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Somayah Seetanah, 88 ans, mortellement poignardé lors d’un vol : Des adieux émouvants à «un homme droit et sans histoire»

La macabre découverte a été faite au domicile de la victime, à Pailles, vendredi matin.

Le mobile du crime reste à être déterminé. Même si, pour l’heure, la police privilégie la thèse du vol ayant mal tourné. Le vendredi 17 mai, le corps sans vie de Somayah Seetanah, un octogénaire vivant seul, a été découvert par ses proches à son domicile à Pailles. Il avait été poignardé à la nuque. Soupçonné, Sachyen Ramasamy, son petit-fils de 37 ans, a été placé en détention. Bouleversé de l’avoir perdu dans de telles circonstances, l’entourage du vieil homme témoigne…

Cette image horrible, celle de son corps ensanglanté et sans vie, ils ne pourront jamais l’effacer de leur mémoire. C’est ainsi que les proches de Somayah Seetanah, 88 ans, l’ont découvert dans la matinée du vendredi 17 mai, dans sa maison, à Pailles, où il vivait seul.

 

Depuis, ils sont plongés dans un abîme de tristesse et d’incompréhension. Car celui qu’ils appelaient affectueusement Tata était un homme droit et sans histoire. Pourquoi donc l’a-t-on tué ? se demandent-ils inlassablement. Est-ce le résultat d’un vol ayant mal tourné ? À ce stade de l’enquête, c’est la piste privilégiée par les limiers car la maison de l’octogénaire était sens dessus dessous.

 

Durant les heures ayant suivi la découverte macabre, les enquêteurs ont arrêté Sachyen Seetanah, le petit-fils de la victime, âgé de 37 ans, et l’ont placé en détention à Alkatraz (voir hors-texte). Les soupçons se sont portés sur lui car il est le seul des proches de Somayah Seetanah interpellés par les enquêteurs après le drame à avoir des antécédents de vol. Mais pour l’heure, il nie avoir tué le vieil homme. Et les autres membres de sa famille ne sont guère convaincus qu’il soit le coupable, car personne, disent ceux à qui nous avons parlé, n’a jamais eu de problème avec lui, encore moins son grand-père. Ils rejettent la thèse de vengeance après une éventuelle distribution d’héritage dont le petit-fils en question aurait été le seul privé. Ce n’est pas vrai, disent-ils (voir plus loin).

 

Cela faisait plusieurs années que Somayah Seetanah, un ancien salesman de Coca-Cola, vivait à l’avenue St Vincent de Paul, à Pailles. Depuis le décès de son épouse, qui a succombé à une attaque il y a environ 20 ans, il vivait seul et n’avait jamais refait sa vie. S’il avait toujours été quelqu’un d’indépendant et de débrouillard, il bénéficiait tout de même de l’aide de ses proches, domiciliés dans les maisons avoisinantes, au quotidien.

 

Réglé comme une horloge, l’octogénaire avait des habitudes bien établies. C’est pour cela que tous les matins, aux alentours de 9 heures, sa belle-fille Swaleha se rendait chez lui pour lui donner le petit déjeuner. «Vu qu’il était âgé, nous lui préparions le thé et de quoi manger. Nou ti donn li so Weetabix. C’était notre routine», dit-elle. Mais ce matin-là, les choses se sont passées différemment. «J’ai frappé en arrivant. Mais il n’est jamais venu m’ouvrir, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Vu que la porte était déjà entrouverte, j’ai demandé à l’un de ses petits-fils, qui habite à côté, de m’aider car j’éprouvais des difficultés à la pousser. Nous nous sommes ensuite introduits dans la maison.»

 

Une fois à l’intérieur, les proches de Somayah Seetanah constatent quelque chose d’inhabituel. Son armoire a été vidée et son lit est recouvert de vêtements. Mais pas de trace du vieil homme. «Je pensais qu’il était aux toilettes mais, vérification faite, il ne s’y trouvait pas. Peu de temps après, son petit-fils m’a dit qu’il a eu l’impression de l’avoir vu sur le lit, sous les draps», raconte Swaleha. C’est là qu’elle fait la sinistre découverte qui lui glace le sang. «J’ai enlevé la serviette et le drap qui le recouvraient. Monn trouv plin disan. Mo finn gagn sok.» Sans perdre de temps, elle informe sa belle-sœur Devi, qui vit à côté, ainsi que son époux Gajaraj (NdlR : le fils de la victime). Ce dernier, qui est déjà parti pour le travail, rebrousse aussitôt chemin. «Quand j’ai vu mon père dans une mare de sang, j’ai compris qu’il avait été tué. Li inposib ki enn maladi fer dimounn perdi disan koumsa.» Les services de police sont alors alertés.

 

Lorsque les limiers du Scene of Crime Office (SOCO), de la brigade criminelle et de la Major Crime Investigation Team (MCIT) arrivent sur place pour un examen des lieux, ils privilégient rapidement la thèse du meurtre. La scène de crime est ensuite délimitée pour permettre le recueil des indices susceptibles de faire progresser l’enquête. Un vêtement maculé de sang est d’ailleurs découvert lorsque la maison est passée au peigne fin. Celui-ci est récupéré à des fins d’analyses.

