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Réforme des retraites en France : la colère gronde...

Marie-Danielle Theodorine et David Toofaneeram, deux compatriotes, nous donnent leur avis sur les manifestations en France, leur pays d’adoption.

C'est une actualité qui fait couler beaucoup d'encre. Le 14 avril, les neuf membres du Conseil constitutionnel vont se prononcer sur la constitutionnalité de la loi de financement rectificative de la Sécurité sociale pour 2023, adoptée sans vote à l'Assemblée nationale le 20 mars et dont la mesure-phare, le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, est grandement contestée par les syndicats et dans la rue. À suivre...

Il y a Paris, considérée comme la plus belle ville du monde, capitale de la mode, romantique à souhait, la Ville lumière et des amoureux. Puis, il y a Paris qui crie sa révolte. La raison de la colère : la réforme des retraites, soit le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans d’ici 2030, la durée de cotisation portée à 43 ans dès 2027, l’emploi des seniors, les petites pensions et la fin des régimes spéciaux – qui doit entrer en vigueur le 1er septembre 2023 et qui est extrêmement impopulaire.

 

Les Français et les organisations syndicales dénoncent le décalage de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite ainsi que l’accélération de l’allongement de la durée de cotisation requise pour bénéficier d’une retraite à taux plein. D’où les manifestions... Résultat : des images qui font le tour du monde… Des clichés de la belle capitale qui se transforme en ville-poubelle. Des incendies se déclenchent, des barricades et des cortèges prennent les rues d’assaut. Plusieurs artères du centre de Paris et d’autres villes de France connaissent des points de tension, sans oublier les nombreuses personnes interpellées...

 

En effet, depuis la décision du gouvernement, le jeudi 16 mars, de recourir à l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer sa réforme, les manifestations et les violences occupent l’actualité. Une des images choc qui marquent : celle du porche de la mairie de Bordeaux en feu... Mais parmi les clichés qui interpellent, il y a aussi ces feux de poubelles qui menacent parfois des immeubles d’habitation ou encore ces charges de police considérées comme particulièrement brutales.

 

Le mardi 28 mars, pour la 10e journée de manifestations à Paris, la colère a encore grondé. Le président français Emmanuel Macron a affirmé, ces derniers jours, vouloir «continuer à tendre la main» aux syndicats. L’intersyndicale, de son côté, a annoncé une 11e journée d’actions le 6 avril.

 

«À l’appel de l’intersyndicale, ce sont plus de deux millions de travailleuses et travailleurs, jeunes et retraités, qui se sont mis en grève et ont manifesté. Le monde du travail s’est une nouvelle fois mobilisé dans toute la France de façon massive et déterminée, pour le retrait de la réforme des retraites. La jeunesse a encore une fois été très présente dans les mobilisations», souligne l’intersyndicale qui déplore la tournure des choses. «En ne répondant pas à la demande de retrait, en usant du 49.3, l’exécutif a fait le choix d’accentuer la crise démocratique et sociale. Pourtant, dès le début, les organisations syndicales et de jeunesse avaient prévenu l’exécutif du risque d’explosion sociale que pouvait provoquer cette réforme injuste, injustifiée et brutale. Le gouvernement a la responsabilité de garantir la sécurité et le respect du droit de grève et de manifester. Alors que le calme a toujours caractérisé le mouvement, l’intersyndicale déplore le nombre de blessés.»

 

Négociation

 

La Mauricienne Marie-Danielle Theodorine, 63 ans, installée en France, suit, bien évidemment, de très près tout ce qui touche à la réforme des retraites. «Il y a des manifestations partout dans les grandes villes. Elles ont bloqué les péages et il y a des arrestations. Les jeunes sont déchaînés depuis que le 49.3 est passé en force. Ils disent que ce n’est pas possible. Le gouvernement a demandé une négociation avec le syndicat, on verra ce que ça va donner. En tout cas, tant que le gouvernement ne retire pas cette loi, le peuple continuera de manifester», nous confie-t-elle.

 

Un autre compatriote, David Toofaneeram, dit aussi se sentir concerné par ce qui se passe dans son pays d’adoption. «Je travaille en extra en ce moment mais à cause des grèves, toutes mes missions de travail ont été annulées», confie le Mauricien, en revenant sur son quotidien ces derniers jours. Pour lui, les autorités ne veulent pas écouter le peuple. «Je ne veux pas non plus travailler plus. Quand vais-je profiter de ma retraite ?» s’interroge David qui a toutefois aussi été très triste de voir Paris transformée en ville-poubelle.

 

La grève des agents et le blocage des trois incinérateurs desservant la capitale, notamment celui d’Ivry-sur-Seine, le plus important, avaient entraîné, ces derniers jours, un véritable entassement des déchets non ramassés dans la capitale. «Ça commençait à sentir mauvais et les gens sortaient moins», témoigne David. «Avec les poubelles qui s’étaient accumulées, il y a eu une prolifération d’odeur avec des bactéries, sans oublier les rats», nous confie Adam Ramsahye, un autre de nos compatriotes, qui vit en France.

 

La Confédération générale du travail (CGT) de la filière déchets et assainissement a fait savoir, ce mardi 28 mars, la suspension, à partir du mercredi 29 mars, de la grève des éboueurs de Paris et du blocage des incinérateurs, qui ont provoqué l’amoncellement des ordures dans les rues de la capitale depuis le 6 mars. Mais les choses sont loin d’être arrangées. Et au coeur de Paris, la colère gronde toujours…