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Rohit Gobin, fauché par un 4 x 4 de la police sur son lieu de travail | Son fils : «Que justice soit faite…»

Le drame a eu lieu le mardi 26 novembre, alors que la victime travaillait à la station-service d’Indian Oil, à Wooton. Rohit Gobin laisse derrière lui des proches dévastés par sa disparition tragique, dont son fils Jashley. Témoignages…

L’atmosphère est pesante et morose en ce vendredi 29 novembre au domicile des Gobin, à Bois-Chéri. Le regard perdu dans le vide, les yeux rougis d’avoir trop pleuré, les traits tirés par la tristesse, Jashley Gobin, 21 ans, peine à croire que son père, Rohit Gobin, 58 ans, a été arraché à la vie dans des circonstances tragiques. Il a été fauché par une voiture de police alors qu’il se trouvait sur son lieu de travail à la station-service d’Indian Oil, à Wooton, le mardi 26 novembre. Grièvement blessé, il a rendu l’âme le jeudi 28 novembre. Laissant sa famille dans une profonde détresse.

 

«Mon papa a perdu la vie au moment même où il travaillait pour la gagner. Je n’ai pas de mots pour décrire la souffrance que nous ressentons ma famille et moi. Surtout que cette semaine devait être exceptionnelle», lâche Jashley, la voix cassée par la tristesse. En effet, la salle verte que Rohit Gobin avait fait ériger pour célébrer les 18 ans de sa cadette accueille aujourd’hui ses proches venus lui rendre un dernier hommage. «Nous étions en pleine préparation et ce qui devait être une semaine festive a tourné au drame. Ma sœur aînée a fêté son anniversaire dans l’angoisse le mercredi 27 novembre et voilà le terrible cadeau que reçoit ma petite sœur pour ses 18 ans aujourd’hui. Elle enterre notre père. Cette souffrance qui nous a été infligée est injuste.»

 

Le matin du drame, Rohit Gobin, pompiste de profession s’est rendu, comme d’habitude, à son travail, à la station-service d’Indian Oil, à Wooton. «Il est parti à 6 heures. Mais avant cela, il est allé acheter du pain et nous a ensuite réveillés, ma sœur cadette et moi. Une fois au travail, il a appelé ma mère, comme toujours, pour lui parler et lui faire savoir qu’il était bien arrivé. Cela fait plusieurs années qu’il travaille pour Indian Oil mais seulement quelques mois qu’il a été muté à Wooton», confie Jashley. Vers 11 heures, le jeune homme reçoit un appel de sa mère qui l’informe que son père a eu un accident sur son lieu de travail. En compagnie de quelques-uns de ses proches, il se rend tout de suite sur place pour s’enquérir de la situation. Ils tombent des nues quand ils apprennent les circonstances de l’accident. «J’ai appris qu’il a été fauché par un véhicule du poste de police d’Eau-Coulée alors qu’il était en train de travailler. Selon les témoins présents sur les lieux, le 4x4 aurait fait une sortie de route pour finir sa course contre une colonne de la station-service, blessant mon père et son collègue. On nous a aussi dit que les deux policiers auraient ensuite été récupérés par deux de leurs collègues dans une voiture privée, alors que les deux blessés ont été laissés sur place», s’insurge Jashley Gobin.

 

Une heure plus tard, le SAMU arrive sur le lieu de l’accident et transporte les deux hommes à l’hôpital Jawaharlall Nehru où Rohit Gobin est admis dans un état grave à l’Intensive Care Unit. Il y passera deux jours avant de rendre l’âme. «Ce qui s’est passé est inacceptable. Aujourd’hui, toute une famille est dans la tristesse alors que les policiers venus récupérer leurs collègues ont simplement déclaré que c’était pour leur sécurité qu’ils les emmenaient ailleurs, en abondonnant derrière deux personnes blessées, sans aucune assistance. De plus, selon les informations que nous avons eues, les policiers ont été soumis à un alcotest plusieurs heures après l’accident alors que c’est un exercice à faire on the spot», se révolte Soudesh Khadawoo, un ami de la famille. À ce sujet, l’inspecteur Coothen n’a pas souhaité faire de déclaration. Soudesh Khadawoo, lui, ajoute : «De plus, aucun policier n’est venu vers nous après l’accident et quand nous sommes allés à Eau-Coulée pour connaître la marche à suivre, ils nous ont baladés de poste de police en poste de police».