 

Par la suite, le corps de Somayah Seetanah est envoyé à la morgue de l’hôpital Victoria, pour une autopsie. Celle-ci, pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médicolégal de la police, a confirmé l’acte criminel car elle démontre que la victime est décédée des suites d’une stab wound to the neck. Un verdict qui plonge son entourage dans un trouble profonde car l’octogénaire «n’avait aucun ennemi. Li ti pe viv drwat avek tou dimounn».

 

Crime atroce

 

Une autre question taraude la famille Seetanah : à quel moment ce crime sordide a-t-il été commis ? Car la veille, dans la soirée, ils s’étaient tous réunis au domicile de Devi jusqu’à fort tard. La famille avait organisé une petite fête en l’honneur du petit-fils de Somayah, qui devait prendre l’avion le lendemain matin pour rentrer chez lui, à l’île de La Réunion. «Plusieurs proches étaient présents ; mon épouse et moi-même, mais aussi ma sœur, mes neveux et nièces. Nous avons dîné et bu quelques bières. Je suis rentré chez moi aux alentours de 22 heures, et mon père a été raccompagné chez lui par mes neveux vers minuit», relate Gajaraj.

 

Scandalisé par les circonstances dans lesquelles son père a trouvé la mort, il ne sait plus quoi penser : «Sa ankor dan mo latet. Pa fasil sa. Qui a bien pu lui faire une chose pareille ? Seuls Dieu et mon père le savent. Pourtant, il était un homme bon, qui s’était toujours très bien occupé de sa famille. Mo bien sagrin, mo pa konpran kouma enn dimoun finn kapav fer enn zafer koumsa avek mo papa.»

 

À l’heure où nous mettions sous presse, le mobile de ce crime atroce n’avait pas encore été établi avec certitude, même si la thèse du vol ayant mal tourné est privilégié. «Aucun vol ne s’est jamais produit chez lui, ni dans les environs au cours de ces dernières années. D’autant que mon père avait toujours son alliance au doigt lorsque nous avons découvert son corps. Pour le moment, nous ne sommes pas encore en mesure de déterminer si ses effets personnels ont disparu», dit Gajaraj.

 

Il écarte également la possibilité qu’il puisse s’agir d’un règlement de comptes. «Il ne rencontrait jamais personne en dehors de la famille. Il souffrait de diabète et d’hypertension, et ne sortait jamais de chez lui. Il ne fréquentait pas les clubs de 3e âge, n’allait jamais faire les courses, et c’est l’un de mes neveux qui se chargeait de ses transactions bancaires. Même ses coupes de cheveux se faisaient à domicile. Li pa ti ena okenn vis nanyen.»

 

Les funérailles de Somayah Seetanah ont eu lieu le samedi 18 mai. Il laisse derrière lui trois fils et deux filles, ainsi que des petits-enfants, pour aller rejoindre son épouse et leurs trois enfants déjà décédés.

 


 

Sachyen Ramasamy, le petit-fils, reconduit en cellule 

 

 

Plusieurs proches de la victime ont été entendus par les enquêteurs suite à la découverte du corps sans vie de Somayah Seetanah, le vendredi 17 mai. Mais si les autres ont été autorisés à rentrer chez eux après avoir donné leur version des faits à la police, tel n’a pas été le cas pour Sachyen Ramasamy, le petit-fils de l’octogénaire. Celui-ci ayant des antécédents de vol, les enquêteurs ne l’écartent pas comme potentiel suspect dans cette affaire. D’autant qu’à ce stade de l’enquête, la thèse du vol ayant mal tourné est privilégiée. Après avoir passé la nuit en détention à Alkatraz, Sachyen Seetanah a comparu en cour le samedi 18 mai sous une accusation provisoire de meurtre. Il a ensuite été reconduit en cellule, car la police a objecté à sa remise en liberté.

 

Père de deux enfants, le trentenaire, maçon de profession, est revenu vivre chez sa mère Devi (NdlR : la fille de la victime), il y a environ quatre ans, après s’être séparé de sa compagne. Si certaines sources avancent qu’il aurait pu en vouloir à l’octogénaire parce que ce dernier ne lui aurait pas laissé d’héritage, d’autres membres de la famille indiquent que ça ne peut pas être vrai. «Tata n’a jamais parlé de faire le partage de ses biens. Il avait juste dit que ses enfants n’auraient qu’à s’arranger entre eux à sa mort pour le partage du terrain.» Le suspect n’aurait de problème avec personne, excepté qu’il se disputerait souvent avec sa mère «car celle-ci lui disait qu’il était temps qu’il aille vivre ailleurs alors que lui souhaite récupérer une partie de sa maison».

 

Selon Gajaraj, son père et Sachyen n’ont jamais eu d’accrochage ou de différend. «Ils ne se sont jamais disputés à ma connaissance ; sinon, mon père m’en aurait parlé. Zame mo papa inn pous li, mem si li ek so mama ti diskite souvan.» Il décrit le jeune homme comme quelqu’un de bien : «Se enn bon garson, li ti kontan koze riye avek mo papa.»

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