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School of Ecology : L’espoir qui fleurit

Dany et Yvan optent pour le changement politique.

Alors que la crise climatique laisse des traces partout et que les scénarios catastrophistes se multiplient, il est possible de croire en une lumière…
 

Elle fissure la terre. Se tourne vers le soleil et étend ses minuscules feuilles vers les rayons. Une nouvelle pousse, un nouvel espoir. Malgré son apparente fragilité, petit bout de rien, elle a la force des vies nouvelles. Pour créer de rien, pour faire grandir, les cellules se mobilisent, les étoiles s’alignent... Cette gestation de la terre est celle de ces mouvements qui s’éveillent depuis plusieurs mois pour demander aux décideurs de trouver de réelles solutions à la crise du climat. Pour éveiller les consciences individuelles, également. Pour sauver notre lakaz mama. Pour sauver l’humanité. Dans notre île, cette semaine, pour participer à ce mouvement mondial, pour s’inscrire dans ce besoin viscéral de protéger notre planète, il y a eu une école de l’écologie, qui en est à sa cinquième édition, organisée par le Center for Alternative Research and Studies (CARES).

 

Pour cette semaine d’activités, un séminaire résidentiel mais aussi une conférence ouverte à tous, qui a eu lieu le mercredi 2 octobre, au théâtre Serge Constantin, à Vacoas. La thématique de ces instants de partage et d’apprentissage : Sanzman radikal pe vini. Dans la salle aux tentures rouges, qui reste fidèle aux souvenirs, un homme, au look relax, s’agite, explique dans un débit rapide, arpente la scène, tournoie dans les particules de poussière qui dansent dans la lumière des puissants projecteurs et remplit la tête de pistes de réflexion. Il parle de l’idéologie de Marx, du besoin d’un retour vers la nature, d’un système naturel. Il s’exprime sur cet establishment qui est à l’origine de cette crise du climat. Du besoin d’un changement réel pour que l’humanité ait une chance de survivre. De cette lutte pour le climat qui doit s’insérer dans le combat pour l’humain. Mais aussi de cet espoir qui est né depuis quelques mois, de ce momentum qui vient des jeunes, lancé par Greta Thunberg, et qui a remis au cœur de tout, la nécessité de se mobiliser. Celui qui parle est une sommité dans le domaine de l’écologie. Le Professeur John Bellamy Foster éveille et réveille (en savoir plus sur sa prise de parole en hors-texte).

 

Cette dernière année, il n’a pas été difficile de comprendre l’urgence de la situation. Les scientifiques le disent ; nous faisons face à la sixième extinction de masse sur la planète. Dans les nouvelles, dans le quotidien ; les preuves de la crise du climat s’amoncellent, fatalement. Tornades, inondations, sécheresse… Désolation, morts, réfugiés climatiques. Et les choses ne devraient pas aller en s’améliorant (malgré les tentatives des gouvernements – mais pas tous – de freiner l’augmentation de la température globale en réduisant les émanations de CO2). Malgré tout, une lueur surgit dans cette nuit noire. Et elle guide ceux qui s’engagent, ceux qui veulent faire partie du changement… Et certains d’entre eux étaient à cette conférence. Nous leur avons demandé en quoi consistait cet espoir.

 

La connaissance, la clé de tout. Pour Pooja Raghoo, jeune femme qui se rêve entrepreneure, c’est là que se situe le premier pas vers l’espoir : «Nous avons la possibilité, aujourd’hui, d’avoir toutes les informations nécessaires pour comprendre la complexité du problème du climat et ses racines.» Elle a suivi les cours de CARES et en est sortie plus consciente, plus liée à ce monde qui a besoin qu’on lui tende la main : «Nous ne perdons pas l’espoir, à force de conscientisation, nous trouverons une solution.» Loveena Luximon, ergothérapeute, est bien de cet avis : «Comment se rebeller ? Comment offrir autre chose ? C’est en ayant la connaissance qu’il faut. Ça change tout.»

 

Les jeunes, la force libératrice. «Les jeunes qui prennent conscience, les jeunes qui s’engagent ; il est là l’espoir», explique Veena Dholah, une des organisatrices de cet événement. Ces marches pour le climat qui ont mobilisé toute une génération, ces mouvements de protestation, ces prises de position 2.0 ont rappelé, dit-elle, l’essentiel de la bataille : la nécessité de se reconnecter à la nature et aux autres. «Nous comprenons que c’est le capitalisme qui nous a éloignés de ces valeurs naturelles. Il faut se reconnecter, avancer en groupe, en force.» C’est ensemble, explique-t-elle, que nous allons sauver le monde pour les générations futures. Les jeunes ont compris ça… Pour Fanny Rengasamy-Marianne, qui faisait partie des panélistes de cette conférence, «il faut se tourner vers cette nouvelle génération» pour y puiser cette force nécessaire pour tout balayer. Mais the young ones n’avanceront pas seuls. Avec tous les êtres de la planète : «Nous avons tous notre rôle à jouer.»

