• Boxe thaï : première édition de «La Nuit des Nak Muay»
  • Badminton : les Internationaux de Maurice à Côte-d’Or
  • Trois univers artistiques à découvrir
  • Handicap et vie professionnelle : un pas de plus vers l’inclusion
  • Mayotte au rythme des crises
  • Une rare éclipse totale traverse l’Amérique du Nord : des Mauriciens au coeur d’un événement céleste spectaculaire 
  • World Thinking Day : les guides et la santé mentale
  • Mama Jaz - Sumrrà : prendre des risques musicaux avec le jazz
  • Karine Delaitre-Korimbocus : Kodel, une nouvelle adresse dans le paysage de Belle-Rose
  • Oodesh Gokool, le taximan attaqué au couteau : «Mo remersie piblik»

Pascal Desroches, arrêté pour agressions sexuelles : portrait du violeur en série aux deux visages

Il était à la rue depuis plusieurs années mais auprès de ses victimes, qu’il approchait sur les réseaux sociaux, Pascal Desroches, un récidiviste de 31 ans, s’était inventé un tout autre personnage. Le samedi 9 octobre, il a été mis hors d’état de nuire après avoir commis plusieurs viols et une tentative de viol en l’espace de quelques mois. Des personnes qui l’ont côtoyé ainsi que le père d’une des victimes témoignent…

À un moment ou à un autre, il a été vu par certains comme un jeune homme amical, sympathique et serviable. «Il prétendait avoir des contacts, qu’il pourrait trouver un emploi pour ceux qui en avaient besoin», avance Thierry*, qui l’a connu quand ils étaient tous les deux en prison. Pour d’autres, particulièrement le sexe opposé, poursuit-il, «il était un beau parleur. Il disait aux femmes exactement ce qu’elles voulaient entendre pour les attirer dans ses filets».

 

Ses mensonges ne l’ont, cependant, jamais amené bien loin. «À chaque fois, les gens avec lesquels il se liait d’amitié finissaient par découvrir le pot aux roses. Cela lui a souvent causé des ennuis. J’en ai été témoin lorsque j’ai fait sa connaissance pendant notre séjour en prison, il y a plusieurs années.» Cela ne l’a tout de même pas empêché de récidiver mais, cette fois, il a utilisé un mode opératoire différent et est allé encore beaucoup plus loin dans ses actes. En effet, après s’être fait passer pour un homme d’affaires colombien en utilisant un faux profil sur Facebook, Pascal Desroches s’est lié d’amitié et a donné rendez-vous à des inconnues – des collégiennes et des jeunes femmes –, dans le but d’abuser d’elles.

 

La semaine dernière, soit le samedi 9 octobre, Pascal Desroches, 31 ans, a été arrêté à la gare du Nord. Cela, après que Sarah*, une habitante du Sud de 21 ans, avait porté plainte, la veille, pour viol. Soumis à un interrogatoire serré, il est passé aux aveux et a non seulement plaidé la folie mais a également avoué s’en être pris à d’autres jeunes femmes, notamment des mineures, auparavant. «Mo fou misie, mo ena problem latet», a-t-il déclaré aux policiers, avant d’ajouter qu’il était incapable de se contrôler en présence de femmes. Souffre-t-il réellement de troubles mentaux ou cherche-t-il des excuses à son geste ? À en croire l’une de ses connaissances, «il a suivi un traitement à l’hôpital psychiatrique lorsqu’il était plus jeune, puis a arrêté de se rendre à ses rendez-vous médicaux de son plein gré».

 

Mythomane

 

Dans son entourage, le trentenaire était déjà connu comme étant un mythomane. Il a donc décidé de s’en prendre à des inconnues en opérant différemment. C’est ainsi que le 21 août, il a dérobé le cellulaire d’un étudiant du MITD à Rose-Hill. Il l’a approché dans les parages de la MSAW, en lui demandant l’heure, puis l’a menacé au cutter, avant de prendre la fuite avec son téléphone portable. C'est ce même cellulaire qu’il a utilisé pour créer un faux profil sur Facebook au nom de Sandoval Risley qui serait un homme d’affaires colombien installé à Maurice. Le fait qu’il comptait plusieurs ressortissants étrangers sur sa liste d’amis l’avait rendu plus crédible. Avec le faux profil, Pascal Desroches ciblait des jeunes collégiennes et des jeunes femmes. Certaines se sont laissées convaincre par des promesses d’emploi, sans se douter qu’elles se jetaient dans la gueule du loup. Il leur donnait rendez-vous et se présentait, impeccablement habillé, se faisant passer pour un guide travaillant pour le compte de l’homme d’affaires. Il se liait d’amitié avec elles, avant de les convaincre de le suivre jusqu’à un endroit tranquille pour passer à l’acte.

