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Rapport annuel du bureau de l’Ombudsperson pour les enfants : Résidence Anoska au centre des préoccupations de Rita Venkatasawmy

Vita Venkatasawmy échangeant quelques mots avec Ricarl Pierre-Louis.

Le rapport 2020-2021 du bureau de l’Ombudsperson pour les enfants est plus un outil de travail qu’un exercice administratif. Cette année, Rita Venkatasawmy et ses proches collaborateurs se sont attaqués à trois domaines principaux dans leur mission de protéger les droits des enfants. L’un d’eux est Résidence Anoska ; une localité qui a toujours marqué les esprits par des affaires de violence contre les enfants. 

Un rapport qui en dit long ! L’Ombudsperson pour les enfants reste évidemment fidèle à sa mission première dans son dernier rapport annuel rendu public cette semaine : la protection des droits des enfants. Mais cette fois, ses proches collaborateurs et elle ont voulu marquer les esprits avec une autre approche pour mieux protéger les petits. Son bureau a ainsi choisi de se concentrer sur trois domaines principaux qu’ils ont étudiés en profondeur et analysés rigoureusement afin de développer une compréhension plus complète de la promotion et de la protection des droits des enfants dans un environnement complexe. Résidence Anoska est en pôle position, avec une approche scientifique qui a nécessité plus d’une année de travail pour comprendre la réalité de cette région qui a marqué les esprits par des affaires de violence contre les enfants.

 

Le viol et l’agression mortelle d’Eleana Gentil, 11 ans, en 2015, et l’agression sexuelle d’une fillette de 3 ans, le 28 juin 2020, ont renforcé l’impression que ce quartier de 16e Mille a échoué dans la protection de ses enfants. «Mon travail à Résidence Anoska a toujours été fondé sur des plaintes au cas par cas. Après l’agression sexuelle de cette fillette de 3 ans, je me suis rendu compte que les problèmes auxquelles font face les enfants là-bas sont beaucoup plus complexes. Mon bureau a choisi une approche systémique d’enquête pour analyser de manière holistique les différents facteurs qui affectent les droits des enfants de ce quartier», explique Rita Venkatasawmy. L’Ombudsperson pour les enfants souhaite resserrer le filet de sécurité pour protéger ces enfants contre toutes formes de violation et d’abus.

 

Son rapport 2020-2021 fait un zoom sur les conditions de logement des résidents d’Anoska mais aussi sur le contexte historique de cette communauté et les différentes dynamiques communautaires en matière de droits des enfants, plus particulièrement leurs droits aux loisirs, à l’éducation, à la protection et à un environnement propre et sécuritaire. «Ce travail a duré plus d’une année. Il était complexe et très compliqué. Je remercie mes proches collaborateurs ainsi que les ONG et la CDU pour leur collaboration. L’Action Research d’Eric Mangar m’a également été d’une grande aide. Le directeur du Mouvement pour l’autosuffisance alimentaire les suit depuis leur départ de La Pipe, en 1999. Son rapport m’a aidée à comprendre l’histoire de Résidence Anoska», souligne Rita Venkatasawmy. Dans son rapport, l’Ombudsperson mentionne que 12 ONG et 3 agences étatiques travaillent sur place depuis plusieurs années.

 

Au départ, le gouvernement avait construit 77 maisons pour 77 familles de Résidence Anoska. Chacune de ces dernières avait obtenu un terrain de sept perches. À l’époque, le nombre d’habitants était de 363. Or, les enquêteurs du bureau de l’Ombudsperson pour les enfants ont recensé un total de 558 habitants en août 2021. 67 % de la population est âgée de moins de 35 ans. Il y a 195 enfants de moins de 18 ans, dont 38 ont moins de 4 ans. 179 habitants sont âgées entre 18 et 34 ans. Et il y a huit adultes de plus de 65 ans. «Ces chiffres démontrent, par exemple, qu’une ONG peut ouvrir une crèche sur place. Ceux qui sont en âge d’être scolarisés n’ont pas de problème car le SOS Children’s Village fait déjà un excellent travail en mettant un transport et de la nourriture à la disposition des enfants», confie Rita Venkatasawmy.

