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Opération antidrogue «douteuse» chez Wayne Attock - Capricia, son épouse : «Akoz bann fos travay l’ADSU, se mo fami ki pe soufer»

L'épouse de Wayne Attock a récupéré les images qui montreraient que la drogue aurait été «plantée» dans leur salon pour le piéger.

L’enquête sur la saisie d’héroïne au domicile de ce jeune homme de 28 ans a pris une tournure inattendue. Quelques jours après son arrestation, qui remonte au jeudi 17 novembre, ses proches ont remis à Me Rama Valayden les images de cette opération, qui démontreraient un cas de planting of drugs. L’homme de loi a réclamé une investigation. En quête de justice, Capricia, l’épouse du suspect, témoigne.

Depuis plusieurs mois, les allégations de «drogue plantée» se succèdent. Le chanteur Raquel Jolicoeur (membre du groupe 666 Armada), l’avocat Akil Bissessur ou encore l’activiste-politicien Bruneau Laurette font partie de la longue liste de suspects clamant haut et fort leur innocence après leur arrestation pour trafic de drogue. Tous allèguent avoir été piégés par les forces de l’ordre. Et cette semaine, une nouvelle affaire intrigue.

 

C’est aux côtés des proches de Wayne Attock, derrière les barreaux pour trafic de drogue depuis peu, que Me Rama Valayden a rencontré la presse le lundi 21 novembre. Il leur a dévoilé les images de la perquisition «douteuse» ayant eu lieu au domicile du jeune homme de 28 ans le jeudi 17 novembre, au cours de laquelle deux membres de la division ouest de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU), encagoulés, auraient, semble-t-il, introduit une boulette d’héroïne à son domicile, avant de procéder à son arrestation. Ces images ont, par la suite, été partagées sur les réseaux sociaux.

 

Jusqu’ici, Wayne Attock, un habitant de Baie-du-Tombeau, avait un casier judiciaire vierge. S’il mène une vie plutôt aisée, «c’est parce qu’il gagne sa vie à la sueur de son front», affirme Capricia, son épouse. «Lorsque je l’ai connu, il faisait déjà de l’élevage de porcs avec son père. C’est de lui qu’il a appris le métier. Il a longtemps travaillé avec lui avant de se mettre à son compte.» Wayne Attock se serait par la suite découvert une passion pour la pêche qui lui servirait également de gagne-pain. Néanmoins, depuis l’an dernier, les limiers de l’ADSU l’auraient eu dans le viseur. «Finn deza aret li ek so linz lapes mem. Zot ti fouy li lor sime mem me pa finn gagn nanye avek li. Li ti dir zot : ''Mo sort lapes mo vini, kifer pe fouy mwa''. Li ti ankoler, li ti lev ar zot», relate Capricia.

 

Selon elle, Wayne Attock serait quelqu’un de calme mais qui «n’aime pas se laisser faire». Depuis, les limiers de l’ADSU se seraient acharnés sur lui. «Sak fwa zot ti pe vey li, zot fouy li lor sime. Ils l’avaient même menacé.» Des perquisitions auraient eu lieu à plusieurs reprises chez eux depuis l’an dernier, de même qu’une perquisition au domicile d’une de leurs connaissances, lors de laquelle les limiers auraient aussi proféré des menaces. C’est pourquoi, Wayne Attock et son père ont juré un affidavit devant la Cour suprême en avril 2022 pour intimidations. «Il avait fait installer des caméras de surveillance pour sa propre sécurité», précise Capricia.

 

Aux petites heures du matin, le jeudi 17 novembre, les officiers de l’ADSU de la division ouest – équipe dirigée par l’inspecteur Subareddi et le sergent Mohun – ont débarqué chez Wayne Attock à l’avenue Trésor, Baie-du-Tombeau, pour une énième perquisition. Lors de cette opération, une boulette de drogue – 78,8 grammes d’héroïne valant plus de Rs 1 million – aurait été saisie sous le canapé du jeune homme, conduisant ainsi à son arrestation. Les limiers auraient également récupéré plusieurs bijoux qui auraient servi, selon eux, de monnaie d’échange lors de transactions de drogue.

 

Au moment des faits, Wayne Attock était seul chez lui car son épouse Capricia avait été hospitalisée deux jours plus tôt. Informée de l’arrestation du jeune homme, elle raconte avoir immédiatement signé sa décharge pour regagner son domicile. «Dès le départ, j’ai eu des doutes sur le déroulement de cette opération. Lorsque je suis rentrée, ma belle-soeur et moi avons visionné les images des caméras de surveillance encore et encore, jusqu’à ce que nous tombions sur les preuves de son innocence», clame-t-elle.

