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Mouvement d’unité des partis trop tôt : pour surmonter la perte d’un enfant

Nadine Antou et sa fille Aurélie qui aurait fêté ses 22 ans en juin prochain.

Le Mouvement d’unité des partis trop tôt a pour objectif d’accompagner et de soutenir ceux qui ont perdu un enfant, notamment les mamans. Une conférence en ligne a récemment eu lieu pour aborder divers aspects de cette difficile épreuve. 

Peut-on surmonter la perte d’un enfant, d’un être qu’on a chéri plus que tout au monde ? Les mamans qui ont traversé cette dure épreuve vous diront certainement que c’est l’un des pires coups que la vie puisse vous faire et que même le temps, que l’on dit souvent réparateur, n’arrive pas à guérir une blessure aussi profonde.

 

Accepter et vivre avec une douleur aussi forte est un travail de longue haleine. Il faut faire face à une avalanche de sentiments. Le déni d’abord, l’incompréhension et la colère ensuite. L’amertume aussi. Pour ces maman, essayer de reprendre le cours normal de leur vie est compliqué et difficile, voire impossible pour certaines.

 

C’est justement pour prendre ces femmes par la main et les aider à surmonter leurs souffrances que le Mouvement d’unité des partis trop tôt a vu le jour à l’initiative de Doris Dhurmeea. Il y a quelques jours, une conférence en ligne a eu lieu, regroupant plusieurs mamans et la psychothérapeute Venisha Gooriah. Pour cette dernière, devoir faire face à la mort d’un enfant est inimaginable pour les parents. «On n’imagine pas une seconde devoir un jour enterrer son enfant. On le désire, on le porte en soi pendant des mois. On lui donne la vie, on l’aime, on le chérit, on le protège. On vit pour lui et il devient cette fameuse prunelle pour qui on pourrait déplacer toutes les montagnes. Alors, devoir faire face à sa mort est inconcevable.»

 

Pour surmonter leur peine, il est essentiel que les parents soient accompagnés. Ils peuvent se tourner vers un professionnel ou compter sur le soutien des proches. En tout cas, en parler est un moyen de ne pas sombrer.

 

Durant cette conférence, Venisha Gooriah et les membres de l’association ont abordé plusieurs thèmes : faut-il masquer sa peine ou la partager ? Les autres peuvent-ils comprendre notre douleur ? Peut-on vivre comme avant ? Est-il important de sortir, de s’occuper, pour se changer les idées ? Quelle place pour la spiritualité ? Autant d’éléments de réponses que les parents en souffrance ont pu trouver.

 

Remonter la pente

 

Cet événement, souligne Doris Dhurmeea, la présidente de l’association, avait plusieurs objectifs. D’abord, de montrer à ces familles touchées par le deuil qu’elles ne sont pas seules, tout en essayant de leur apporter soutien et réconfort, puis de les éclairer dans leur quête de réponses. «L’association est là pour leur redonner l’envie et le goût de vivre. La conférence est un moyen pour ces personnes de trouver des réponses à leurs questions, qu’elles soient sentimentales ou informatives. Que ce soit pour avoir l'avis d’un professionnel ou d’un membre qui traverse les mêmes épreuves.»

 

Il était aussi question pour l’association de se faire connaître afin que les parents sachent vers qui se tourner, mais aussi de sensibiliser la jeunesse aux souffrances de ces mères. «Ces derniers temps, nous remarquons qu’il y a beaucoup de jeunes qui perdent la vie à cause de la drogue, d’un suicide ou d’un accident. Nous voulions faire entendre les voix de nos mamans et faire prendre conscience aux jeunes que c’est toute une famille, toute une vie, qui se retrouve brisée après la mort d’un enfant.»

 

Pas un jour ne passe sans qu’elle n'y pense. Pourtant, Nadine Antou continue à sourire, à aller travailler, à prendre soin d’elle. Après être tombée plus bas que terre suite à la mort de sa fille Aurélie, 18 ans, en 2017, cette maman a pu, peu à peu, remonter la pente grâce à la prière et au réconfort qu’elle a trouvé au sein du Mouvement d’unité des partis trop tôt, lorsqu’elle a rejoint l’association il y a un peu plus d’un an. «Ma fille était en pleine forme. Elle adorait le sport. En juillet 2017, elle a commencé à avoir du mal à marcher. Nous l’avons emmenée chez un physiothérapeute mais rien n’y a fait. Ensuite, ce sont ses mains qui souffraient. En septembre, nous avons appris qu’elle avait une tumeur au cerveau mais que c’était trop tard. Une opération a quand même été faite mais après ça, elle était dans un état pas possible. Elle ne parlait plus. Elle est décédée le 14 novembre.»

 

Au décès d’Aurélie, Nadine Antou a perdu pied. «Je ne comprenais plus ce qui m’arrivais. J’étais totalement abasourdie.» Sa rencontre avec Doris Dhurmeea la mènera vers l’association qui l’aidera à se relever. «J’ai pu écouter les autres, parler et partager ma souffrance. Je me suis rendu compte que je n’étais pas la seule à vivre cela. La cicatrice est toujours là mais j’ai appris à vivre avec.»

 

Se relever, dit-elle, était essentiel. Quand les autres lui disaient, se souvient Nadine Antou, que la vie continue malgré tout, elle se mettait en colère. Elle a fini par comprendre. «Nous devons continuer à vivre pour ceux qui sont derrière nous. J’ai une autre fille qui a besoin de moi et Aurélie n’aurait pas aimé me voir me laisser aller. Nous ne devons pas baisser les bras. Oui, la vie continue. Oui, on vit avec et on avance.» C’est le message d’espoir de cette maman à celles qui, comme elle, doivent faire face à la terrible perte d’un enfant.