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Présidentielle en France : au coeur de la bataille électorale

«J’attends ces élections avec impatience. D’autant plus que le paysage politique français actuel est propice à un changement assez radical», nous confie le Mauricien Bradley Chan Tsun Ching.

«Il faut porter un intérêt majeur à la politique, quelles que soient nos idées ! Parce que c’est un devoir que nous avons reçu d'une chance. Celle d'être en démocratie, celle d'avoir le choix...» C'est ce que nous confie le Mauricien Bradley Chan Tsun Ching, installé en France et qui, à l'approche de la présidentielle, suit de près toutes les étapes de cet événement en sa qualité de responsable de la communication outre-mer chez Les Jeunes avec Macron...

Une actualité qui en chasse une autre. Si la Covid-19 est un sujet qui interpelle toujours dans le monde, entre levées des restrictions et autres suivis des nouveaux chiffres de contamination, d'autres événements majeurs attirent aussi l'attention, comme la crise ukrainienne qui monopolise l'attention. En France, la présidentielle 2022 est aussi au coeur des débats.

 

La date du premier tour de l'élection présidentielle est ainsi fixée au dimanche 10 avril et le second tour aura lieu le dimanche 24 avril. Et à l'approche de ces semaines très importantes, la bataille électorale bat son plein. Chacun affûte ses armes et les candidats en lice peaufinent leur slogan de combat, travaillent sur leur projet politique avec pour seul objectif : convaincre les électeurs.

 

Si Emmanuel Macron, le président sortant, n'a pas encore officiellement annoncé sa candidature, sa campagne se dessine de plus en plus. Bien que les avis divergent sur le bilan de la présidence d’Emmanuel Macron qui, selon des observateurs, «avait bien commencé» avant d'être entachée par «les crises des gilets jaunes, de la réforme des retraites et celle due à la Covid-19», il semblerait que le principal concerné, selon des informations de l'AFP, serait sur le point d'annoncer sa candidature.

 

L'actuel président français serait ainsi actuellement en tête dans les sondages. Selon un sondage publié récemment, il recueillerait 24,5 % des voix, devant Marine Le Pen (RN, extrême droite) à 18 %, Eric Zemmour (Reconquête !, extrême droite) à 13,5 %, Valérie Pécresse (LR, droite) à 11,5 % et Jean-Luc Mélenchon (LFI, gauche et extrême gauche) à 11 %. À suivre donc !

 

Quoi qu'il en soit, cette campagne passionne déjà. Et ce n'est pas le Mauricien Bradley Chan Tsun Ching, installé en France, qui dira le contraire. C'est au coeur des événements que notre compatriote suit de très près cette présidentielle. «Je me suis engagé en juillet dernier au sein du mouvement des Jeunes avec Macron et j'ai été nommé responsable communication outre-mer», nous confie le jeune homme, originaire de Beau-Bassin et qui a quitté l’île à l’âge de 12 ans pour rejoindre sa mère qui, à l'époque, s'était remariée à La Réunion. «La France est mon pays d’adoption, ma deuxième maison. Je me sens français, je me considère français. Mes valeurs, mon sens républicain et mon éducation ont été faits en France. Aujourd’hui, si j’ai réussi à quitter mon déterminisme social, c’est très clairement grâce au système français. Ici, on parle de l'ascenseur social. Certes, pour certains, cet ascenseur ne fonctionne pas bien mais au moins, il existe ! Un système méritocrate, où il faut prouver de quoi on est capable pour que le sphinx nous laisse passer. Un système qui n’existe pas forcément à Maurice. Ce qui est un paradoxe car s’il y a bien un endroit où j'ai appris qu’il fallait travailler le matin pour manger le soir, c’est à Maurice. À Maurice, on parle de backing, ici on parle de concours», précise notre compatriote.

