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Sous les ailes de Roland-Garros

Jean-Bernard Grondin est un des initiateurs de cet échange.

Cet enfant des îles au parcours impressionnant, reconnu dans le monde entier, est désormais un peu plus connu de nombreux petits Mauriciens...

Des rires d’enfants. Une joyeuse mélodie qui guide dans le dédale des couloirs d'école que nous empruntons pour nous rapprocher. Dehors, à Saint-Pierre, le temps s'est paré de gris. Une pluie fine mouille l'herbe et fait tournoyer dans l'atmosphère ce parfum boisé spécifique d'un début d'averse. Dans quelques minutes et plusieurs pas plus loin, la grisaille sera oubliée pour une ambiance festive, un moment ludique simple et pédagogique, qu'ont vécu cette semaine de nombreux enfants de l'île. Une équipe réunionnaise a partagé avec eux leur jeu de l'oie grandeur nature en hommage à l'aviateur renommé né à La Réunion, Roland Garros, dont le centenaire de la mort est commémoré, cette année. Eh oui ! Celui qui est reconnu comme un des plus grands aviateurs de son temps est bien un enfant des îles…

 

C'est vrai, néanmoins, que l'on ne retient pas – pour la plupart d'entre nous – ses prouesses dans l’air (pourtant, elles sont nombreuses). Ce qui reste en mémoire, ce qui donne l'impression de connaître Roland Garros, c’est le fameux tournoi de tennis qui porte son nom (voir hors-texte). Les élèves du primaire ont, certainement, découvert cette anecdote. Comme beaucoup d'autres informations intéressantes sur l'aviateur qui s’offre un voyage dans le temps et s’impose comme un role model terriblement actuel. Qui fait rêver, qui inspire. Une star d'une autre époque qui peut encore illuminer. «C'est un jeune au parcours improbable. Magnifique. Qu'il a construit à force d'innover, de s'enrichir de savoirs, de poursuivre ses rêves… Il est question de courage, de passion, d'endurance, de vaillance, de victoires», explique Jean-Bernard Grondin, vice-présidente d'Air Trois Air. Cette association, qui regroupe des collectionneurs, est à l'origine des activités autour du centenaire de la mort du Réunionnais (voir texte plus loin pour en savoir plus sur Air Trois Air). 

 

À l’École du Centre, une dizaine d'enfants sont réunis dans un espace grand et ouvert. À leurs pieds : un immense jeu de l'oie. Chaque case donne une information sur la vie de Roland Garros, né en 1888, et le contexte historique dans lequel il a évolué. Pour avancer par groupe sur le jeu, il faut lancer des maxi dés colorés. C'est animé, c'est marrant ! Ça danse, ça pose des questions. C'est une autre façon d'apprendre et de découvrir, et les petits aiment visiblement ça : «Découvrir le destin formidable d'un enfant des îles, c'est motivant, ça inspire. J'invite les parents à le faire découvrir à leurs enfants : un tour sur Internet et vous tomberez vite sur la documentation nécessaire. Elle est abondante.» De case en case, les histoires sur Roland Garros sont partagées par l'animateur du jeu. Ses péripéties – ses jeunes années à Saïgon, l'actuel Vietnam –, son arrivée en France pour guérir sa pneumonie à 12 ans, ses études, ses découvertes…

 

Mais aussi sa passion pour les voitures (il devient concessionnaire Bugatti alors qu'il a 21 ans) et son rêve de vol, surtout. Son amour pour les avions lui prend au cœur comme une évidence. Il travaille alors pour se payer ses tours en l'air, expérimente et fabrique ses oiseaux de fer, ses avions volants de bric et de broc, tellement fragiles, tellement merveilleux pour l'époque : «On volait et on se crashait, ça ne tenait à rien à cette époque. Ses idées sont révolutionnaires.» Il dévoile son envie et ses ailes, s'engage lors de la Première Guerre mondiale, crée le premier avion de chasse (avec des tirs qui passent malgré les hélices), est fait prisonnier pendant trois ans, s'échappe et continue la bataille.

 

Un peu à l'écart des élèves, Jean-Bernard Grondin parle de ce jeune au destin fulgurant, mort le 5 octobre 1918 en plein combat. À une journée de son trentième anniversaire. Et à quelques semaines de l'armistice du 11 novembre. Un destin hors norme. C’est celui de Roland Garros. À l'époque, dans les meetings d'avion, il est le Lewis Hamilton de la F1, explique-t-il. Pour pouvoir faire le lien. L'aviation ? C'est «le graal du moment». Le truc wow de ces années-là. En termes contemporains, on pourrait faire le parallèle avec la conquête spatial.

 

Jean-Bernard Grondin pourrait parler des heures des détails d'une histoire riche dont la brièveté ne se compte qu'en années, pas en exploits. Roland Garros veut rejoindre La Réunion en avion. D'ailleurs, il fera le premier vol intercontinental en 1913, en traversant la Méditerranée (de Fréjus à Bizerte). Des informations sur le monde, qui interpellent les enfants. Ils veulent en savoir plus. Ça fera des histoires à raconter à la maison. Et des prouesses auxquelles on peut rêver. C'est pour partager cette belle aventure qu'Air Trois Air a souhaité venir à Maurice. Si, pour l'instant, seules les écoles du circuit français ont bénéficié de cette activité, le vice-président de l'association souhaite revenir pour élargir le partage : «Entre les îles, il y a un partage de cultures important à vivre. Une façon de s'enrichir mutuellement et ensemble. Il y a de belles passerelles à mettre en place.»

 

Et si, en plus, ça peut faire naître des rires d'enfants…

 


 

Air Trois Air : une histoire de passionnés

 

C'est une bande d'amoureux de la vie et des choses. Philatélistes, collectionneurs et monteurs de maquettes d’avion, fans de l’histoire… Ils ont décidé de promouvoir l'histoire de Roland Garros à travers de nombreuses activités à La Réunion.

 


 

Match Garros

 

Non, Roland Garros n'était pas le Rafael Nadal de son temps. Il n'était pas très bon joueur de tennis. Même s'il était au top en rugby, au football et en cyclisme (quel homme accompli) ! C'est après sa mort qu'Émile Lesieur, qui était son ami, s'engage dans la construction de ce stade et le nomme en l’honneur de son ami mort en héros. Émile Lesieur a combattu pendant la Première Guerre mondiale avec Roland Garros. La guerre finie, il devient président du Stade français (en plus de son entreprise d'huile), et est chargé par Pierre Gillou, président du Racing Club de France, de construire un nouveau stade pour accueillir la finale de la mythique Coupe Davis de 1928.