 

Gros problème de logement

 

Toutefois, l’enquête du bureau de l’Ombudsperson pour les enfants révèle que 60 % des enfants de Résidence Anoska ne touchent aucune aide sociale et qu’il y a plusieurs ménages parentaux uniques ; 11 tenus par des papas et 22 par des mamans. Il y a aussi un gros problème de logement : sur les 77 maisons construites par le gouvernement, 33 sont toujours occupées par une seule famille, 24 par deux familles, huit par trois familles, cinq par quatre familles, quatre par cinq familles et trois par six familles. «Notre enquête a déterminé qu’il y a désormais 163 familles sur place. Ce gros problème de logement est venu fragiliser les familles déjà à risque par rapport aux fléaux sociaux. Il y a la promiscuité. Certaines maisons sont également méconnaissables, avec des extensions en béton et en tôle», affirme Rita Venkatasawmy.

 

L’enquête de son bureau révèle par ailleurs que 12 enfants de plus de 12 ans ne sont plus scolarisés. Elle met aussi en lumière un gros problème d’insalubrité à Résidence Anoska. En outre, ce rapport attire l’attention des autorités et de la société civile sur le manque de loisirs et d’espaces verts pour les enfants. «Il y a beaucoup de success stories à Anoska. Les enfants de cette résidence sont talentueux mais il y a un manque d’infrastructures. Il faut également améliorer l’environnement. Il faudra également organiser des fund raisings pour réparer les maisons. Ces familles doivent être valorisées par le biais d’un développement holistique et intégré», conseille Rita Venkatasawmy. C’est la raison pour laquelle elle exige une meilleure coordination de la part des ONG. «Les données disponibles sont importantes pour les projets à venir. Il est temps de travailler de façon objective. Ce rapport est un document de référence pour des actions de qualité. La culture des données est désormais importante», martèle Rita Venkatasawmy qui espère que ce document va réellement aider à améliorer la situation des enfants mais aussi de tout un chacun à Résidence Anoska.

 

Les autres recommandations…

 

Le manque d’éducation sexuelle chez les enfants – alors qu’ils sont exposés trop facilement à Internet – et les répercussions du lockdown sur les petits qui sont en situation de handicap ou qui ont des besoins éducatifs spéciaux préoccupent également Rita Venkatasawmy. L’Ombudsperson pour les enfants aborde ainsi ces deux sujets dans son rapport. Elle attire l’attention sur l’abus sexuel des enfants en ligne. Et souligne que trois nouvelles lois seront bientôt promulguées pour mieux protéger les petits des abus. On apprend aussi que son bureau a effectué un travail énorme durant l’année écoulée. Ses collaborateurs et elle ont résolu 374 sur 468 plaintes reçues. Le rapport révèle également que les conflits familiaux sont en hausse.

 

Les réactions

 

Ricarl Pierre-Louis - Président des Forces vives de Résidence Anoska : «Ce rapport est une lueur d’espoir»

 

Il milite sans relâche depuis La Pipe où il a grandi. Il est aujourd’hui l’un des doyens de Résidence Anoska où il est devenu un travailleur social acharné. Ricarl Pierre-Louis, président des Forces vives de cette localité, est reconnaissant envers l’Ombudsperson pour les enfants. «Je remercie Rita Venkatasawmy et son bureau. Ils ont relevé plusieurs défaillances. C’est une lutte que nous menons depuis plusieurs années. Dans le passé, il y a eu beaucoup de promesses non tenues. Ce rapport est une lueur d’espoir.»

 

Asha Burrenchobay - Human Rights Division : «Ce rapport tombe à pic»

 

La Senior Chief Executive de la Human Rights Division salue le travail du bureau de l’Ombudsperson pour les enfants : «Ce rapport tombe à pic avant celui qui doit être soumis au comité des droits des enfants. Je conseille aux têtes pensantes au ministère de l’Égalité des genres et du bien-être de la famille de bien l’étudier pour pouvoir implémenter les recommandations», déclare Asha Burrenchobay.