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Noemi Alphonse : la fierté de son coach Jean Marie Bhugeerathee

La complicité entre l'athlète et l'entraîneur est la clé derrière ce succès.

Il est le grand artisan derrière ce phénomène, cette machine à victoires, ce modèle qu’est devenue Noemi Alphonse. On ne peut pas parler de la jeune athlète sans parler de son mentor Jean Marie Bhugeerathee (JMB). L’entraîneur est celui qui, il y a plus de six ans, a montré la voie à cette jeune fille de 19 ans, un peu maigrichonne, qui se cachait derrière son père lorsqu’il les a rencontrés au stade de Rose-Hill.

Sans savoir si la Portlouisienne allait rester, il a tout de même réussi à la convaincre de s’asseoir dans un fauteuil roulant. Flairant le potentiel, il lui a ensuite demandé ce qu’elle faisait à la maison. «Elle m’a répondu : “Rien”. Alors, je leur ai dit de venir au stade tous les jours. Et elle a fait le malheur de venir (rires). À l’époque, je n’entraînais pas pour la fédération, j’étais en dehors du circuit. Je lui ai dit : si tu veux voyager, tu vas avec les autres mais si tu veux devenir une championne, tu travailles avec moi et elle m’a suivi», lance l’entraîneur.

 

Malgré les couacs du début et un entraînement à la dure, la magie a opéré et une collaboration très solide s’est établie entre la sportive et son mentor, un peu comme une relation père-fille. «Tous mes athlètes sont comme mes enfants. Il y a un moment pour être sérieux et un autre pour se relâcher. Je n’aime pas mettre la pression sur les débutants, je les laisse prendre leurs marques pour voir comment le travail se fait. S’ils sont là après un mois, cela veut dire qu’ils vont rester et on passe aux choses sérieuses. C’est ma façon de travailler avec tous mes athlètes», révèle JMB.

 

Après six années passées aux côtés de Noemi Alphonse, il estime que sa protégée a bien évolué. Son mental et sa hargne sont parmi les qualités qui lui ont permis de progresser rapidement. Même si elle a versé quelques larmes après les échecs et les difficultés rencontrées, elle en est sortie plus forte. «La Noemi d’avant n’aurait pas pu aligner les épreuves à ce rythme sans fondre en larmes. La préparation mentale qui a été faite avec le soutien de Richard Gourel de Saint Pern l’a aussi beaucoup aidée. Elle aborde les épreuves plus sereinement. Une course terminée, elle passe à la suivante. Il y a un changement qui s’est produit et tout cela s’est fait avec le soutien de tous ceux qui croient en nous : le ministère de l’Autonomisation de la jeunesse, des sports et des loisirs, Horizon Paris 2024 et le Mauritius Paralympic Committee.» Une association qui a bien fonctionné et qui sera de nouveau indispensable dans trois ans à Paris.

 

En attendant, JMB regarde en arrière avec satisfaction, tout en sachant qu’il reste encore du chemin à parcourir. Après les nombreuses étapes et difficultés que Noemi Alphonse et lui ont traversées, il est convaincu que leurs routes ne se sont pas croisées par hasard. «Je pense que cette rencontre était prédestinée, tout comme avec les autres athlètes du groupe et ceux qui nous soutiennent. Lorsque les bonnes personnes sont à la bonne place, on a une équipe qui gagne. C’est le cas pour nous avec Audrey Grandcourt, Noemi Alphonse, Anaïs Angeline et les autres. Je ne changerai rien à cette équipe.»

 

Pour garder sa championne Noemi motivée, le tacticien lui a, dès le départ, fixé des objectifs. Jeux des îles, meetings internationaux, Jeux du Commonwealth et finalement, les Jeux paralympiques. «Avec le temps, les résultats ont commencé à suivre. Noemi est passée de cette fille qui ne savait pas se servir d’un fauteuil roulant à celle qui ne cesse de battre des records africains depuis 2018, avant de se qualifier pour les Jeux paralympiques avec les résultats qu’on connaît. Dans trois ans, elle va mettre le feu sur la piste à Paris.»

 

Cependant, le technicien a constaté quelques manquements lors des Jeux paralympiques de Tokyo. L’absence d’un masseur dans l’équipe mauricienne s’est notamment fait sentir, surtout pour ceux qui avaient effectué deux épreuves le même jour. JMB estime qu’un masseur pour préparer et chauffer les muscles avant les épreuves et les relaxer peut faire une grande différence. «Nos sportifs sont complètement éprouvés physiquement. Si nous leur demandons de faire une épreuve de plus, c’est la catastrophe assurée. On ne peut plus se déplacer avec une équipe réduite. Si on veut gagner, il faut mettre le paquet.» D’ici, JMB compte lui aussi mettre le paquet avec Noemi et tous ses  autres protégés. Objectif : Paris 2024 !

