Des épisodes météo très violents secouent de plus en plus le monde. Le cyclone Freddy qui a affecté notre île a laissé Madagascar et le Malawi dans une grande détresse et de violentes tornades affectent actuellement de nombreux pays aux États-Unis. Ces phénomènes climatiques sont suivis de très près, à l'international, par les professionnels de la météo...
Elles sont imprévisibles. Elles peuvent survenir à n'importe quel moment de la journée et de l'année. Et elles peuvent être terriblement dévastatrices car elles ont la capacité de tout balayer sur leur passage en quelques minutes. Les récentes vidéos et images qui circulent en ce moment peuvent en témoigner.
Les tornades qui ont frappé les États-Unis ces derniers temps – et qui sont difficiles à prévoir – peuvent être mortelles et causer des millions, voire des milliards de dollars de dégâts. Des voitures retournées, des infrastructures détruites, des arbres déracinés sur plusieurs kilomètres, des poteaux téléphoniques et électriques brisés ou encore des maisons éventrées, sans oublier les pertes de vies humaines... Un spectacle de dévastation !
Le pays de l'oncle Sam a ainsi vécu, ces dernières semaines, de violentes tempêtes et tornades. Parmi les régions touchées : le Mississippi. Les habitants de Silver City et Rolling Fork ont fait face à des éclairs, de grosses averses et un vent à tout arracher. Mais d'autres parties des États-Unis ont aussi été balayées par les phénomènes naturels de plus en plus fréquents et violents. Et les chiffres font tiquer. Le bilan des tornades et violentes tempêtes qui ont frappé plusieurs États américains ce week-end faisait état, au dimanche 2 avril, d’au moins une trentaine de morts, selon les autorités.
Il y a une quinzaine de jours également, une très puissante tornade a frappé la banlieue de Los Angeles. Le phénomène, très rare en Californie, a laissé un paysage ravagé et donne froid dans le dos. Selon les experts météorologiques américains, il s'agit de la plus puissante à frapper la banlieue de Los Angeles en 40 ans. Et tout s'est déroulé en quelques minutes. La masse de vents tourbillonnants d'une rare intensité, habituellement observée dans les plaines du centre du pays, a traversé la ville de plus de 60 000 habitants au-delà des 170 km/h.
Selon les professionnels, la brièveté des tornades empêche les météorologues de les détecter plus de quelques minutes à l'avance, ce qui rend difficile la prévention. Aux USA, les tornades débutent souvent au printemps en raison du conflit entre l'air froid qui descend du Canada et l'air chaud qui remonte du golfe du Mexique. Mais ces derniers temps, il semblerait que leur intensité soit vraiment inhabituelle. Et bien évidemment, le changement climatique est pointé du doigt.
Ces derniers temps, de violents phénomènes ont touché non seulement les États-Unis mais aussi le Japon et le Canada, entre autres. Et selon des recherches, des ouragans, typhons dévastateurs et autres cyclones devraient s'intensifier en raison du changement climatique. D'ailleurs, l'océan Indien en a été témoin le mois dernier avec le passage du désormais très célèbre Freddy qui, de par son intensité, sa longévité et la trajectoire qu'il a empruntée, est un phénomène rare avec des caractéristiques inhabituelles. Ce cyclone restera dans les mémoires pour avoir tenu en haleine plusieurs pays de notre région, dont notre île, mais aussi et surtout Madagascar et le Malawi où il a fait de nombreux morts et affecté de nombreux habitants qui se sont retrouvés sans rien après son passage.
«Fortes intensités»
De Maurice, Vishal Kawal, passionné de météorologie et actif sur les pages Indian Ocean Cyclone Season (page régionale pour tout l’océan Indien), Storm Tracking (page locale), Mauritius Cyclone Updates (sa page personnelle & régionale), tout en étant présent sur Météor océan Indien (ONG en partenariat avec Météo-France Réunion), se dit concerné par ces phénomènes météorologiques.
Est-ce que le passionné qu'il est trouve que les phénomènes naturels sont plus fréquents et puissants ? «Pour être objectif, il y a deux aspects à prendre en considération. Premièrement, de nos jours, nous avons plus de moyens et des technologies plus précises pour suivre les phénomènes climatiques à travers le monde, ce qui fait qu'il y en a plus de recensés. Deuxièmement, il y a le changement climatique qui est une réalité. Cela cause plus de phénomènes extrêmes et non pas plus de phénomènes. Les phénomènes météorologiques tels que les cyclones ou les tornades sont plus ou moins stables en nombre au fil des années mais ceux de forte intensité ont augmenté», explique celui qui passe beaucoup de son temps sur les sites spécialisés.
«Il y a une nuance. Le nombre de cyclones a même légèrement diminué sur certains bassins, notamment l'hémisphère Sud. Mais le nombre de cyclones intenses a augmenté. Par exemple, on recense moins de dix tempêtes sur notre bassin mais on en a deux qui ont atteint le stade très intense», souligne Vishal Kawal qui a beaucoup suivi le cyclone Freddy lors de son passage dans notre région et ses ravages sur le Malawi notamment. «Le climat du Malawi est de nature tropicale, caractérisé par une saison des pluies en été et une saison sèche en hiver. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce pays du centre de l’Afrique austral est aussi la proie des cyclones, même s’ils se positionnent loin des côtes. Si le Mozambique, à l’Est du Malawi, lui offre une protection, en agissant comme un bouclier contre les dépressions et autres cyclones qui viennent du Canal du Mozambique ou de l’océan Indien, certains systèmes dépressionnaires parviennent à arriver jusqu'à l’État enclavé. Les pires cyclones à avoir touché le Malawi ces 25 dernières années sont le cyclone intense Leon-Eline, en février 2000, qui y causa de gros dégâts, la tempête tropicale Delfina, en janvier 2003, qui y causa la mort de huit personnes, le cyclone intense Idai, en mars 2019, qui avait atterri sur le pays deux fois, résultant en des inondations sévères et 60 morts, de même que 920 000 déplacés, entre autres. Le plus récent, et probablement le plus dévastateur depuis Idai, c’est le cyclone Freddy. Les rafales ont été supérieures à 100 km/h, avec un cumul de pluies de six mois en six jours (300-400 mm de pluies en 48 heures par endroits)», conclut Vishal Kawal.
Les évolutions météorologiques sont, ces derniers temps, plus que jamais passées à la loupe des experts. Un constat publié récemment indique que les océans ont atteint, en 2023, les températures les plus élevées jamais enregistrées avec, en point d'orgue, une possible augmentation des phénomènes climatiques extrêmes. Et c’est au mois de mars que la température des océans est normalement la plus élevée à l’échelle mondiale en raison de l’été qui bat son plein dans l’hémisphère Sud. Mais 2023 est inhabituelle.
Et selon des chercheurs, c'est une première dans le monde depuis le début des mesures environnementales, en 1981, et de telles anomalies peuvent avoir une réelle influence sur la météo avec ces phénomènes climatiques de plus en plus dangereux...