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Sitar, «music for the soul»

Cet expert aime partager ses connaissances.

Cet instrument éveille les sens et rappelle à l’essence de la vie. Et on apprend à en jouer dans une école de Vacoas…
 

Parfum d’encens. Curiosité qui pétille. À Vacoas, la température est fraîche mais l’accueil de Jayeraz Santokheet est chaleureux. Pour entrer chez lui, il faut se déchausser. Alors, on enlève ses chaussures, on laisse derrière soi ses idées reçues. On ouvre son esprit et son cœur. Pour créer un terreau fertile à la découverte, c’est essentiel. Et ça fleurit de sons et de mots. Dans son salon, dont le sol est recouvert de tapis épais et confortables, se trouvent ses élèves du jour. Elles joueront du sitar lors d’un concert d’exception qui se tiendra le samedi 8 septembre au Mahatma Gandhi Institute (MGI) : Contemplation : A Handpan and Sitar Concert du Yogi Tamy Chuckravanen (voir hors-texte). Il s’agit d’un  concert de musique contemplative : méditation et musique sont indissociables, estiment les organisateurs. Mais ce matin-là, ce n’est pas encore le grand soir. Pour les minutes de la classe, il est question d’apprivoiser son être et son sitar, décrit comme étant un luth typique de la musique hindoustanie. …

 

Mais aussi et surtout d’écouter Jayeraz Santokheet. Lui, parle de la musique qui touche l’âme, celle qui fait du bien, celle qui nourrit les émotions, celle qui se nourrit des sentiments. Il parle de musique en termes génériques : «Il n’y a pas de types de musique, il n’y a que de la musique et elle est sacrée.» Avec elle, pas de faux-semblant : «S’il y a une fausse note, on l’entend tout de suite.» Elle est de la nourriture pour l’âme, une ouverture vers la méditation : «Apprendre à jouer, c’est comme apprendre à prier.» Le son d’une ravann, comme celui d’un sitar, a le même but : «Exprimer ce que l’on ressent. Life is love, love is life. If music is the food of love, then music is life», lance-t-il, en paraphrasant en partie William Shakespeare. Oui, il faut se préparer lors d’une leçon à «l’école» de Jayeraz Santokheet à s’ouvrir à sa parole : «Ici, on joue mais on parle aussi. C’est 15 % de musique, 85 % pour l’humain.» C’est la beauté de la rencontre. L’approche touche  et éveille les sens. Et c’est ce voyage en terre intérieure qui passionne ses élèves…

 

Parmi, Anita Balachandran, à Maurice depuis quatre ans et demi. Le sitar, elle l’a touché il y a 35 ans, alors qu’elle était une jeune fille dans son pays natal, l’Inde : «Ça faisait de nombreuses années que je n’y avais pas joué.» Ici, dit-elle, elle a trouvé «the peace of the instrument». Amrita Motay a, elle, fait ses débuts, il y a quelques années. La musique, ça a toujours été sa passion, son refuge. Mais il fallait trouver du temps pour s’y adonner. Depuis la retraite, elle s’offre ce plaisir. Et les classes chez Jayeraz Santokheet, c’est son île de bonheur : «C’est un bien-être général. Mentalement et physiquement.» Sarod Lallbeeharry, elle, aime la sensation de paix qui la submerge quand elle joue de cet instrument et les échanges avec celui qu’elle appelle le guru. Lui expliquera : «A guru is a man of solution.»

 

D’ailleurs, c’est lui qui accorde les sitars avec doigté avant le début de la classe : «C’est le plus dur. Il faut avoir l’oreille.» Il nous parle de cet instrument qui se trouve au centre de sa vie – «c’est ma première femme» –, nous laisse admirer ses courbes, ses dessins et ses apparats (c’est un bel instrument). Parle de ses fils, de sa résonnance, de ses notes, de ses gammes, de sa richesse et de la facilité de se lancer, en apparence : «Le sitar est l’instrument le plus facile à apprendre mais sûrement le plus difficile à maîtriser.» Et s’amuse à nous faire entendre des titres connus : Happy Birthday et J’entends Siffler le Train. Dans un souffle, il lance «Un, deux, trois…» et guide ses élèves au soin de sa voix qui égrène les notes pour un Sai Bhajans, «a devotional composition» : on retrouve les notes connues : sa, re, ga, ma, pa, dha, ni, saa (do, ré, mi, fa, sol, la, si, do).

