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Sanem et Javed : leur mariage pendant le confinement

Ils ont annulé les festivités de leurs noces qui devaient se dérouler sur quatre jours mais ont pu célébrer le nikah – leur mariage devant Dieu – le 20 mars, soit le premier jour du confinement. Les amoureux nous racontent ce moment très particulier pour eux.

Dans leur rêve, tout était parfait. «On avait planifié quatre jours de festivités religieuses et traditionnelles à notre sauce. On avait préparé un mariage princier sous le thème du Moyen-Orient dans un cadre adapté pour de telles dispositions ; l’immense Inous & Hafez Hall allait être décoré sous ce thème. Nos tenues étaient déjà prêtes ainsi que celles de nos garçons et filles d’honneur. Les décors déjà achetés, les limousines déjà réservées ainsi que la sonorisation. Les lumières, photographes et vidéographes, les traiteurs, les officiers du bureau d’état civil, tout était ''booké''. Nous allions faire notre entrée sur un tapis rouge sur des musiques de fond déjà choisies...» C’est avec nostalgie que Selvana Chinien, dit Sanem, et Javed Sobah (tous deux âgés de 34 ans) nous parlent de ce qu’ils avaient prévu pour le plus beau jour de leur vie, dont la date avait été fixée pour le 25 mars – jour férié en raison de la fête Ougadi – et qui devait rassembler 350 invités.

 

Tout était donc fin prêt... Hélas, un invité surprise, le coronavirus, s’est pointé et a remis toute l’organisation du couple en question. Au moment où Sanem et Javed s’occupaient des derniers détails pour leur grand jour, rien ne présageait encore un lockdown, disent-ils, malgré la présence du coronavirus dans l’île. «On restait optimistes», raconte le couple. Mais le confinement annoncé le 19 mars a tout chamboulé. «Les affaires de Sanem avaient déjà été acheminées à notre nouveau foyer», raconte Javed. Les amoureux étaient donc prêts à emménager chez eux. «Il ne nous restait qu’à nous marier. Mais avec l’annonce de l’entrée en vigueur du confinement dans l’après-midi du jeudi 19 mars, on a dû tout annuler. Les familles qui devaient faire le déplacement d’Angleterre et de France ont annulé leur voyage, et les membres de nos familles et amis d’ici ont été informés du renvoi de nos noces. On a ressenti une déception, un dégoût certes, mais aussi une compréhension face à la situation de crise sanitaire mondiale. On a eu un soutien total de la famille. On a dû procéder au nikah le 20 mars car, sans cela, vivre ensemble est impossible selon l’islam», expliquent Sanem et Javed.

 

Le couple ne risque pas d’oublier son mariage qui s’est déroulé dans des circonstances inédites. «En un mot, c’était chaotique ! Il y avait une incertitude totale, à tous les niveaux, face à l’urgence d’accomplir le nikah dans une situation tendue de confinement. Il y a eu l’annulation de l’imam initial, le désistement de deux autres, pour finalement avoir un imam clément de St-Pierre à 11h 45, avec un contrat approuvé par le Muslim Council pour un nikah à 14 heures. La situation sans précédent dans le pays, la peur compréhensible de certains et la paranoïa incompréhensible des autres, un nikah bouclé en moins d’une demi-heure... On vous laisse imaginer le reste de cette épreuve de la vie. Toutefois, on aura été l’un des rares “corocouples” à avoir eu un “coronikah” et un “coroneymoon”», témoigne le couple sur un ton humoristique.

 

Des sentiments

 

Évidemment, parler de leur expérience pas comme les autres fait naître en Sanem et Javed de l’émotion, surtout lorsqu’ils se remémorent leur cérémonie de mariage qui s’est tenue avec un nombre restreint de proches, un imam et trois témoins. «La cérémonie du nikah, considérée comme la plus importante, a pu être faite», souligne Javed qui revient aussi, avec son épouse, sur leur belle histoire d’amour. «On s’est connus le 7 juin 2019 sur les réseaux sociaux. Cette relation qui a débuté par une simple amitié s’est vite transformée en une complicité intense», raconte Javed. La première rencontre du couple a eu lieu en juillet 2019 et l’amour a fait le reste. «Si parfois, on n’arrive à connaître qu’un petit pourcentage d’une personne en 10 ans d’amitié, d’autres fois, il ne suffit que de 10 échanges intenses pour être fixé sur ses sentiments... et son avenir», disent les amoureux qui se sont mis ensemble au début de septembre et soulignent que rien ni personne ne pouvait s’interposer entre eux : «D’ailleurs, le coronavirus n’a pu nous empêcher de nous unir et de prononcer nos vœux de mariage à travers le nikah.»

 

L’idée de se marier est arrivée naturellement. Plus ils se connaissaient après chaque week-end ou occasion passée ensemble, surtout les fêtes de fin d’année – en compagnie des membres de leurs deux familles et de leurs amis proches –, plus l’envie de commencer une vie de couple devenait évidente. C’est en février dernier, lors de ce que le couple appelle une rencontre officielle et après une simple question d’Ameenah, la maman de Javed – «Vous vous mariez quand?» –, que les choses se sont précisées. À cette question, Sanem a répondu en rigolant : «Aussitôt que possible maman !» Et c’est la tante maternelle de Javed qui a alors proposé la fin du mois de mars.

 

La suite de l’histoire, on la devine et les préparatifs ont été vite lancés pour que Sanem et Javed puissent concrétiser leur désir de s’unir. «Toute la famille était emballée et impliquée dans des tâches particulières», explique Javed qui est le petit dernier d’une famille de cinq enfants. Petit à petit, le calendrier des festivités a ainsi été établi : le mawlood – la cérémonie religieuse conduite par un imam et sa troupe le vendredi précédant le nikah ; la cérémonie du mehendi ; le nikah – le mariage religieux ; le chautari, au lendemain du mariage... Mais avec le coronavirus, tout est tombé à l’eau. «En parler éveille en nous une certaine nostalgie mais notre espoir réside dans l’accomplissement de nos plans de mariage dont la date reste indéfinie», souligne le couple qui, à travers l’histoire de son mariage qui s’est déroulé dans des conditions difficiles, démontre que l’amour est plus fort que tout et n’a pas de limites. Coronavirus ou pas.