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Mes premiers pas dans la peau d’un ministre

«Toute première fois, toute toute première fois, toute toute première fois...», dit la chanson. Sept ministres ont vécu, cette semaine, leur toute première fois dans leur ministère respectif. Certains parmi nous confient leur état d’esprit et nous parlent de leur prise de fonction…

Ils vont d’expérience en expérience. Il y a eu cette première fois. Ce sentiment de se retrouver sous le feu des projecteurs lorsque leur nom en tant que candidat aux législatives 2019 a été dévoilé. Puis, il y a eu tous ces changements : le fait de se retrouver sur le terrain dans les circonscriptions, d’aller à la rencontre des Mauriciens, de les écouter, de découvrir leur réalité. Il y a également eu ces congrès quotidiens, nocturnes quelques fois, intenses, ces meetings, ces prises de paroles en public, sans oublier ces réunions et autres rencontres aux côtés de politiciens chevronnés, ces vieux routiers qu’on ne présente plus.

 

D’une découverte à l’autre, ils ont aussi vécu deux jours pas comme les autres, les 7 et 8 novembre, lors des élections et du dépouillement, durant lesquels ils sont passés par toutes les émotions, entre stress, incertitude, espoir, montée d’adrénaline, jusqu’à ce que les urnes livrent leurs secrets. Ça a alors été le soulagement, l’explosion de joie mais aussi un grand sentiment de gratitude face à cet électorat qui leur a accordé sa confiance pour le représenter au Parlement. Des jours qui se succèdent et qui viennent avec leur lot de nouvelles choses. Comme en ce mardi 12 novembre, jour de la prestation de serment du nouveau cabinet ministériel de Pravind Jugnauth et de sa nouvelle équipe de 24 ministres. Un moment symbolique pour eux quand ils ont, pour la première fois de leur vie, promis de servir le pays et les Mauriciens comme ministres.

 

Et tout de suite après, ces sept «petits nouveaux» ont fait leurs premiers pas à leur nouveau poste : le Dr Renganaden Padayachy au ministère des Finances et du développement économique, Deepak Balgobin au ministère de la Technologie, de la communication et de l’innovation, le Dr Kailesh Kumar Singh Jagutpal au ministère de la Santé et du bien-être, Sudheer Maudhoo au ministère de l’Économie océanique, des ressources marines, de la pêche et du transport maritime, Kalpana Devi Koonjoo-Shah au ministère de l’Égalité du genre et du bien-être de la famille, Avinash Teeluck, ministre des Arts et de l'héritage culturel, et Vikram Hurdoyal au ministère de la Fonction publique. Et très vite, les principaux concernés se sont, disent-ils, mis au travail. C’est ainsi que Deepak Balgobin s’est retrouvé à sa première fonction officielle le mercredi 13 novembre, avant même qu’il ne découvre son bureau. 

 

Au four et au moulin

 

Détendu, à l’aise, celui qui est marié à Karishma et qui est papa de deux enfants, s’est tout de suite mis dans le bain à l’hôtel Voilà Bagatelle, le temps d’un atelier de travail sur l’intelligence artificielle, organisé par le Mauritius Research and Innovation Council et l’ambassade américaine à Maurice. «Quand faut y aller, faut y aller», nous lance le jeune ministre sur un ton relax. «Je considère tout ce qui concerne l’intelligence artificielle comme un secteur d’avenir pour le pays car ce domaine va devenir un des piliers de notre économie», nous confie-t-il, avant d’ajouter que «de plus en plus, tout va bouger très vite et se digitaliser». Lors de son premier discours, le ministre des Technologies de la communication et de l’innovation n’a pas caché son souhait et sa vision pour le pays : «Ce domaine va non seulement créer de nombreux emplois pour les jeunes mais, aussi, l’IA est un facteur qui pourra être utilisé dans divers secteurs, différentes filières et différents services comme le trafic routier. Ma vision est de faire de Maurice la Sillicon Valley de l’Afrique.»

 

Son équipe, qu’il a aussi découverte mercredi, est déjà au four et au moulin : «On va travailler pour voir comment implémenter l’industrie 4.0 dans nos différents services, secteurs et filières pour digitaliser le pays et dans notre optique qu’émerge une Smart Mauritius.» En rencontrant ses responsables de département, entre autres, Deepak Balgobin a déjà établi un calendrier de travail : «Il y a des idées très intéressantes.» Le travail, souligne-t-il, ne lui fait pas peur : «J’étais président de la Mauritius Housing et CEO du National Productivity and Competitiveness Council (NPCC). J’avais déjà de grosses responsabilités et je sais que désormais ce sera plus intense mais je suis confiant que tout va bien se passer avec le soutien de ma famille et de mon équipe.» Et quel genre de ministre compte-t-il être ? «Je suis quelqu’un qui sait être à l’écoute», précise-t-il, avant de souligner qu’il va surtout œuvrer pour l’avancement du pays et des Mauriciens. «Je serai aussi présent dans ma circonscription. Je ne vais pas oublier mes mandants de Flacq/Bon-Accueil.»

