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Salam mister Joe !

 Clarel Armelle, Warren Permal, Gérard Louis et plusieurs autres se souviennent...

Un ami, un père, un artiste. Partout où il allait, il inondait le monde de sa bonne humeur. C’est ce qui ressort des témoignages et anecdotes autour de Georgie Joe, incontournable ségatier qui nous a quittés le mercredi 15 juin, à l’âge de 84 ans. 

Le monde du séga est à nouveau en pleurs. Le mercredi 15 juin, Georgie Joe Chamtyoo, que l’on connaît comme Georgie Joe, a rendu son dernier souffle. Tout récemment, l’interprète des fameux Glwar dantan, Tel papa tel piti, Piti pa paresse et Eliza avait fait une chute et avait dû subir une opération au niveau des hanches, faisant par la suite des va-et-vient entre l’hôpital et sa maison à Vacoas. Mercredi, il nous a quittés, laissant derrière lui sa riche carrière et sa personnalité très amicale que tous admiraient.

 

À commencer par sa famille au sein de laquelle la fibre musicale perdure. Avec sept enfants, 10 petits-enfants et sept arrière-petits-enfants, Georgie Joe était à la tête d'une tribu. L’occasion de parler plus du père que de l’artiste. Sa fille aînée, Christine, évoque «un père sévère mais aussi un père têtu ! C’est connu, Georgie Joe aimait beaucoup avoir son petit drink, même avant de monter sur scène. On avait beau lui dire d’arrêter, il nous rétorquait à chaque fois : ‘‘Mo enn cholo, mo pou mor cholo !’’ Et ce côté ‘‘bon vivant’’ nous faisait bien marrer. Il nous a aussi transmis cet amour de la musique. J’ai moi-même fait les chœurs sur ces morceaux, dont Sega parabol que l’on avait enregistré chez l’autre vétéran, Gérard Cimiotti».

 

Et le ségatier ? Vétéran. Incontournable. Respecté. Et côtoyé par tous. Parmi, le producteur immanquable Gérard Louis qui a, dans le passé, fait deux concerts avec plusieurs vétérans du séga, incluant ce cher Georgie Joe qui a chanté assis mais rempli d’énergie sur scène lors de l’un d’eux. Gérard Louis se rappelle du premier concert de Georgie Joe qu’il est allé voir, en plein air, à l’âge de… 12 ans. «Je le suis depuis tout jeune. Il y avait ce concert en plein air à Port-Louis, puis d’autres, notamment à la Citadelle. C’est vous dire que Georgie Joe était une pierre centrale comme influence dans ma carrière, parmi ceux qui m’ont donné envie de faire de la musique. Et puis, il y avait l’humain, pour l’avoir côtoyé pour mes concerts avec les vétérans. Un bon vivant, un homme jovial, que j’ai surtout découvert lors d’un fancy-fair à Paris, où on a partagé la même chambre d’hôtel et où il est devenu comme une figure paternelle.»

 

Old school power

 

Georgie Joe côtoyait aussi la jeune génération d’artistes. On pense, bien sûr, au jeune Christopher Warren Permal qui avait repris Eliza de Georgie Joe, disque de l’année sur Wazaa FM notamment. Actuellement en tournée en Europe, c’est avec la voix bercée d’émotion qu’il nous parle de celui qui avait une relation presque papa/grand-père-piti avec lui : «On s’est tout de suite plus, nous étions comme des amis, comme de la famille. Georgie Joe, c’était un père, un grand-père mais un pote aussi, avec sa famille qui m’a presque adopté (rires). Je me rappelle qu’avant même de signer les papiers pour les droits sur Eliza, il m’avait donné l’autorisation de reprendre cinq de ses chansons, que je n’avais pas vraiment en projet. On s’était mis d’accord par la suite pour faire un concert avec des jeunes qui allaient reprendre ses chansons, un projet retardé par les mesures sanitaires ici, et qu’il ne verra pas hélas… Ce décès m’amène aussi à réfléchir, où est la reconnaissance pour ces artistes vétérans ? Car soyons francs, Georgie Joe avait des soucis financiers et était en train de struggle de ce côté-là…»

 

Autre artiste qui a tout récemment bossé avec l’artiste défunt, Clarel Armelle, qui a aussi repris une chanson de Georgie Joe (En ba la boutik par labas) sur son dernier album, Dibien fami, où ce dernier est en duo avec lui. «Quand on est partis le voir pour lui parler du projet, j’ai eu un choc. Quelle joie de vivre ce monsieur ! À 84 ans, il avait toujours cette vibe séga, un ségatier entier ! Je suis doublement triste car je n’ai pas pu être là pour ses funérailles (Ndlr : celles-ci ont eu lieu le jeudi 16 juin à l’église de la Visitation», se rappelle Clarel Armelle, actuellement en tournée en Allemagne.

 

Justement, tout le recording de ce morceau s’est fait dans le studio d’Elvis Heroseau qui en garde un sacré souvenir. L’arrangeur musical, musicien et producteur nous dit : «C’est comme côtoyer une idole. Depuis tout petit, je me rappelle de mes aînés qui écoutaient du Georgie Joe dans la cour, c’était un incontournable chez moi. Et je l’ai eu en studio avec Clarel Armelle. Il a ce côté old school qui m’a marqué. Avec lui, tout se faisait en une seule prise, tant pis si on ne trouvait pas ses marques. C’est vous dire sa rigueur musicale !» 

 


 

Ce cordonnier devenu ségatier à succès 

 

Dix-huit albums, des tubes, un demi-siècle de carrière. Pourtant, on ne donnait pas cher de ce petit jeune homme qui gagnait sa vie en tant que cordonnier. Avec une vraie passion pour le chant et le séga, il demande de l’aide du côté de beaucoup, notamment avec Ti-Frer. Mais les temps sont durs pour le séga, pas toujours bien vu à l’époque. Heureusement, à 37 ans, il participe à un télé-crochet sur la MBC. Il tape dans l’œil d’un chef d’orchestre qui lui propose d’enregistrer un 45 tours ; Tel papa tel piti devient un tube ! Dès lors, c’est l’ascension. Les tubes s’enchaînent, Georgie Joe fait son tour du monde. Récemment, il a partagé la scène avec d’autres comme feu Roger Clency, dans des concerts de vétérans réunis par Gérard Louis. Et lorsque Christopher Warren Permal nous sort la reprise de sa chanson Eliza, c’est clair que Georgie Joe est maintenant connu aussi par la jeune génération !