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Un an depuis la disparition tragique de Soopramanien Kistnen - Hansley, son fils : «Mo gard lespwar pou kone ki sannla inn tir lavi mo papa»

Dernière photo de famille à l'occasion du 16e anniversaire de l'adolescent.

Le 14 octobre, il a eu 17 ans. Mais c’était un anniversaire empreint de tristesse car ce jour-là ont aussi commencé les activités marquant le premier anniversaire de la disparition de son père qui était porté manquant depuis le 16 octobre 2020, avant d’être retrouvé mort deux jours plus tard dans un champ de cannes à Telfair. Rencontre avec Hansley, l’enfant unique de Soopramanien Kistnen, qui ne mâche pas ses mots et réclame la vérité sur la mort de son père.

Un an qu’il pleure son père. Un an qu’il attend de savoir comment ce dernier est mort exactement. Un an qu’il attend que justice soit rendue après ce drame. Car jusqu’ici, malgré toutes les révélations qu’il y a eues dans l’affaire Soopramanien Kistnen, notamment celles prouvant son assassinat, ceux qui ont fait le coup courent toujours. «Mo anvi konn la verite. Mo gard lespwar pou kone ki sannla inn tir lavi mo papa. Li pa ti merit sa», martèle Hansley, l’unique enfant de l’activiste politique, âgé de 17 ans. Il insiste pour connaître les circonstances entourant le décès tragique de son père et souhaite que ceux qui l’ont sauvagement assassiné soient arrêtés et traduits en cour pour que justice soit faite.

 

La dépouille de son père, un chef agent du MSM au no 8, avait été retrouvée calcinée dans un champ de cannes à Telfair, Moka, le 18 octobre 2020. Il était porté disparu depuis le 16 octobre, soit deux jours après le 16e anniversaire de son fils. L’affaire avait d’abord été traitée comme un suicide, avant que l’enquête policière ne s’oriente vers la thèse d’un meurtre et débouche sur une enquête judiciaire après un combat acharné de son épouse Simla et des «Avengers» (le groupe d’avocats qui la défend).

 

De kamarad

 

Depuis, Hansley voit le monde différemment. Il a pris conscience brutalement que la vie ne faisait pas seulement des cadeaux et qu’elle pouvait être bien cruelle. Mais malgré son jeune âge, il refuse de baisser les bras et compte se battre jusqu’au bout pour faire honneur à son père. «Je suis enfant unique. J’avais une relation très amicale avec mon père. Nou ti pe viv kouma de kamarad. Nous étions inséparables», raconte le jeune homme qui a soufflé ses 17 bougies le 14 octobre, le jour même où les activités marquant le premier anniversaire de la disparition de Soopramanien Kistnen ont commencé.

 

Sa mère Simla a organisé une soirée de prière à leur domicile, à Montagne-Ory, ce jour-là en mémoire de celui qui les a quittés de manière tragique et aussi de tous ceux qui ont connu une fin atroce. C’est d’ailleurs le cœur gros qu’Hansley revient sur les événements de l’année dernière à la même époque. «Mes cousines avaient organisé une fête d’anniversaire surprise pour marquer mes 16 ans. Cette fête a été la dernière avec mon père», lâche tristement l’adolescent. Son père était rentré à la maison le même jour après s’être fait opérer au laser la veille pour faire se enlever des pierres aux reins.

 

Deux jours plus tard, il a appris la mystérieuse disparition de son père. Et après deux autres jours encore, il a vécu la pire journée de sa vie avec la découverte macabre à Telfair, Moka. Hansley était alors en plein examens du School Certificate. «Li pa ti fasil ditou. Mo ti pe bizin revize ek an mem tan get mo mama. Li ti bien difisil mantalman me monn resi pas mo lexame ek 28 initie. Mo ti pe expect mwins inite me lamor mo papa inn afekte mwa boukou. Mo fier kan mem monn resi gagn credit partou», confie le jeune homme.

