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Quatre nouvelles victimes dans des accidents fatals : des familles déchirées racontent leur désespoir

Semaine après semaine, les morts se comptent toujours par plusieurs sur nos routes. Des drames qui plongent des familles entières dans une terrible douleur. Cette fois, ce sont les proches de Rajen Raojee, 52 ans, Jaykissen Russean, 50 ans, Bhavish Sujeewan, 20 ans, et Deoranee Soodam, 68 ans, qui se retrouvent dans la tourmente. Ils nous livrent un témoignage bouleversant.

Sa moto finit sous les roues d’un camion : Rajen ne verra pas grandir son fils Samuel, son «cadeau de Dieu»

 

 

À 52 ans, il était le plus heureux des hommes. Marié depuis trois ans à Poonam, Rajen Rajodee était devenu papa d’un petit Samuel l’année suivante. Son fils était pour lui et son épouse «une grâce», «un cadeau de Dieu» qu’ils chérissaient profondément. Avec sa petite famille, l’habitant de Cité Vuillemin, à Quartier-Militaire, s’était fixé d’autres objectifs. Il voulait notamment repartir vivre avec Poonam et Samuel en Italie où il avait passé 28 ans de sa vie avant de revenir à Maurice. Le destin en a hélas décidé autrement. Rajen Rajodee a perdu la vie dans un accident, le jeudi 11 juillet. Menuisier de profession, il se rendait sur son lieu de travail en compagnie de son ami Subiraj lorsque la motocyclette qu’il conduisait est entrée en collision avec une voiture à Cottage avant de terminer sa course sous un camion.

 

Poonam est effondrée depuis le décès tragique de son époux. Ce jour-là, elle s’occupait de son fils Samuel, comme à son habitude, lorsqu’elle a reçu un appel lui annonçant l’atroce nouvelle. «Mon époux était à moto avec son ami. C’est le fils de ce dernier qui m’a appelée pour me dire qu’ils avaient fait un accident. Il m’a dit qu’il pensait que Rajen était déjà décédé.» Elle s’est aussitôt rendue à l’hôpital de Pamplemousses mais même sur place, elle ne pouvait croire que son époux bien-aimé n’était plus de ce monde. «Je voulais même le faire transférer dans une clinique du privé tellement je ne voulais pas y croire», raconte-t-elle avec des sanglots dans la voix. C’est lorsqu’il a fallu se rendre à l’hôpital Jeetoo pour l’autopsie que Poonam s’est rendue à la terrible évidence. «Mon monde s’est écroulé devant ce terrible coup de sort. Je n’ai pas eu le courage de procéder à l’identification. Une cousine a dû le faire à ma place.»

 

Rajen Rajodee laisse un grand vide dans le cœur de sa femme qui n’a que des mots élogieux pour parler de lui. «Je suis terriblement triste. Il était un bon mari et un bon papa. Il était très attentionné avec son fils. Samuel et moi ne manquions de rien bien que Rajen avait déjà commencé à économiser pour que nous allions vivre en Italie où sa sœur habite aussi. Cela faisait cinq ans qu’il était revenu à Maurice et nous nous sommes rencontrés juste après. Il avait prévu de repartir l’année prochaine et nous devions aller le rejoindre peu après», confie Poonam, en larmes.

 

À son retour au pays, Rajen avait d’abord pris de l’emploi dans une compagnie de menuiserie à St-Pierre avant d’aller travailler pour une compagnie spécialisée dans la vente et distribution de fruits et de légumes. Il venait de recommencer à faire de la menuiserie avec son ami Subiraj qui a un atelier à Lallmatie. «Zot ti pe al fer enn travay mem kan zot inn fer aksidan», regrette Poonam. Rajen voulait repartir vivre en Italie pour assurer un meilleur avenir à son fils Samuel qui fêtera ses 2 ans, le 15 septembre. Mais la vie ne lui a pas laissé mener à bout son projet. C’est maintenant sans lui que sa femme et son fils devront avancer, aussi dur que soit le chemin.