 

Il nous explique son engagement : «Loin de moi l’idée de faire là un hymne à l’utopie française. Je suis conscient qu’un État n’est jamais parfait jusqu’à ce que chaque citoyen, quel qu'il soit, peut, grâce aux lois, pratiquer le mieux la vertu et s'assurer le plus de bonheur. Comme l’a dit Aristote. Et pour l’instant, la France n’est pas connue comme étant le pays du bonheur absolu. Ce sont toutes ces raisons qui font que je considère avoir un devoir, une dette, vis-à-vis du pays qui m’a aidé à me construire, à changer de vie. Et je trouve là une belle façon de rendre à la France tout ce qu’elle a pu m’offrir.»

 

Plus que jamais, Bradley se dit concerné par la politique dans son pays d'adoption. «Je me suis engagé assez récemment en politique. Toutefois, depuis 2017, j’étais convaincu par la vision d'Emmanuel Macron pour la France, par sa façon de faire face aux problématiques auxquelles notre génération est confrontée. Mon histoire, les travers et les droits de ma vie font que je soutiens la majorité, voire toutes ses idées. Prenons l’exemple de l’écologie, il a compris qu'il s'agissait d’un problème global et que seule, une nation ne serait pas en mesure de changer les choses. Cette réflexion est le fruit, aujourd’hui, du Green Deal, initiative européenne pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Je peux aussi vous citer cette loi que je considère progressiste : la loi interdisant les thérapies de conversion. Pour mettre fin à une barbarie qui est de penser qu’il est possible de guérir l’homosexualité.»

 

Cette cause lui tient à cœur : «Aujourd’hui, en 2022, comment certains peuvent-ils encore croire qu’il s’agit d’une maladie, d’une malédiction, d’un malheur causé par les erreurs de nos aïeux ? C’est vraiment une question que je me pose lorsque je lis certains commentaires de Mauriciens sur les articles de presse en ligne à Maurice. Comment, en 2022, pouvons-nous encore penser que le sentiment humain, que l’amour, qui est incontrôlable, puissent être dictés par des dogmes ? Qu’ils soient d’ordre religieux ou politique. La liste serait longue mais ces exemples résument ma volonté de m’engager auprès d’Emmanuel Macron. Il est, selon moi, le meilleur profil pour continuer à réformer en profondeur la France. Actuellement, au sein du mouvement, je suis responsable de la communication pour les Outre-mer.»

 

C'est vraiment avec beaucoup d'attention que le jeune homme va suivre toutes les étapes de cette présidentielle. «J’attends ces élections avec impatience. D’autant plus que le paysage politique français actuel est propice à un changement assez radical. D’un côté, nous avons la Gauche qui a disparu et de l’autre, une Droite qui se divise et s’intensifie. Certains candidats ont jailli avec des idées folles, tel Trump et son mur lamentable. Une élection présidentielle qui s’apprête à être assez violente. De par les discours, les mots qui deviennent des maux. Mais aussi parce que les sujets qui se dessinent à l’aube de cette échéance importante pour la démocratie française sont des sujets d’ordre primordial. On parle là d’immigration, d’identité nationale, de souveraineté mais aussi de liberté, de valeurs sociales et d’humanité.»

 

Pour lui, la politique est une arme qui permet d’amener des changements. «Il faut porter un intérêt majeur à la politique, quelles que soient nos idées ! Premièrement, parce que c’est un devoir que nous avons reçu d’une chance. Celle d’être en démocratie, celle d’avoir le choix. On ne s’en rend peut-être pas compte mais aller voter, c'est décider des conditions dans lesquelles on se réveille tous les matins. C’est avoir le choix quant à l’avenir de nos générations à venir. C’est permettre d’éviter les erreurs du passé. Je pense qu’aujourd’hui. nous sommes confrontés à un dégoût général. Et en réponse à cela, pour certains, l’action de ne pas aller voter sonne comme une punition vis-à-vis du politique. Or, le fait de voter est le moyen d’essuyer ce dégoût. Il faut voter par conviction, de toutes ses forces. Comme donner un coup de poing dans la fourmilière», déclare le jeune passionné.