 

D’un ministère à l’autre, on met le cap au Newton Tower où Kalpana Koonjoo-Shah, ministre de l’Égalité du genre et du bien-être de la famille, a découvert son bureau pour la première fois le mardi le 12 novembre. L’atmosphère est bon enfant et le travail se fait dans une ambiance détendue. On y découvre une nouvelle ministre tout sourire. «Je suis venue découvrir les lieux et mon équipe peu après la prestation de serment», nous dit-elle. Mariée à Mikhail et maman de trois enfants – Aayushi, 5 ans et demi, Aditi, 2 ans et demi, et Kairav, 14 mois –, elle se dit motivée à se donner à fond : «J’ai la bénédiction de l’électorat, la confiance du Premier ministre, le soutien de mes proches et j’ai pu rencontrer mon staff avec qui j’ai un bon feeling, je ne peux qu’être gonflée à bloc.» En prenant ses fonctions, Kalpana Koonjoo-Shah ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour Ganeswaree Bulleeram, nouvelle victime de violence conjugale. «Comment ne pas être touchée ? Comment ne pas être interpellée ? C’est un problème qui aura toute mon attention !» Parmi ses priorités, l’approfondissement des campagnes de sensibilisation, la modernisation des shelters, entre autres : «Je crois aussi que la sensibilisation doit se faire auprès des tout jeunes…»

 

«Des valeurs essentielles...»

 

Même si elle se lance dans un secteur tout à fait inconnu pour elle, la nouvelle ministre a la chance, dit-elle, d’être bien entourée, surtout par son papa Prem Koonjoo, lui-même ancien ministre : «De lui, j’ai appris trois choses importantes qui sont devenues pour moi comme des valeurs essentielles à mon équilibre : la ponctualité, l’honnêteté et le hard work…» Et comment compte-t-elle faire entre sa famille et ses nouvelles responsabilités ? «Ne me demandez pas comment je vais faire, je vais faire, c’est ça être une femme !»

 

On quitte la rue Sir William Newton pour le NPF Building. Cap sur le ministère des Arts et de l’héritage culturel où Avinash Teeluck a pris ses quartiers. «Je découvre les lieux depuis ce matin (NdlR : mercredi)», lâche le ministre, accessible : «J’ai rencontré mes officiers et je suis very ready !» Déjà au travail, il ne compte pas chômer : «Je suis tout à fait conscient de mes nouvelles responsabilités. On travaille sur une liste des priorités et, avec mes partenaires, je vais relever le défi.»

 

Sachant qu’il y a beaucoup de personnes qui lui ont fait confiance et qui comptent sur lui, «les votants» et sa famille, plus particulièrement son épouse Prina, son père Nat et sa petite fille Nawmi, 4 ans, Avinash Teeluck compte tout donner, dit-il, pour être à la hauteur de la mission qui lui a été confiée.

 

Son collègue, Vikram Hurdoyal, élu en tête de lice au n°10 (Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est), compte aussi donner le meilleur de lui-même pour tous ceux qui ont cru en lui. Ministre de la Fonction publique, il a, comme ses autres collègues, rencontré le personnel de son ministère et a déjà passé en revue quelques dossiers. «Je me sens complètement à l’aise», dit-il. Parmi les sujets qui lui tiennent à cœur : la formation des fonctionnaires, la mise en place d’un bâtiment pour assurer cette formation et l’informatisation des services : «Je voudrais œuvrer pour le bien-être des employés.» Bien évidemment, souligne-t-il, le rapport du PRB fait aussi partie de ses priorités.

 

Son objectif : être un bon ministre et ne décevoir personne : ses mandants, ceux qui ont placé leur confiance en lui et sa famille : sa femme Priya et ses enfants Kelishna, 16 ans, et Hrishta, 8 ans. «C’est le bien-être des Mauriciens qui me guident», conclut-il, prêt à aller au fil des jours, des semaines et des mois, d’expérience en expérience. Comme ses autres collègues qui font leurs premiers pas dans la peau d’un ministre.