 

«Mo mari inosan»

 

Elle a alors récupéré l’enregistreur vidéo numérique (DVR) et l’a apporté à celui qui l’avait installé pour qu’il transfère ces images sur une clé USB. Elle dit s’être, par la suite, rendue au bureau de Me Rama Valayden, preuve en main, afin de solliciter son aide. Pendant qu’elle effectuait ses démarches, avance Capricia, les limiers de l’ADSU s’étaient à nouveau rendus à leur domicile, à Baie-du-Tombeau, pour récupérer leurs biens, à savoir plusieurs véhicules et un bateau qui, selon eux, auraient été acquis avec l’argent du trafic. «Ils avaient approché ma belle-soeur afin d’avoir accès à la maison mais elle ne le leur a pas permis. Linn dir zot ki zot fini fer tou seki zot ti ena pou fer andan kan zot finn aret mo misie ek ki zot nepli ena nanye pou fer laba. Malgré leur insistance, elle a tenu ferme en leur disant que j’étais absente et que j’avais verrouillé les portes. Étaient-ils venus pour récupérer ces images ?»

 

Pour l’heure, Wayne Attock, sur lequel pèse toujours une accusation provisoire de trafic de drogue et de blanchiment d’argent, reste en détention. À l’heure où nous mettions sous presse, son épouse n’avait pas pu le voir ou lui parler, bien qu’elle se rend au centre de détention tous les jours pour lui apporter des vêtements et à manger. «Cela me stresse et m’attriste. Mo pa kone ki pe atann mwa divan», se désole Capricia. Avec quatre enfants âgés entre 1 an et 9 ans à sa charge, la jeune femme se dit épuisée. «C’est vraiment dur. La plus jeune ne comprend pas ce qui se passe et réclame son père. Je n’ai pas pu cacher la situation à mon aîné qui comprend tout ce qui se passe mais je n’ai pas d’autre choix que de prétendre auprès de mes deux autres enfants que leur père est absent parce qu’il est en vacances à Rodrigues, qu’il sera bientôt de retour et leur apportera beaucoup de cadeaux», lâche-t-elle, peinée. «Li pa fasil. Zot pa konn zot papa enn dimounn ki gagn sa bann problem-la. Mo pa kapav dir zot ki lapolis inn ramas zot papa parski zame li finn gagn problem, zame pa finn fer prizon. Zot pa konn zot papa koumsa. Mo mari inosan. Akoz bann fos travay l’ADSU, se mo fami ki pe soufer.»

 

Huit séquences CCTV

 

Après avoir fait appel au consultant en technologie informatique Khalil Moosun pour obtenir les images se trouvant sur le DVR, Me Rama Valayden, pour sa part, s’est rendu aux Casernes centrales le mercredi 23 novembre afin de remettre aux enquêteurs huit séquences CCTV enregistrées au domicile du suspect lors de cette «opération douteuse» pour une enquête. Le lendemain, le DVR a été remis à la police pour la suite de l’enquête. S’adressant à la presse ce jour-là, l’homme de loi a fait ressortir que «dans l’une des vidéos, on voit M. Attock dans sa chambre à coucher, devant une télé lui montrant les images de la police débarquant à son domicile. Il était encore en sous-vêtements lorsqu’il est allé leur ouvrir la porte. Eski enn dimounn ki ena ladrog kot li, li kone lapolis pe vini, li al ouver san okenn tantativ ‘‘destroy’’ ladrog-la ?» Il ajoute : «Ces images iront partout. Des ambassades m’ont contacté afin que je leur remette ces images. Lapolis ek leta kone ki bann anbasad pe swiv avek atansion bann devlopman ki pe arive o nivo legal, o nivo ‘‘planting’’ dan Moris.» Il a lancé un appel au Commissaire de police afin que les «coupables soient suspendus immédiatement. Je fais un appel à toute la force policière afin qu’elle arrête de collaborer avec des pourris».

 

Cela, afin qu’aucune autre famille ne souffre, comme celle de Capricia. «Mo misie enn travayer. Linn touzour bien travay pou so fami. Mo espere li libere», lâche Capricia. «Nou pa kapav kontign viv dan enn pei koumsa.» À présent, elle n’a qu’un souhait : «Que l’enquête puisse déterminer qui sont les véritables coupables et que les sanctions nécessaires soient prises afin que d’autres innocents ne subissent pas le même sort. Je ne le souhaite à personne. Bien pa bon fer enn inosan dormi dan enn kaso. Mo espere ki mazistra, Premie minis, zot tou trouve ki sa bann lapolis-la finn fer.» 

 

À ce stade, Me Rama Valayden a déjà envoyé une lettre au Commissaire de police (CP), Anil Kumar Dip, «pour la mise sur pied d’un desk au niveau du CCID pour enquêter sur les cas de ‘‘planting’’» et a aussi remis les images de cette «opération douteuse» au Premier ministre. Il a invité la police, les cadres de la Human Rights Commission, le public, les membres de l’opposition et les avocats qui militent pour les droits humains à visionner ces images sur sa page Facebook.

 

De son côté, le CCID recueillera prochainement l’ADN des officiers de la brigade antidrogue de Rose-Hill ayant conduit cette opération. Ces derniers devront également être entendus par les enquêteurs.