 

La dernière fois qu’il a sévi remonte au vendredi 8 octobre. Ce jour-là, Pascal Desroches a pu convaincre Sarah de venir à sa rencontre en se faisant passer pour un employé de Sandoval Risley. Il l’a rejointe à Trianon et lui a fait croire que son supérieur viendrait les rencontrer un peu plus tard. Après avoir gagné sa confiance, il a sorti un couteau et l’a menacée de le suivre jusqu’à un terrain en friche à Ébène où il a abusé d’elle, avant de prendre la fuite. La jeune femme a pu trouver de l’aide auprès d’un vigile qui a alerté la police. Admise à l’hôpital dans l’après-midi, elle a signé un formulaire d’autorisation de sortie contre l’avis des médecins le même jour, vers minuit. Le lendemain, les enquêteurs de la Crime Intelligence Unit de la Western Division ont pu remonter jusqu’au trentenaire grâce aux images des caméras de surveillance. Des prélèvements ADN ont été effectués sur lui le lundi 11 octobre et ont été envoyés au Forensic Science Laboratory (FSL). Le même jour, la victime de 21 ans l’a confronté et l’a positivement identifié comme étant son agresseur.

 

Trois semaines plus tôt, soit le 28 septembre, il s’en était également pris à une adolescente de 14 ans. Il lui avait donné rendez-vous à Beau-Bassin et l’avait contrainte à le suivre jusqu’à Ébène sous la menace d’un couteau, avant de la violer. Le 31 août, il avait également tenté de s’en prendre à une jeune femme de 21 ans. Il l’avait attirée dans ses filets en répondant à une annonce sur Facebook, où elle invitait ceux intéressés à prendre une police d’assurance à la contacter. Entraînée sur un terrain en friche à Ébène, comme les autres victimes, elle a tout juste eu le temps d’envoyer un message à ses amis pour qu’ils alertent la police. Les limiers sont arrivés sur place avant que Pascal Desroches ait pu commettre son forfait mais n’avaient pas été en mesure de l’intercepter à cette occasion. Les autres victimes devraient bientôt participer à une parade d’identification. À ce stade, la Criminal Investigation Division (CID) de Rose-Hill n’écarte pas la possibilité que sa liste de victimes soit encore plus longue car elles n’auraient pas toutes rapporté les faits. Une enquête a été ouverte en ce sens.

 

«Enfance difficile...»

 

Sarah, qui souffre d’épilepsie, est complètement traumatisée depuis le drame. Sollicitée, elle n’a pas été en mesure de revenir sur les circonstances ayant conduit à sa rencontre avec son agresseur. C’est son père qui se fait le porte-parole de la famille :
«Nous faisons en sorte de l’épauler dans cette épreuve, de lui changer les idées. Elle devra être suivie par un psychologue. Sa dimounn kinn fer sa la pa enn desekilibre. Li bien kone ki linn fer, apre li deklar fou. Il avait déjà tout planifié avant de passer à l’acte. S’il souffrait de troubles mentaux, il n’aurait pas été en mesure d’imaginer toutes sortes de scénarios pour arriver à ses fins.»

 

Ce père de famille est plus que révolté : «Après avoir commis son forfait, il a envoyé des messages à plusieurs membres de notre famille pour leur dire qu’il avait passé une excellente journée. Il n’a aucun scrupule. Il mériterait de purger la totalité de sa peine en prison avant de passer le reste de sa vie dans un hôpital psychiatrique.» Il se dit tout de même «soulagé que la police l’a arrêté et qu’il est derrière les barreaux. Nous avons l’esprit plus tranquille». Convaincu que Pascal Desroches a fait beaucoup plus de victimes, le père de Sarah les encourage à le dénoncer. «Si ena lezot paran ki zot zanfan inn pas ladan, zot bizin pa per pou koze, pou al de lavan. Bann dimounn koumsa bizin res ferme. Bann zanfan ousi bizin pa per pou rakont zot paran seki finn ariv zot. Si zot pa koze, zot kapav tromatize a vi.»