 

Jean Marie Gangaram

 


 

 

Collision mortelle : Jaykissen Russean meurt à quelques mètres de chez lui

 

 

Il rentrait enfin chez lui à Grand-Gaube après une journée très chargée. Mais Jaykissen Russean, plus connu comme Robert, 50 ans, n’est jamais arrivé à destination. Alors qu’il ne restait plus que quelques mètres à parcourir, sa voiture est entrée en violente collision avec un mur, ce qui ne lui a laissé aucune chance de survie. Il semble que la victime avait pris sommeil au volant.

 

Depuis, les proches du quinquagénaire sont plongés dans la stupeur et un chagrin indescriptible. Bavita, son épouse depuis plus de 25 ans, n’en revient pas qu’il soit parti comme ça, d’un seul coup, et dans des circonstances aussi atroces. «Mo ti koz ek li zis avan. Li ti dir mwa li pe vini mem la», murmure-t-elle, la voix tremblant d’émotion. Le drame s’est joué aux alentours de 20h15, le samedi 6 juillet, à quelque 100 mètres de leur maison. De chez eux, Bavita et son fils de 23 ans ont entendu le bruit provoqué par la collision mais n’ont pas pensé que c’était quelque chose de grave. Mais très vite, ils ont appris la terrible nouvelle d’un proche qui habite dans le voisinage. «Enn neve kinn telefonn mo garson pou dir li ki so papa inn fer aksidan», sanglote Bavita.

 

Les volontaires et les secouristes ont eu toutes les peines du monde à extraire Jaykissen de sa voiture. «Inn gagn inpe difikilte pou tir li. So lipie ti kwinse. Li ti ankor vivan kan lanbilans inn pran li me linn mor avan rant lopital.» Selon Bavita, son époux portait toujours son uniforme de travail et ses bottes au moment de l’accident. «Il était très fatigué. Il était allé collecter des vieux appareils électroménagers après avoir passé une demi-journée au cimetière de Roches-Noires. Il a pris sommeil au volant. C’est un médecin qui nous a dit cela.»

 

Jaykissen Russean était employé par le conseil de district de Rivière-du-Rempart depuis quatre ans et travaillait comme fossoyeur au cimetière de Roches-Noires. Cette année, il s’était mis en tête de réaliser un projet : construire une nouvelle maison pour sa famille et lui. «Il voulait construire notre nouvelle maison à côté de son garage. Il travaillait aussi comme tôlier à temps partiel», précise Bavita. Avec la mort tragique de Jaykissen Russean, tous les projets de la famille sont en suspens. Car pour Bavita et son fils, c’est un long chemin de deuil qui commence.

 

JMG

 


 

Hit-and-run : Bhavish Sujeewan périt en allant acheter des cigarettes

 

 

Un moment joyeux, festif qui s’est transformé en tragédie. Ce soir-là, Siddharsingh Sujeewan, plus connu comme Bhavish, 20 ans, faisait la fête avec un cousin et des amis dans un bungalow à Albion, village où il habite également. À un moment, il est sorti à moto pour aller s’acheter des cigarettes et là, le drame est survenu. Le jeune homme a visiblement été victime d’un accident avec délit de fuite et il a été retrouvé inerte à côté du deux-roues aux petites heures du matin, à Belle-Vue,  Albion, le dimanche 7 juillet. Ce sont des passants qui ont donné l’alerte à la police.

 

Vinod Guljar, le père adoptif de Bhavish, n’oubliera jamais le moment où il a appris la terrible nouvelle de la mort de celui qu’il a recueilli à l’âge d’un mois seulement et qu’il aimait de tout son cœur. Sa concubine Narainee Sujeewon, qui est la mère de Bhavish, et lui ont été réveillés lorsqu’on a frappé à leur porte vers 6h30. «Mo ti panse mo patron pe vinn rod mwa pou al travay me pa ti li sa me lapolis. Dan mo latet mo ti pe dir sirma zot inn aret Bhavish lor larout akoz li pa ti ena learner pou mont motosiklet. Dan police post ki monn aprann ki linn fini mor», confie Vinod d’une voix triste. Il précise que la moto que conduisait Bhavish appartient à un proche.

