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Quincy Sylvio, 15 ans, décède subitement d’une septicémie | Ses parents : «Nous pensons que le personnel médical a fauté»

La jeune fille aurait fêté ses 15 ans le 18 mai.

Jean-Yves Sylvio et son épouse Ornella crient à la négligence médicale après le décès tragique de leur fille Quincy à l’hôpital Jeetoo. Cette adolescente de 14 ans a succombé à une septicémie dans des circonstances troublantes. Récit.
 

Le chagrin se mêle à la révolte. Immenses tous les deux. À la hauteur du drame qui s’est invité brutalement dans leur vie. Jean-Yves et Ornella Sylvio sont anéantis depuis le décès soudain de leur fille Quincy, âgée de 14 ans seulement. Elle avait été admise à l’hôpital Jeetoo avec des douleurs à l’abdomen la veille. «A-t-elle reçu les soins nécessaires ?» ne cesse de répéter son père, un maçon de 38 ans, écrasé de douleur. Cette question hante également son épouse, âgé de 37 ans. Mais en leur for intérieur, ils pensent avoir la réponse : ils sont persuadés que l’état de santé de leur fille s’est détérioré après qu’elle a été victime d’une erreur médicale.

 

Leur unique fille – ils ont aussi deux fils de 12 et 16 ans – a poussé son dernier souffle, le jeudi 11 avril. Le rapport d’autopsie indique qu’elle a succombé à une septicémie. Une gangrène au niveau des intestins en serait à l’origine. «Ma fille a été hospitalisée suite à des douleurs atroces au ventre. Elle a beaucoup souffert avant de nous quitter. C’était très dur de la voir dans cet état. Nous pensons tous que le personnel soignant a fauté quelque part», confie Ornella, mère au foyer, en larmes.

 

Les Sylvio n’ont pas encore porté plainte officiellement à la police pour la négligence médicale alléguée. Ils comptent le faire cette semaine. Ils veulent d’abord se reprendre un peu. Ils envisagent aussi de déposer une plainte au ministère de la Santé. «Nous voulons connaître la vérité sur la mort de notre fille, savoir comment elle a pu rendre l’âme suite à une septicémie. Et pourquoi tous les médecins qui l’ont examinée depuis dimanche dernier n’ont pu déceler qu’elle avait une infection. Il a fallu qu’elle meure pour qu’on sache qu’elle avait développé une gangrène au niveau des intestins.»

 

Le chemin de croix de cette famille commence le dimanche 7 avril, lorsque Quincy, qui fréquente le Mauritius Institute of Training and Development, à Beau-Bassin, se plaint de douleurs au ventre. «C’était vers 23 heures. La douleur était insoutenable. Elle avait également vomi», raconte sa mère. Le lendemain, la tante de Quincy – la sœur de sa maman – l’accompagne au dispensaire de sa localité.

 

Sur place, le médecin de service lui pose plusieurs questions ayant trait, notamment, à ses règles avant de lui prescrire des calmants. Il lui donne aussi rendez-vous le lendemain pour une prise de sang. «Dokter-la ti osi dir mo ser ki pou bizin amenn mo tifi lopital si so bann douler kontigne», souligne Ornella. 

 

Douleur insupportable

 

Toujours mal en point, Quincy passe la journée au lit. Le lendemain, son père décide de l’emmener directement à l’hôpital Jeetoo. «Un médecin l’a examinée, puis on lui a fait une injection et prescrit encore des calmants avant de l’autoriser à partir.» Un fait intrigue toutefois le père de Quincy. «Dokter-la mem pa ti pe kone ki mo tifi ti pe gagne», dit-il. Une fois rentrée à la maison, la jeune fille est toujours dans un état déplorable. Jean-Yves l’emmène cette fois voir un médecin du privé à La Tour Koenig. Sur place, elle subit un autre examen, puis un lavement qui a pour objectif de lui faire aller aux toilettes. Le médecin lui prescrit ensuite d’autres calmants.