 

En tout cas, le vrai Pascal Desroches est loin de ressembler au personnage qu’il s’était créé sur les réseaux sociaux pour attirer ses proies. Issu d’une famille modeste originaire de Plaisance, Rose-Hill, il est sans domicile fixe depuis son adolescence. Christelle*, qui l’a connu alors qu’il n’était qu’un enfant, a été choquée d’apprendre qu’il avait pu commettre de tels actes. Bien que cela n’excuse nullement les crimes commis, elle raconte qu’«il a eu une enfance difficile et traumatisante». «Il était l’unique enfant d’une mère dépressive, qui l’aimait toutefois beaucoup, et d’un père alcoolique. Ses parents se disputaient beaucoup. Lorsqu’il était plus jeune, Pascal a souvent été laissé sous la responsabilité de son père lorsque sa mère allait travailler. J’ai souvent vu son père l’attacher à la table ou aux chaises pour pouvoir aller boire mais j’ignore s’il a pu aussi être victimes de sévices à cet âge. Je ne comprends pas comment il a pu tomber aussi bas. Il n’a sûrement pas eu le suivi psychologique nécessaire après ce qu’il avait vécu.»

 

Allées et venues en prison

 

Christelle poursuit son pénible récit : «Bien souvent, la mère de Pascal le laissait sous la responsabilité d’autres personnes. Les autres enfants ont souvent été cruels avec lui et il a souvent été laissé pour compte.» Il y a deux ans, dit-elle, «Pascal était à nouveau venu vivre chez sa mère. Lorsque je l’avais rencontrée, elle se plaignait car Pascal ne travaillait pas et fumait n’importe quoi». Peu de temps après, le trentenaire s’est à nouveau retrouvé à la rue. Sa mère a, quant à elle, déménagé et son père a été placé dans une maison de retraite.

 

Au cours de ces dernières années, Pascal Desroches a collectionné les allées et venues en prison, principalement pour des affaires de vol. Lorsqu’il ne se trouvait pas derrière les barreaux, il cumulait des petits boulots pour se faire un peu d’argent et dormait là où on voulait bien lui offrir un toit. Lors du dernier confinement, il était à la rue lorsque l’ONG Ensam Nu Pu Kapav lui est venue en aide. «Nous l’avions rencontré à Rose-Hill. Il disait qu’il n’avait aucun endroit où aller et rien à manger. Nous lui avions donc trouvé un toit et un emploi mais il n’a pas respecté ses engagements et mentait constamment. Nous avions aussi appris qu’il épiait des femmes dans les toilettes sur son lieu de travail», raconte Eric, membre du groupe.

 

Excuses

 

L’homme l’ayant hébergé et offert du travail durant cette période garde également de mauvais souvenirs de son séjour dans la maison où il l’avait recueilli. «Je lui suis venu en aide quand l’ONG m’a parlé de sa situation. Au départ, il avait prétendu qu’il ne fumait pas et ne buvait pas. Je lui ai fait confiance et je l’ai laissé se débrouiller, sans trop l’avoir à l’oeil. Je lui ai offert du travail et ne lui demandais pas de loyer. Lorsque je lui ai rendu visite au bout de trois semaines, j’ai trouvé des bouteilles de boissons alcoolisées, des mégots de cigarettes et des sous-vêtements de femmes dans la maison. Il avait même fait ses besoins dans une bouteille. Je l’ai questionné et il m’a présenté des excuses, me disant qu’il n’avait pas toute sa tête. Monn prefer pous li, dir li ale. Depi sa, mo pann tann li, me seki linn fer la pa etonn mwa.»

 

Pascal Desroches a comparu devant la Bail & Remand Court (BRC) le dimanche 10 octobre. Il a à nouveau comparu en cour, le lundi 11 octobre, sous des accusations provisoires de viol et de vol avec violence, avant d’être reconduit en cellule. La police a objecté à sa remise en liberté. Et l’enquête se poursuit pour connaître l’identité de ses autres victimes.

 

(*Prénoms modifiés)