 

Le jeune homme travaillait comme aide-maçon avec son père adoptif et comme tous les jeunes de son âge, il aimait bien sortir et s’amuser. «Il était comme presque tous les jeunes de son âge. Il croquait la vie à pleines dents. Il aimait faire la fête avec ses amis. Je l’ai vu vers 15 heures, le samedi 6 juillet. Il sortait à moto avec un cousin pour aller trouver un bungalow où faire la fête. Il avait Rs 2 000 sur lui, une partie de son salaire hebdomadaire», souligne Vinod.

 

Sa compagne Narainee, nous dit-il, est complètement anéantie par ce drame qui la prive de la présence de son fils unique. La plaie béante dans son cœur et dans celui de Vinod risque de mettre du temps à se refermer.

 

JMG

 


 

 

Fauchée par une voiture : Deoranee Soodam perd la vie en traversant l’autoroute

 

 

Où se rendait-elle lorsque les faits se sont produits ? C’est une question qui restera éternellement sans réponse pour l’entourage de Deoranee Soodam. Car cette habitante de Notre-Dame, âgée de 68 ans, n’avait fait part de son itinéraire à aucun de ses proches en sortant ce jour-là. Elle a trouvé la mort alors qu’elle traversait l’autoroute à la hauteur du Pont-Colville ; une route qu’elle n’avait pas l’habitude d’emprunter d’après ceux qui la connaissaient bien.

 

Cela faisait plusieurs années que Deoranee Soodam vivait seule à Notre-Dame. Elle n’avait jamais été mariée et n’avait jamais eu d’enfants. À la retraite après avoir longtemps travaillé dans le domaine de l’hôtellerie, elle consacrait tout son temps libre à ses petits plaisirs. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle certains de ses proches pensent qu’elle se rendait peut-être à une séance de massage à Quatre-Bornes, lorsque le drame est survenu. «Elle avait une santé de fer mais allait souvent chez la thérapeute pour se détendre», se souvient Reena Purgus, sa nièce.

 

Toujours est-il que la question demeure : que faisait-elle au niveau du Pont-Colville ce jour-là. L’accident a eu lieu vers 11 heures et quand le personnel du SAMU est arrivé sur les lieux, il n’a pu que constater le décès de la sexagénaire. Un coup très dur pour sa famille. «C’est d’autant plus désolant qu’elle était toujours prudente», se désole Reena Purgus.

 

Le conducteur de la voiture impliquée a été interpellé. Cet habitant de Wootun, âgé de 43 ans, a déclaré aux policiers qu’il a tout à coup vu la victime traverser la route en courant, mais qu’il n’a pas eu le temps de l’éviter. Il a comparu en cour le même jour sous une accusation provisoire d’homicide involontaire avant d’être libéré sous caution. Il est défendu par Me Arshaad Inder.

 

Reena Purgus, complètement déboussolée par le départ inattendu de sa tante, décrit cette dernière comme une personne «calme, gentille, qui était toujours prête à venir en aide à son entourage». Lorsqu’elle ne se rendait pas à ses séances de massage, elle passait son temps libre avec son groupe de 3e âge, avec lequel elle participait à beaucoup d’activités, ou elle passait la journée chez sa sœur, à Beau-Bassin. «Elle était une femme très active. Nous venons même d’apprendre qu’elle avait prévu un voyage pour la Malaisie et qu’elle avait déjà réglé les frais.» Un parmi tant de projets qu’elle avait et qu’elle ne pourra jamais réaliser.

 

Elodie Dalloo