muhammad n’avait pas eu une vie de tout repos mais était l’exemple même de la femme forte et courageuse qui avait appris à surmonter les obstacles et à se reconstruire après des années de martyr auprès d’un époux violent. Alors qu’elle s’appelait encore Nishta Devi Seetaramdoo et n’avait que 16 ans, elle s’était unie à Ramanodge Unmathallegadoo, un cousin éloigné, raconte Kamna Bhukota. Un mariage arrangé, précise cette dernière. Quelque temps après, le couple s’est envolé pour l’Angleterre afin d’y construire sa vie. «Ramanodge était infirmier et elle, elle avait opté pour l’enseignement. Elle avait travaillé comme institutrice pendant un moment mais avait fini par quitter son emploi parce qu’elle voulait se consacrer entièrement à ses enfants», confie sa cousine.

 

Séparation difficile

 

Même si elle était comblée d’être devenue maman, son couple battait de l’aile. «Son époux était bien plus âgé qu’elle. Ils n’étaient pas heureux ensemble», a d’ailleurs révélé un ami de la famille au site anglais MailOnline. La jeune femme était même malmenée par son mari d’alors, à en croire sa famille. «Nous avions appris qu’il la tabassait régulièrement mais de là où nous étions, nous n’étions pas en mesure de l’aider», se désole Kamna Bhukota.

 

N’en pouvant plus des coups que lui infligeait son époux depuis de nombreuses années, Devi Unmathallegadoo finira par mettre un terme à sa relation avec lui. «Ils vivaient ensemble dans la maison (à Newbury Park) mais il (Ramanodge Unmathallegadoo) avait déménagé après qu’ils se soient séparés», a confié l’ami de la famille à MailOnline. Après cette séparation difficile et douloureuse, elle s’était peu à peu reconstruite et avait décidé de refaire confiance à la vie mais surtout à un autre homme. Elle avait refait sa vie auprès d’Imtiaz Muhammad, un Pakistanais qui l’avait beaucoup soutenue lors de son divorce, se faisait désormais appeler Sana Muhammad et goûtait enfin au bonheur. «Elle s’était convertie à l’islam afin de pouvoir l’épouser. Leur mariage était un mariage d’amour.»

 

Durant leurs sept années de vie commune, deux enfants ont vu le jour et un troisième était prévu pour le mois prochain. «Sana et Imtiaz étaient très heureux. Ils aimaient être entourés des enfants. Nous avions tous l’habitude de passer du temps ensemble et de partager nos repas», a confié l’ami du couple au site anglais. Tout allait pour le mieux jusqu’à ce que le passé de la jeune femme vienne la rattraper ainsi que sa famille d’une terrible manière.

 

Ce lundi 12 novembre, vers 7h30, les membres de la famille Muhammad vaquaient chacun à leurs tâches quotidiennes. En allant ranger une boîte en carton dans le cabanon, Imtiaz Muhammad est tombé sur Ramanodge Unmathallegadoo qui s’y était caché. Ce moment, il s’en souviendra toute sa vie. «Il s’y trouvait. Il tenait l’arbalète chargée. Il me fixait, était sur le point de tirer, donc je me suis rué vers la maison.  Ma femme faisait la lessive ; j’ai hurlé “cours, cours, cours”. Il lui a tiré dessus», a confié l’homme de 42 ans au journal anglais The Evening Standard. Rongé par la culpabilité, il a ajouté : «Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’elle a pris ma flèche. Peut-être qu’elle aurait dû m’atteindre. Les enfants étaient tous là, c’était horrible.»

 

Alertés par les hurlements du quadragénaire et ses appels à l’aide, des voisins ont alerté la police. Cette dernière est arrivée très vite et a maîtrisé Ramanodge Unmathallegadoo. Entre-temps, Sana Muhammad, dont l’abdomen avait été perforé, a été conduite d’urgence à l’hôpital le plus proche. «La flèche lui avait transpercé le cœur mais n’avait pas atteint le bébé, qui devait naître dans quatre semaines. Ils ont conduit l’opération avec la flèche toujours à l’intérieur car cela aurait été trop risqué de l’enlever», a relaté Imtiaz Muhammad, toujours à The Evening Standard. L’état de santé du petit Ibrahim, né dans des circonstances exceptionnelles, était dans un premier temps critique. Mais à jeudi, selon des sources de Scotland Yard, son état s’était stabilisé. Pour le moment, il reste en observation.

 

À Newbury Park, ceux qui côtoyaient Sana Muhammad gardent d’elle l’image d’une femme exceptionnelle. Nisa Khan, sa voisine, a raconté à The Evening Standard qu’«elle était plus une sœur qu’une amie». «Cela faisait environ sept ans que nous nous connaissions. Elle était une jeune femme, une mère et une épouse adorable. Je ne l’ai jamais vue se fâcher. Elle souriait toujours, même dans les moments difficiles. Tout le monde doit quitter ce monde ; mais la manière dont elle est partie nous fait beaucoup de peine. Nous ne l’oublierons jamais.» Pour Imtiaz Muhammad, elle était tout simplement «une mère et une femme exceptionnelle». «Nous étions inséparables, dit-il. Cela me brise le cœur.»

 

Nous n’avons pu retrouver la famille de Ramanodge Unmathallegadoo à Maurice pour une déclaration. Et d’après le Dayton Daily News, il n’aurait pas encore donné le motif derrière ce crime atroce. Il a comparu devant la Cour de Barkingside Magistrates pour meurtre le mardi 13 novembre. Il reste en détention policière en attendant d’être jugé pour meurtre l’an prochain, d’après la presse britannique. Un meurtre atroce qui prive à jamais cinq enfants de leur maman et toute une famille d’un être cher à son cœur.

 

Violence à l’égard des femmes : Une journée pour prendre conscience

 

Alors même que les femmes continuent à être martyrisées et tuées, n’oublions surtout pas cette date très symbolique : le 25 novembre. C’est celle de la Journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes. Une bonne occasion de prendre conscience de la situation à Maurice et ailleurs, de réfléchir à des solutions pour sortir ces femmes de là et de rendre hommage aux victimes, qu’elles soient mortes ou encore en vie.

 

Vente d’arbalète : Theresa May promet de réexaminer les lois

 

Les circonstances dans lesquelles Sana Muhammad a trouvé la mort ont choqué les Britanniques au plus haut point. Si bien que le mercredi 14 novembre, Wes Streeting, député d’Ilford Nord et membre du Labour Party, a évoqué le meurtre de la trentenaire au Parlement. Il a réclamé à la Première ministre (PM) Theresa May, la répression des ventes d’arbalètes et d’amender les lois quant à leur utilisation car elles sont, pour l’heure, très accessibles. À cela, la PM a répondu : «Les arbalètes sont soumises à des contrôles stricts mais nous examinerons les risques que de telles armes présentent pour la sécurité publique et si d’autres mesures seront nécessaires.» À savoir que contrairement aux armes à feu, les arbalètes sont soumises à des règlementations limitées lorsqu’elles sont mises en vente et sont disponibles en ligne pour tout individu âgé de plus de 18 ans.