 

Plus jamais la même vie

 

Du courage, il en a beaucoup, même s’il donne parfois l’impression du contraire. Avec le soutien inconditionnel de sa mère Simla et des autres membres de sa famille, Hansley a décidé de continuer ses études au MGSS, à Moka, car l’environnement, dit-il, lui convient. Pour ses classes de Higher School Certificate, il a choisi les mathématiques, la sociologie et le français comme matières principales et Computer Studies comme sujet subsidiaire, en plus du General Paper. Son choix de carrière, il le fera plus tard, dit-il. «Mes amis et mes enseignants ne m’ont jamais mis dans l’embarras après le décès de mon père. Je les remercie d’ailleurs pour leur compréhension», souligne Hansley.

 

L’adolescent, conscient que sa vie ne sera plus jamais la même, garde toutefois de très bons souvenirs de ses moments passés avec son père qu’il décrit comme formidable, attentif, aimant. «On assistait ensemble aux spectacles de la troupe Komiko les vendredis. Il m’emmenait faire de l’équitation dans un centre à Forbach les dimanches. Il m’emmenait aussi à des concerts. Mon père était un grand fan de Kaya et de Bam Cuttayen. Il aimait également Jean-Claude Gaspard et Désiré François», souligne Hansley qui a participé à l’émission Ti Mambo à 8 ans en interprétant la chanson Bhai Aboo de Claudio Veeraragoo.

 

Sa douleur d’avoir perdu son père est toujours aussi intense aujourd’hui. Et il tient à remercier tous ceux qui les soutiennent dans cette étape difficile, sa mère, lui ainsi que leurs proches. Cela leur apporte du baume au coeur, dit-il. Il revoit encore son père, le matin de sa disparition, gai et souriant en allant travailler et lui disant à bientôt. Mais il n’est jamais rentré. Laissant derrière lui un vide énorme et des coeurs en lambeaux.

 


 

Simla Kistnen : «Bondie pou fer nou gagn la zistis»

 

Elle est au four et au moulin en ce jeudi après-midi pour finaliser les préparatifs avant la veillée de prière à son domicile. Simla Kistnen est d’ailleurs très sollicitée pour régler les derniers petits détails pour que tout soit parfait. «Cette soirée de prière est organisée à la mémoire de tous ceux qui ont connu une fin atroce», explique la veuve de Soopramanien Kistnen, le cœur rempli de tristesse. Et d’ajouter : «Bondie pou bizin fer nou gagn la zistis. Bann kriminel inn kokin lavi mo misie. Zot inn kokin so bann rev ek proze pou nou zanfan me mo gard lespwar. Nou pou bizin konn la verite. Zame mo pa pou fini remersie bann “Avengers”. Zot pou touzour dan mo lapriyer.»

 


 

Mission accomplie pour les «Avengers»

 

Les trois événements organisés par les «Avengers» et Simla Kistnen pour commémorer le premier anniversaire de la disparition et de l’assassinat de l’agent politique ont connu un franc succès. Après la veillée de prière le jeudi 14 octobre et le dépôt de gerbes et le dévoilement d’une stèle à Telfair, Moka, le vendredi 15 octobre, la manifestation symboliquement de 100 personnes le samedi 16 octobre, devant l’hôtel du gouvernement, et par groupes de 10 dans plusieurs régions du pays a également été une réussite. La présence des membres de l’Alliance de l’Espoir dans les rues de Port-Louis n’est pas passée inaperçue après leur participation à Moka également, la veille.

 

Rama Valayden, coordinateur de l’équipe des «Avengers», avait sillonné l’île en compagnie de ses acolytes ces dernières semaines pour mobiliser les troupes. Lors d’un discours de circonstances, l’avocat a invité le Premier ministre à offrir un reward money pour permettre à la police d’avoir des informations sur les assassins de son ancien chef agent au no 8. «Mo lans li enn apel si vremem li anvi konn la verite lor lamor Kistnen», martèle Rama Valayden. Les «Avengers» ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Après l’affaire Kistnen, ils vont s’attaquer à d’autres sujets brûlants, notamment les affaires Kanakiah et Mooniaruth. Sans oublier l’accident mortel de Marcelin Humbert dans des circonstances troublantes. Leurs proches comptent aussi sur les «Avengers» pour faire éclater la justice.