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Partielle au nº 7 : les arguments… en campagne

Cette élection est une conséquence du départ de Vishnu Lutchmeenaraidoo.

Cette élection, c’est siloy ou pas ? Nous avons posé la question à des acteurs de la vie politique afin de comprendre les raisons de l’agacement de l’opposition et de nombreux citoyens.

Bel tam tam. Il ne manque que bann kes savon, les cris, les oriflammes, les insultes et les koze pa bizin koze pour apporter encore plus de couleurs aux discussions qui ont suivi la publication du Writ for Election, émis par la présidence de la République, annonçant que la partielle à Piton/Rivière-du-Rempart (la circonscription nº 7) se tiendrait le 13 novembre 2019. Le Nomination Day est, lui, prévu pour le 17 août. Cette élection est entrée en scène suite à la démission de Vishnu Lutchmeenaraidoo en tant que député, en mars. Du coup, pour bous trou et selon la Constitution, une élection doit être organisée. D’ailleurs, Pravind Jugnauth s’est engagé, il y a quelques mois, à faire de sorte que cette joute électorale aurait bien lieu.

 

Reste qu’une partielle alors que des générales se profilent à l’horizon (pa kapav dir, pa kone) avec la dissolution du Parlement en décembre, ça fait énerver l’opposition. Dans les cris qui rappellent meeting et invectives de campagne pour dénoncer la «ruse» du gouvernement et le gaspillage des fonds publics, quels sont les arguments pour/contre de la tenue de cette partielle ? Nous avons posé la question aux acteurs de la vie politique et avons fait le tri. Dans les deux «camps», chacun a ses arguments.

 

Ces raisons qui justifient la tenue de cette partielle (sans pour autant que les interlocuteurs aient, toujours, exprimé une opinion tranchée). «Une élection, c’est important. C’est un des rouages de notre démocratie. Elle permet à la Constitution d’être respectée, aux Mauriciens de s’exprimer, aux politiciens de faire vivre», confie le Dr Rajah Madhewoo, qui s’est longtemps exprimé – et a entrepris des actions juridiques – contre la carte d’identité biométrique. Au cœur, des arguments pour la tenue de cette élection, c’est la Constitution, le respect des règles écrites d’un pays, qui garantissent sa stabilité politique. Alors s’en tenir à ce qui est inscrit, c’est suivre le pas de l’histoire, c’est s’inscrire dans la légalité (même s’il ne s’agit pas de la première fois qu’une partielle est annoncée avant d’être balayée au profit des législatives). Une élection, c’est part of the game, pour rassurer, pour ne pas donner des raisons aux Mauriciens de s’inquiéter…

 

«La démocratie n’a pas de prix»

 

Jason Soobrayen, ancien membre du MSM, a fait un saut au Reform Party et est, aujourd’hui, un «simple citoyen», explique-t-il. «Pour l’instant», précise-t-il néanmoins. Son avis, qu’il estime neutre, se décline en deux «points de vue». Ici, il aborde le premier (pour le second, voir plus bas). Si l’aspect financier est le principal argument des «contre», lui affirme : «La démocratie n’a pas de prix.» Et estime que s’il se contente de «l’aspect démocratique et constitutionnel», cette élection doit bien avoir lieu : «Car il faut respecter la Constitution.» C’est ce qu’on affirme, également, dans les rangs du MSM. Un gouvernement qui respecte ce que la loi prévoit est un gouvernement respectueux, tout simplement, confie un député. Selon Showkutally Soodhun, le MSM alignera bien un candidat.

 

Des arguments contre. Pour Yvan Luckhun, leader adjoint de 100% Citoyens, cette partielle n’a aucune «utilité» : «Comme d’autres personnes l’ont dit, cela n’a pas de sens.» Il y a d’abord la dépense que devra faire l’État pour cette joute électorale qui rafraîchit son envie d’élection mais aussi celle qui sera dépensée par les partis qui souhaitent aligner un candidat. De plus, le citoyen engagé devenu politicien se demande quelle sera la pertinence et l’apport du député qui sera élu… et qui ne pourra exercer au Parlement que pendant environ trois semaines. Sa dissolution est prévue pour décembre : «Quelle est la différence que cette personne va apporter ? Et puis, si une personne est élue pour cette partielle mais ne passe pas pour les élections générales, elle touchera, quand même, cette fameuse pension à laquelle certains s’accrochent tant.»

 

Et même si une élection fait partie des fondements même d’une démocratie, dans le contexte actuel, il estime qu’il ne faut pas être rigide : «Il y a des rules that can be broken. Et c’est le cas actuellement. Il faut faire preuve de bon sens. Et si on met le pays et les citoyens au centre de cette question, cette élection n’a pas sa raison d’être.» Sans trop s’avancer, il se demande si la publication du writ n’est pas juste une «tactique» du gouvernement en place : «Peut-être que ça lui sert à gagner du temps parce qu’il en a besoin.» Oui, car dans les scénarios qui circulent actuellement, il y a celui qui laisse entendre que cette élection n’aura pas lieu. Navin Ramgoolam, en sortie publique en fin de semaine, l’a dit comme d’autres avant lui. Le leader du Labour a parlé de son «scepticisme» quant à la tenue de cette joute. Xavier-Luc Duval a, lui, parlé d’une «folie». Et Paul Bérenger a réclamé, pour sa part, la dissolution du Parlement avant le 22 décembre, estimant que la partielle n’aura pas lieu.

 

Le Dr Rajah Madhewoo (qui intervient, également, plus haut) estime qu’il serait malhonnête de la part du gouvernement de laisser croire qu’une partielle aura lieu et qu’au final, elle n’ait pas lieu : «Imaginez que des candidats se présentent, investissent leur temps et leur argent, et apprennent à la dernière minute que l’élection n’aura pas lieu : ce ne sera pas logique. Alors si c’est une comédie, il faut l’arrêter là. Sinon, si plus tard, le gouvernement change d’avis, il aura perdu toute crédibilité.» S’il a estimé, plus haut, qu’une élection respecte le principe de la démocratie, Rajah Madhewoo, fervent contestataire de la carte d’identité biométrique, trouve que le pays, comme il est gouverné depuis l’Indépendance, s’éloigne même de ce principe : «Les Mauriciens doivent réaliser une chose : une élection qui est un outil dans une machinerie politique ne parle pas de démocratie. Un pays où larzan marse, où nos institutions ne fonctionnent pas en toute indépendance, où il n’y a pas de méritocratie, ce n’est pas une démocratie.» Alors une partielle tenue ou pas ne changera, donc, pas grand-chose.

 

Jason Soobrayen n’a pas d’avis tranché. Une opinion «neutre» ; lance l’ancien membre du MSM. Pour sa première lecture, il faudra voir plus haut. Pour son deuxième point de vue, il rejoint sensiblement celui d’Yvan Luckhun et celui des politiciens qui se sont exprimés cette semaine. «Une élection, ça coûte énormément ! Il y a cette façon de voir les choses. En plus, le Parlement sera dissous le 21 décembre, le député fraîchement élu officiera à peine un mois ; ça fait très court, pour la dépense. Quelle sera sa productivité ? C’est une question d’investissement et de retour sur investissement», confie celui qui estime que, de toute façon, il n’y aura pas de partielle.