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Pour que notre diversité culturelle ne meure jamais

Les membres du Conseil des religions ont assisté avec joie  à la messe dite par le pape François.

Le pape a demandé à Dieu de bénir notre peuple et tous les efforts qui sont faits pour favoriser la rencontre entre les différentes religions et cultures. C’est en continuant à travailler main dans la main, dit-il, que nous contribuerons à la paix sociale.

L’interculturalité de notre pays et de notre peuple est la force qui nous unit. La visite du pape François et son message sur notre diversité religieuse, ethnique et culturelle, n’ont fait que renforcer cette vérité qui, malheureusement, tend parfois à disparaître. Du bouquet de fleurs offert par un imam au psaume chanté en tamoul durant la messe à Marie-Reine-de-la-Paix, le saint-père a été touché par la pluralité de notre île. D’ailleurs, il n’a eu de cesse de le répéter à chaque prise de parole.

 

Chez beaucoup de Mauriciens, les mots du souverain pontife résonnent encore comme une prise de conscience, une conviction, une flamme qui ne doit pas s’éteindre. À la State House, son discours a fait écho. «Je suis heureux de pouvoir rencontrer votre peuple, caractérisé non seulement par un visage multiforme sur le plan culturel, ethnique et religieux, mais surtout par la beauté qui vient de votre capacité à reconnaître, respecter et harmoniser les différences existantes selon un projet commun.»

 

Dans l’avion qui le ramenait à Rome, le saint-père, lors de sa traditionnelle conférence de presse de fin de voyage, a une fois de plus rappelé la beauté interreligieuse de notre pays. «Je voudrais dire quelque chose de plus qui m’a tellement touché : la capacité d’unité interreligieuse et de dialogue interreligieux. On n’efface pas la différence de religion. Mais on souligne que nous sommes tous frères et que nous devons tous parler. Cela est un signe de maturité. La fraternité humaine respecte toutes les croyances. Le respect religieux est important.»

 

Veiller au bon vivre ensemble de toutes les communautés de Maurice, c’est justement la mission du Conseil des religions. Le dialogue interreligieux, la tolérance et le respect sont les clés d’une société en harmonie et en paix. Plusieurs de ses membres ont eu l’occasion d’assister à la messe dite par le chef de l’Église catholique. Certains ont même eu la chance de l’approcher de plus près et de lui remettre un livret du Conseil des religions.

 

Allia Syed Hossen-Gooljar a, elle, savouré ce moment privilégié. «J’ai eu l’honneur de lui adresser quelques mots au Château du Réduit avant de lui remettre un livret réalisé en juin dernier par le Conseil des religions qui explique comment la naissance, le mariage et la mort sont traités à travers les rituels et les rites dans les cinq religions présentes à Maurice. Je lui ai aussi remis un article que j’ai écrit sur le dialogue islamo-chrétien dans le cadre de sa visite.»

 

Le pape, dit-elle, était ravi de ce cadeau, conscient de la place qui est accordé au dialogue interreligieux à Maurice. Allia Syed Hossen-Gooljar a vécu, confie-t-elle, un beau et grand moment. «Ce qui m’a le plus frappée, c’est son humilité. Quand je lui ai demandé de prier pour nous, il m’a dit que c’était à nous de prier pour lui car il a une grande responsabilité. Il est très doux tout en étant charismatique. Il a une grande aura.»

 

Le pandit Vishwaraj Maghoo, qui a eu l’occasion de lui serrer la main, a aussi vécu un moment fort en émotion. «Il est comme un aimant qui attire vers lui. On appelle ça un divine soul.» S’il devait retenir une chose du passage du pape François à Maurice, ce serait définitivement, dit-il, la beauté de notre île arc-en-ciel que nous devons tous continuer à chérir. «Il est un messager de Dieu et il est allé droit au but. Il nous demande de continuer à rester unis tout en permettant à chacun d’avoir ses propres croyances. Il ne faut pas laisser les politiciens prendre avantage de nos différences. Ça ne fera que nous séparer. Nous devons donner ses vraies valeurs à notre interculturalité. Le pape a été comme un miroir. Nous devons suivre la voie qu’il a ouverte pour nous.»

 

C’est justement en suivant cette voie et en gardant en tête ses paroles, poursuit la pandita Pockraz Tileea, que Maurice pourra continuer à vivre en harmonie. «Il a su apprécier à sa juste valeur la réalité de notre pays qui est riche en diversité. Il a apprécié que nous vivons tous, malgré nos différences, comme une famille. Nous devons continuer à nous respecter les uns les autres. Le pape nous a montré le chemin, nous devons continuer sur cette route. Ce n’est que comme ça que notre pays vivra dans la paix et le calme.»

 

Ne jamais oublier la beauté et la richesse de la diversité de notre pays, c’est le message qui, selon Bashir Nuckchady du Muslim Citizen Council, les Mauriciens doivent retenir. «Il nous a dit que notre interculturalité est un modèle mais que nous devons tout faire pour la maintenir. C’est une grande leçon du pape qui est écouté par toutes les religions.» Selon Bashir Nuckchady, alors que les élections approchent, nous ne devons pas nous laisser diviser. «À chaque fois qu’il y a des élections, nous voyons ce sentiment communaliste reprendre le dessus. Nous ne devons pas tomber dans ce piège. Nous devons rester unis pour la cohésion sociale de notre pays.»

 

Et comme l’évêque Maurice Piat l’a dit, c’est à nous maintenant de «nous laisser inspirer par les paroles et l’exemple du pape François afin que sa visite ne reste pas simplement un souvenir ébloui mais soit comme une semence jetée en terre mauricienne qui puisse porter du fruit pour un renouvellement de l’Église et de la société». C’est l’héritage que nous laisse le pape François.