 

L’éducation, un vecteur essentiel. Mais cette nouvelle génération, il faut la nourrir. La faire grandir. L’arroser comme il le faut. C’est ce que pense Fanny Rengasamy-Marianne : «Il faut arrêter de farcir la tête de nos enfants avec ces besoins de succès. Cette idéologie de profit et de capitalisme. Il faut leur parler de la reconnexion de l’humain à la terre», confie celle qui, lors de sa prise de parole, a marqué l’assistance par ses mots mettant l’accent sur le nécessaire retour au féminin, à celles qui savent nourrir et soigner. «C’est un retour aux sources», précise-t-elle.

 

La politique, l’incontournable. Le militantisme a ses limites, estiment certains. Pour aller au-delà, c’est dans la sphère politique qu’il faut agir. Dany Montille estime que le problème de l’écologie, c’est un «problème politique» : «Le capitalisme est la base de tout.» Pour que les choses changent, il faut, estime-t-il, un parti écologique, tourné vers l’humain et l’environnement. C’est pour cela qu’il a rejoint le parti Rezistans ek Alternativ : «Je pense que l’espoir se situe là.» Yvan Luckhun de la plateforme 100% Citoyens, était présent à cette conférence. Il estime aussi que la politique est également essentielle : «À un moment, sinon, on a l’impression de donner des coups d’épées dans l’eau.» Alors, il faut montrer aux gens comment voter : «Sinon, on va se retrouver, encore et encore, avec les mêmes personnes.» Ces dirigeants qui n’écoutent pas. Qui ne veulent pas comprendre l’urgence de la situation. Qui ne voient pas l’impact et l’espoir qu’apportent «ces milliers de jeunes qui descendent dans la rue»…

 


 

Ces jeunes qui inspirent…

 

 

Greta Thunberg, bien sûr. Celle qui a fait entendre la voix de toute une génération qui s’inquiète de son avenir. Celle dont l’engagement sans filet a provoqué des climate marches à travers le monde et a déstabilisé les «grands» de ce monde. Comme elle, d’autres jeunes parlent et inspirent. Sont le symbole d’une génération. Bruno Rodriguez, 19 ans, de Buenos Aires, est un organisateur de marches pour le climat dans sa ville. Irsa Hirshi, 16 ans, américaine, s’intéresse aux communautés affectées par le changement climatique. Ou encore Leah Namugerwa, 15 ans, ougandaise qui a planté 200 arbres pour son anniversaire…

 


 

Un best-of du prof

 

 

Le professeur John Bellamy Foster, professeur de sociologie aux USA et auteur de nombreux livres concernant l’écologie, s’est adressé à ceux présents (des Mauriciens et des représentants des îles de l’océan Indien et de l’Afrique) avec passion.

 

- «Climate emergency is a planetary emergency.»

 

- «C’est une crise épique que nous vivons. Elle est écologique mais elle est aussi économique. Tout ce gaspillage – il faut encore et encore plus de produits pour maintenir à flot un système qui s’écroule – qui est fait pour redresser l’économie ne fait qu’empirer la crise écologique. Alors, il est impensable de séparer ces deux crises.»

 

- «Ce sont ces produits qui ne servent à rien, ces productions massives qui sont en train de détruire la planète. Le capitalisme est à l’origine de ça.»

 

- «Il faut bien le comprendre ; une augmentation de 2º de la température globale, c’est atteindre un point of no return. Et ça peut arriver dans 15 ans. Le monde sera hors de contrôle, ce sera un processus irréversible. Il ne faut même pas arriver à + 1.5 º sinon ce sera la hausse du niveau de la mer, la disparition des barrières de corail et des îles. Il y aura des millions de réfugiés. À + 4º, c’est tout le principe de l’humanité qui n’existera plus.»

 

- «Il ne faut pas vivre dans l’attente d’un miracle utopique, d’une technologie qui nous sauvera tous.»

 

- «Suddenly things are changing. Over these past months, there’s been many things going on. Struggle for climate change is struggle for freedom. Les gens commencent à comprendre que le système qui les oppresse est celui qui est responsable de cette crise écologique. Nous ne pouvons pas sauver le climat, en conservant ce système.»

 

- «Nous devons apprendre de la jeune génération.»

 

- «Nous avons une génération, 15 ans à 20 ans, pour tout changer.»

 

- «Selling the land, selling nature, selling the human beings.»