 

«Nous devions aussi aller faire une échographie à Quatre-Bornes mais nous n’avons pu le faire faute de moyens. Je n’avais pas Rs 1 000 en ma possession», regrette Jean-Yves. Malgré les soins, les douleurs de Quincy vont crescendo. Dans la soirée du mardi 9 avril, son père décide de faire appel à une ambulance pour la transporter à l’hôpital. «Elle n’arrivait plus à supporter la douleur», se souvient Ornella.

 

Sur place, Quincy subi plusieurs examens. Elle est également examinée par un gynécologue. «Quincy a ensuite été admise. Elle devait faire une prise de sang, un scan et une échographie», affirme Jean-Yves. Le lendemain matin, lorsque les parents de l’adolescente vont la voir, ils constatent que son état est toujours critique. Sa mère raconte : «Elle m’a dit qu’elle avait beaucoup souffert. Elle avait toujours des douleurs atroces au ventre. J’en ai parlé à une infirmière qui m’a fait comprendre qu’un médecin allait bientôt l’examiner.»

 

Quincy est effectivement auscultée par un médecin. «Il m’a ensuite dit qu’il faudrait faire d’autres tests pour savoir si Quincy est anémique et s’il lui faudra une transfusion sanguine. J’ai aussi dû signé un document pour autoriser le personnel soignant à l’opérer si besoin est. Mo tifi ti pe gagn extra douler sa ler-la malgre bann kalman ki ti donn li.» À 9h30, Quincy part faire un scan. Peu après, elle est intubée. Le personnel soignant lui pose également un drain pour lui permettre de faire ses besoins. Dans l’après-midi, lorsqu’Ornella rend à nouveau visite à sa fille, cette dernière lui dit qu’elle a dû enlever le tube qu’elle avait aux narines ainsi que le drain.

 

«Ces deux choses lui faisaient terriblement mal. Elle m’a aussi dit qu’un médecin l’avait insultée parce qu’elle les avait retirées», confie Ornella. Dans la soirée, l’adolescente téléphone à plusieurs reprises à ses parents pour leur demander de la ramener à la maison. Ce qui pousse son père à appeler la charge nurse pour s’enquérir de son état de santé. «Zot dir mwa zot fini donn li bann konprime douler me kan mo tifi inn koz ek mwa apre li dir mwa manti sa», affirme Jean-Yves.

 

En arrivant à l’hôpital, le lendemain, pour la visite du matin, les parents de Quincy ont un énorme choc. «Les rideaux à côté de son lit étaient tirés. J’ai tout de suite su que quelque chose n’allait pas. En approchant, j’ai vu ma fille allongée, les yeux fermés. Je me suis jeté sur elle. J’ai tenté, en vain, de la réveiller. Je hurlais pour qu’une infirmière intervienne», souligne Jean-Yves. Il a dû se rendre à la nursing station et ramener presque de force un médecin qui s’y trouvait. Le docteur aurait jeté un rapide coup d’œil à l’adolescente avant de retourner auprès des infirmières.

 

Les Sylvio ont appris peu après le décès de leur fille. À leur grand désespoir. Ornella n’a pu tenir le choc. La triste nouvelle l’a fait perdre connaissance. «Ti enn sok terib pou mwa. Mo tifi ti ankor tied me so linz ti imid. Ti ena vomi lor li. Mo ti krwar mo mor mwa osi letan mo aprann so dese», lâche-t-elle.

 

Il y a quelques mois, Quincy avait été opérée à l’hôpital Jeetoo, suite à une appendicite. Elle s’était rendue à son rendez-vous de suivi un mois plus tard. «So dokter ti dir nou tou korek. Get zordi monn perdi mo sel tifi», pleure Ornella.

 

Quincy rêvait de faire carrière dans la pâtisserie. Elle voulait également que ses parents lui organisent une petite fête pour ses 15 ans, le 18 mai. Ce jour-là, c’est que le cœur rempli de chagrin que sa famille lui rendra hommage.