 

Des sons qui apaisent, des sons qui revigorent. Il est facile de se laisser emporter par la beauté des accords. On le sent : si on le souhaite, ces envolées lyriques peuvent donner envie de se lancer dans un voyage intérieur… parfumé à l’encens.

 

Jayeraz Santokheet : d’amour et de musique

 

Il se rappelle de son «il était une fois.» Mais ne veut pas en préciser l’année, préférant cultiver le mystère : «C’était il y a très longtemps.» On dira donc qu’à ce moment-là, Jayeraz Santokheet est un peu plus jeune. Chez lui, on aime la musique, alors il joue un peu de guitare en amateur, «mo ti pe grat-grate». Il se contente de ça jusqu’à ce que son frère ramène un sitar à la maison. Et là, l’idée de sa vie lui vient ; il s’inscrit à l’Indian School of Music and Dance, qui deviendra le MGI,  pour apprendre à jouer de cet instrument. «C’était un coup de foudre», assure-t-il.

 

Diplômé en Classical Music, il deviendra Assistant Instructor puis Senior Performing Artist au MGI, lancera une école de formation, formera des professionnels en Afrique du Sud (y organisera, même, un récital), voyagera beaucoup pour partager sa musique (île de La Réunion, Libye, Chine…), fera un disque, Echo Of A Village, de ses propres compositions (des classiques et des semi-classiques), entre autres. C’est lui qui lancera les premiers spectacles de sitar dans les hôtels. Et avec son Santokheet Orchestra, il joue, aujourd’hui, un peu partout dans l’île et est très demandé !

 

Ça vous dit d’apprendre le sitar ? Jayeraz Santokheet rassure : sa maison et son savoir sont disponibles pour tous ceux qui veulent apprendre. Inutile d’être végétarien pour jouer de cet instrument, précise-t-il.

 

Un événement magique

 

Pour un moment de douceur et de paix. C’est celui que vous propose le Yogi Tamy Chuckravanen. Un concert de musique contemplative car méditation et musique sont indissociables. «Il se propose de nous emmener pendant près de deux heures dans un univers où les résonances de sa musique agiront sur le cerveau et les chakras pour nous plonger dans un état méditatif, voire contemplatif, pour ainsi, nous promulguer une sensation de paix intérieure et bien-être», confie Jennifer Wong, porte-parole de l’événement.    

 

Le Contemplation : A Handpan and Sitar Concert aura lieu au Mahatma Gandhi Institute à Moka, le samedi 8 septembre, à 18 heures. Les billets sont en vente à Rs 250 par personne dans le réseau Otayo (pour plus d’informations, appelez le numéro suivant : le 466 9999). Vous voulez en savoir plus ? Sachez que des instruments aux belles sonorités vous accompagneront : le handpan – des coupelles métalliques fermées –, le sitar et le tabla pour une harmonie reposante. L’objectif de ce moment unique ? Parler à votre «inner world» : «Les morceaux sur lesquels le Yogi a travaillés lui-même sont mystiques et ont pour but de toucher l’organisme dans sa profondeur, ce qu’il appelle notre inner world.»

 

Une note d’histoire

 

Selon une légende (c’est la plus répandue), le sitar aurait été créé par un poète-mystique-musicien du nom d’Amir Khusrau au xllle siècle. Mais on en parlerait dès l’ancient India sous différents noms : devadattaa, maruyashti, mahati, parivaadini, saptatantri, entre autres.