 


 

Une inspiration pour ses équipiers

 

Ils sont ceux qui côtoient le plus Noemi Alphonse au quotidien. Ses amis et équipiers d’entraînement du Magic Para Sport Club sont les plus aptes à décrire sa personnalité. Mehfooz Ozeer, Anaïs Angeline, Loïc Bhugeerathee et Rozario Marianne se sont prêtés au jeu.

 

Loïc Bhugeerathee, guide : «C’est une personne simple, toujours souriante et très sérieuse qui se dévoue pleinement à sa passion pour le sport. Elle se donne toujours à fond à l’entraînement et est une motivation pour toute l’équipe. Sa présence suffit à nous booster. Elle a un pragmatisme exceptionnel, même quand quelque chose l’affecte, elle garde le sourire. C’est une battante qui ne baisse jamais les bras. Elle a cette rage de vaincre qui la fait avancer.»

 

Anaïs Angeline, parasportive : «Je la connais depuis six ans. Au début, elle était un peu timide mais maintenant, elle est beaucoup plus ouverte. En même temps, elle est restée la même : très joviale, souriante, aimant bien faire la causette mais aussi très sérieuse et appliquée à l’entraînement comme en compétition. Elle est très dévouée à sa carrière sportive et très combative. Cet état d’esprit nous inspire et nous motive en même temps.»

 

Mehfooz Ozeer, parasportif : «Noemi Alphonse nous inspire tous, que ce soit sur le plan sportif ou dans la vie de tous les jours. C’est une personne toujours tranquille et souriante. Elle est toujours à l’écoute des autres et n’hésite pas à vous recadrer si vous commettez une erreur. Elle se dévoue corps et âme au sport et manque très rarement les entraînements. C’est aussi un leader, elle a la capacité de mener une équipe. J’ai découvert son histoire avant mon amputation du pied et cela m’a beaucoup porté durant cette étape difficile. C’est grâce à elle que j’ai découvert le monde du handisport.»

 

Rozario Marianne, parasportif : «Noemi est toujours prête à aider les autres et sa bonne humeur est contagieuse. C’est aussi une personne bien volontaire. Quand elle décide de faire quelque chose, elle va jusqu’au bout. Je l’ai rencontrée pour la première fois lors du déplacement au Grand Prix d’Italie en 2015. Puis en 2017, j’ai rejoint le Magic Para Sport Club et je la côtoie régulièrement. Ce qui m’a marqué, c’est qu’elle est restée la même personne : toujours tranquille, franche, sérieuse et en quête de perfection. Participer aux Jeux paralympiques et atteindre une finale, cela a toujours était une priorité pour elle. À Tokyo, elle s’est surpassée ; elle fait la fierté de Maurice.»

 


 

Perrine et Angeline satisfaites de leur parcours

 

Les Mauriciennes Brandy Perrine, en T54, et Anaïs Angeline, en T35, étaient également en action lors de ces Jeux paralympiques de Tokyo. Ces dernières se sont rendues dans la capitale japonaise avec la ferme intention de se qualifier pour une finale. Si Anaïs Angeline a réussi à atteindre cet objectif au saut en longueur, les plans de Brandy Perrine ont, eux, été quelque peu bousculés.

 

Victime d’une chute sur sa série du 800 m, Brandy Perrine a malheureusement raté sa première sortie en terre japonaise. Les petits bobos et autres dommages légers à son fauteuil ne l’ont pas pour autant découragée et la Mauricienne était de retour en piste quelques jours plus tard : elle a terminé cinquième dans sa série du 100 m le 1er septembre ainsi que dans celle du 400 m le jour suivant. «Cette chute sur le 800 m m’a un peu bousculée mais ce n’est pas une excuse. Je suis tout de même contente d’avoir pu effectuer mes deux autres épreuves avec des chronos honorables. Je suis un peu déçue de ne pas avoir pu atteindre mon objectif qui était de faire une finale mais je reste positive. Les Jeux terminés, il est temps de se remettre au travail pour mieux faire dans trois ans», déclare Brandy Perrine.

 

De son côté, Anaïs Angeline, après avoir été disqualifiée lors de sa première course sur le 200 m le 27 août, s’est également bien reprise. Elle a disputé la finale du saut en longueur le 29 août et a pris la septième place avec un bond de 4m07 et le 1er septembre, elle a terminé sixième de sa série du 100 m. «Dans l’ensemble, je suis satisfaite de ma prestation. C’est ma première expérience paralympique et j’ai disputé la finale du saut en longueur. Ces performances sont le résultat de sept ans d’efforts. Un grand merci à tous ceux qui nous ont soutenus dans notre préparation. Maintenant, je vais me concentrer sur ma préparation pour les Championnats du monde de 2022, tout en me préparant pour 2024», conclut la handisportive.