 

Jashley se dit, lui, très en colère que la police fasse des campagnes de prévention alors que certains de ses membres se retrouvent impliqués dans de tels accidents. «À quelle vitesse roulait le véhicule pour que le chauffeur en perde à ce point le contrôle ? Pourquoi ceux qui étaient dedans ainsi que leurs collègues venus les récupérer n’ont pas jugé nécessaire de porter secours aux blessés ? S’ils avaient agi à temps, mon père serait-il toujours là ? Aurons-nous des retours sur l’évolution de l’enquête ? Ces policiers seront-ils sanctionnés ?» murmure-t-il dans un soupir, avant de regarder dans la direction de sa sœur aînée, inconsolable, et essayant de faire abstraction des cris de détresse de sa mère, qui lui déchirent le cœur. Les multiples interrogations rongent constamment le jeune homme depuis ce jour fatidique qui a plongé toute sa famille dans une profonde tristesse.

 

Vishal Khirodhur, le neveu de la victime, se dit tout aussi révolté de ce qui est arrivé et espère vraiment que les autorités prendront les actions nécessaires contre les responsables. «C’est l’occasion pour la police de démontrer son intégrité et que nous pouvons lui faire confiance. Car nous voulons avant tout que l’enquête se fasse dans la transparence. Nous nous battrons jusqu’au bout car nous voulons que justice soit faite pour mon oncle. Nous ne blâmons pas tous les policiers car certains font vraiment bien leur travail. Nous exigeons que justice soit faite et que les responsables payent pour le tort qu’ils ont fait. Nous espérons aussi que les Mauriciens continueront à nous soutenir dans ce combat.» D’ailleurs, Jashley Gobin tient à remercier la population pour toute l’aide et tout le soutien qu’elle leur apporte. «Quand nous avons fait des demandes de don de sang, beaucoup ont répondu présents et nous en sommes touchés. Et nous allons nous battre pour que justice soit faite car mon père ne méritait pas une telle fin.»

 

Le jeune homme et ses proches gardent de Rohit Gobin l’image et le souvenir d’un homme jovial, amical, généreux, d’un père et mari exemplaire mais aussi d’un bon vivant qui animait les fêtes familiales avec ses chants. Rohit Gobin s’en est allé, laissant derrière lui une famille, des proches et des amis plongés dans une tristesse profonde.

 


 

Le constable Ashfaar Domun participe à une reconstitution des faits

 

 

Il s’est retrouvé sous le feu des projecteurs après avoir fauché le pompiste Rohit Gobin le mardi 26 novembre. Interrogé par la Criminal Investigation Division de Curepipe, le constable Domun, sur qui pèse une accusation d’homicide involontaire, a expliqué qu’il se trouvait sur la voie rapide à Wooton, en direction de Curepipe, lorsque le véhicule de police qu’il conduisait a dérapé à cause de la route glissante suivant les averses et les accumulations d’eau sur l’asphalte. Il a également participé à une reconstitution des faits le vendredi 29 novembre, en compagnie de son coéquipier, le constable Madhina. Ce dernier se trouvait également dans le véhicule impliqué dans l’accident au moment des faits. Ashfaar Domun a été reconduit en cellule policière.

 

Selon nos recoupements, le constable Domun a subi un alcotest après l’accident et celui-ci s’est révélé négatif. Par ailleurs, plusieurs témoins et des membres de la famille de la victime allèguent que d’autres policiers se seraient rendus sur les lieux mais n’auraient pas porté secours aux blessés. Ils seraient seulement venus récupérer leurs coéquipiers, qui auraient été en état de choc, à bord d’une voiture privée. Sollicité pour plus d’informations, l’inspecteur Siva Coothen, du Police Press Office, a simplement déclaré qu’une enquête est en cours pour déterminer les causes exactes de cet accident. À l’heure où nous mettions sous presse, le constable Ashfaar Domun était toujours en détention policière.