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Parlement : geste déplacé de Jean-François Chaumière envers Sandhya Boygah | Regards de femmes engagées

Il lui a pincé la joue alors qu’ils étaient au Parlement. Acte banal ou déplacé ? Si certains estiment que Sandhya Boygah en fait trop, d’autres pensent qu’il est temps d’avoir une réflexion en profondeur sur la manière dont les femmes sont perçues en politique et ailleurs.

 

Les images ont vite fait le tour de la Toile, soulevant, sur leur passage, des commentaires de toutes sortes. Vous ne les avez certainement pas ratées. La scène se déroule à la fin de la séance parlementaire, le mercredi 19 juin. En sortant de l’hémicycle, Jean-François Chaumière, conseillé au bureau du Premier ministre, effleure l’épaule de la députée du MSM, Sandhya Boygah, avant de lui pincer la joue. Un geste qui ne passe pas inaperçu. Évidemment, la réaction de celle qui a été plus d’une fois sous le feu des projecteurs ne tarde pas à tomber. Sur une radio privée, Sandhya Boygah fond en larmes, affirmant qu’elle n’est pas une amie de Jean-François Chaumière et qu’elle n’a jamais donné son consentement pour un tel geste de proximité. «Aujourd’hui, c’est la joue. Demain, ce sera quoi ?» a-t-elle déclaré, criant au manque de respect.

 

Remontée, elle rapporte le cas à la speaker et au Premier ministre. De son côté, Jean-François Chaumière donne aussi sa version des faits. Selon lui, ce n’était qu’un geste amical. Il a toutefois présenté ses excuses à Sandhya Boygah. «C’est un geste d’amitié qui a été fait sans aucune arrière-pensée ni intention de nuire à Sandhya Boygah. Je suis triste de savoir que ça l’a affectée parce que c’est quelqu’un que je connais depuis longtemps, même si elle dit le contraire.» Pour sa part, Maya Hanoomanjee, speaker de l’Assemblée nationale, a qualifié ce geste de déplorable et déplacé, estimant que les images qui circulent sur Internet portent atteinte à la réputation de l’hémicycle. Elle a donc pris la décision d’interdire l’accès à l’hémicycle à Jean-François jusqu’à la dissolution du Parlement.

 

Manque de respect

 

Si certains jugent cet événement comme étant anodin, d’autres ne partagent pas le même avis, particulièrement les femmes engagées pour la cause féminine, que ce soit en politique ou dans d’autres sphères de la société. Le geste de Jean-François Chaumière démontre-t-il de quelle manière les femmes sont perçues et traitées en politique ? Selon Georgina Ragaven, mentor auprès des femmes et engagée pour l’émancipation de la femme, il faut élargir le débat. Les femmes doivent recevoir, dit-elle, tout le respect qu’elles méritent. «Que ce soit au Parlement ou ailleurs, qui a donné le droit aux hommes de toucher les femmes comme ils le souhaitent ? Ce n’est pas parce qu’une femme aime s’habiller et se maquiller qu’elle est en quête d’attention et qu’on peut lui manquer de respect.»

 

Ce qui s’est produit rappelle un autre incident qui a eu lieu récemment au Parlement. Même si le contexte est différent. En mai, alors qu’elle interroge le Premier ministre, Pravind Jugnauth, sur une mesure présentée dans le dernier Budget, Malini Sewocksingh, députée du PMSD, se fait traiter d’actrice par Mahen Jhugroo à qui elle ne tarde pas à donner la réplique. «La femme a sa place dans la société et la politique. Elle est là pour travailler. Elle n’est pas un vase à fleurs», nous dit-elle alors.

 

À l’heure où nous parlons d’avoir une plus forte représentativité féminine en politique, des actions de ce genre, souligne Georgina Ragaven, n’aident pas Maurice à avancer dans la bonne direction. «Est-ce un comportement décent à avoir envers une femme au sein même de l’Assemblée nationale ? Nous avons déjà une faible représentation féminine en politique, il ne faudrait pas effrayer les femmes et les décourager en leur faisant penser qu’elles sont des objets que les hommes prennent pour acquis.»

 

La militante Adi Teelock est aussi d’accord de ne pas limiter le débat à la classe politique. Ce qui l’a le plus choquée dans l’affaire Sandhya Boygah, affirme-t-elle, c’est les nombreux commentaires qui ont été faits après que les images ont été diffusées. Des commentaires qu’elle estime déplacés et insultants. «J’ai vu des commentaires de toutes sortes. Certains disent qu’il y a sans doute quelque chose entre eux, d’autres insinuent qu’elle l’a bien cherché. D’autres encore trouvent que c’est risible. Pour moi, tout ça révèle la mentalité de certains hommes, pas la majorité, je l’espère, envers les femmes, au Parlement ou ailleurs.» Selon Adi Teelock, que Jean-François Chaumière se soit permis un tel geste au sein même de l’hémicycle est totalement inapproprié et inacceptable. «Elle était au Parlement en tant que députée. Il faut respecter cela.»

 

Aujourd’hui, il est important de saisir cette occasion pour mener une réflexion afin de ne pas minimiser un tel acte. C’est ensemble, dit-elle, que nous devons réfléchir sur l’importance de ne pas banaliser le harcèlement envers les femmes.