 

Et quelles sont les causes qui lui tiennent à cœur ? «Je parlerais plutôt de valeurs et non de causes. Je crois en l’égalité ! Anatole France disait : “L’amour de la démocratie est celui de l’égalité.” Aussi, le progrès est dans ma nature. Je ne vous parle pas là du dernier iPhone 13 Pro Max d’Apple. Je parle du progrès en tant qu'évolution, en tant que révolution. Jean D’Ormesson disait : “La plus haute tâche de la tradition est de rendre au progrès la politesse qu'elle lui doit et de permettre au progrès de surgir de la tradition comme la tradition a surgi du progrès.” Je suis croyant, d’une famille de chrétiens, pourtant, je reste persuadé que la condition humaine ne dépend pas des livres écrits il y a des millions d'années», souligne Bradley.

 

Pour conclure, il ajoute avec tout autant de conviction : «L’évolution est le propre de l’Homme. Il est inconcevable qu’aujourd’hui encore, nous puissions avancer si nous nous basons sur des lignes du passé avec pour conséquences le mépris et la discrimination. Je mets bien l’accent sur cet aspect religieux car de mon expérience personnelle, c’est le dos d’âne le plus haut sur cette route vers les mêmes droits pour tous. Pour l’heure, je pense que les responsables religieux, où qu’ils soient dans le monde, devraient se tourner sur le génocide des Ouïghours dans les camps en Chine et non pas décider de l’amour qui existe ou pas entre les humains du même sexe. L’île Maurice est chanceuse d’avoir un symbole fort, un ciment qui vient unir la nation, un totem vers lequel se tourner lors de désaccord. C’est le vivre-ensemble. Comme on dit : “Enn sel lepep, enn sel nasyon”…»

 

Bio express

 

«J’ai été scolarisé jusqu’en Form III au collège New Eton de Rose-Hill. J’ai poursuivi tout mon cursus scolaire et toutes mes études supérieures dans le système éducatif français. Avec mon baccalauréat littéraire, j’ai entamé une licence en Sciences humaines politiques et sociales à l’Université de La Réunion. Avant de déménager à Paris en 2019, pour obtenir un Master I en communication publicitaire et un Master II en communication publique et politique. Actuellement, je fais un autre Master, en management des affaires publiques et des institutions. Avec pour objectif de préparer le concours d’entrée à l’Institut national du service public. En parallèle, je suis chargé des relations européennes et internationales pour le Groupe La Poste.»

 

La France : sa grande histoire d'amour

 

«Je suis un passionné de la culture française ! Je l'adule, je lui voue un culte. Il faut quand même rappeler la grandeur de ce pays. De par son histoire, de par ses révolutionnaires, ses pages de littérature, ses artistes et visionnaires de génie qui ont marqué l’Histoire de ce monde. J’ai découvert la culture française grâce à mon grand-père qui m’a toujours parlé de son expérience en France durant sa jeunesse. À la maison, quelle que soit l’heure, à la télé, il y avait les actualités françaises, on suivait les élections présidentielles. À l’heure actuelle, ce que je souhaite par-dessus tout, c’est contribuer à garder cette culture. La chérir et l’enrichir de progrès et de révolutions. Peu importe la carrière que je m’apprête à emprunter, qu’il soit dans le public ou dans le privé, je veux agir en ce sens. Aussi, j’aimerais, je souhaite et je veux être celui qui permettra d’enrichir les liens entre la France, l’Europe et l’île Maurice.»

 

Et Maurice dans tout cela ?

 

«On me pose souvent la question de pourquoi je ne rentre pas faire de la politique à Maurice. Et à cela, ma réponse est simple : pour l’instant, je ne veux pas venir suer tous les jours dans un pays où il m’est interdit d’aimer qui je désire aimer. Dans un pays où face à l’égalité, le gouvernement fait un gros doigt d’honneur. Ça me chagrine de savoir que les temps ont changé mais pas les mentalités. Que là où j’ai grandi, dans cette Cité Vuillemin où tous les jours, je me faisais insulter, traiter de “gros fi”, de “gros pédé”, la couleur des murs a changé mais pas la façon de penser», nous confie Bradley Chan Tsun Ching.