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Mauriciens d’ailleurs : «Pourquoi on se sent concernés par ce qui se passe dans notre île»

Alors que des Mauriciens marchaient dans les rues de Mahébourg, des compatriotes se rassemblaient aussi dans d'autres parties du monde, notamment à Paris et à Perth, en Australie.

Comme ici, des compatriotes se sont rassemblés dans d’autres parties du monde, le samedi 12 septembre, pour se montrer solidaires avec les mouvements qui veulent des changements dans le pays. Ils nous racontent leurs motivations...

Des voix, d’ici et d’ailleurs, qui se font écho... Et qui se mêlent pour faire passer un même message : «l’amour pour le pays» et des revendications pour changer «le système, les institutions, les inégalités sociales» et «certaines décisions du gouvernement» quant à la gestion de la catastrophe écologique sur la côte sud-est de notre île.

 

De partout, dans la région (à Rodrigues et à La Réunion), en Europe (en Angleterre, France, Irlande, Belgique...), en Australie (à Canberra et Perth) ou encore un peu plus loin, au Canada, des compatriotes installés à l’étranger se sont unis, le samedi 12 septembre, au mouvement du Kolektif Konversasyon Solider dans notre île. Collectif qui, après la marche pacifique à Port-Louis, le 29 août, a rassemblé des Mauriciens qui ont voulu faire montre de leur «ras-le-bol d’une façon de faire» en faisant résonner leurs attentes et leurs envies de changements dans les rues de Mahébourg, cette région qui porte à jamais les tristes souvenirs du naufrage du Wakashio et sa vague de contestations et d’indignations par rapport à tout ce que la marée noire a occasionné.

 

Ces Mauriciens d’ailleurs sont à des milliers de kilomètres mais ils ont les mêmes préoccupations que ceux qui ont participé à la marche multicolore. Le samedi 12 septembre, au Parvis des Libertés et des Droits de l’Homme, au Trocadéro, à Paris, en France, des compatriotes ont ainsi, presque à l’unisson avec la foule de Maurice, exprimé ce qu’ils avaient sur le cœur. «Ce rassemblement était primordial puisque le 29 août n’était qu’un début. D’un point de vue extérieur, le gouvernement ne semble pas s’être remis en question ou avoir modifié sa dynamique d’action. On s’est même fait traiter d’insignifiants pour avoir manifesté notre désaccord et, de plus, on a eu droit à des exercices de rhétorique sans vraiment aborder les problèmes de fond. Au-delà de tout ça, il y a cette population de Sud-est qu’il ne faut pas jeter aux oubliettes, qui souffre en première ligne des conséquences de ce drame écologique et avec un impact sanitaire et économique non négligeable», confie Kreena Ramasawmy. Elle fait partie de l’équipe organisatrice du rassemblement en France où «enn larond sitwayenn», représentant symboliquement «une union pacifique, inclusive et intergénérationnelle, tournée vers l’espoir de sortir de cette crise sans précédent et de voir renaître une nouvelle république mauricienne», a fait vibrer tous ceux présents sous le ciel de Paris.

 

Patriotisme

 

Lois des yeux mais même sens du patriotisme. C’est autour du quadricolore que la diaspora mauricienne un peu partout a montré sa solidarité à un mouvement qui veut faire changer les choses. «Dans plusieurs pays à travers le monde, la diaspora mauricienne s’est massivement rassemblée pour également exprimer son soutien aux Mauriciens vivant des situations difficiles et son indignation face aux manquements des autorités en place. Ensemble, on a le pouvoir de se faire l’écho de ceux qui souffrent sur l’île et de solliciter plus efficacement l’opinion internationale. Cela souligne le patriotisme et un sentiment d’appartenance des citoyens mauriciens à travers le monde. Une diaspora avertie, impliquée, peut servir de garde-fou contre certaines dérives dans le pays. Il est temps de sortir des clivages entre diaspora et Mauriciens qui résident sur l’île car notre République a une richesse exceptionnelle en termes d’expertise dans de nombreux domaines. La mobilisation commune actuelle peut permettre de créer des ponts entre ces différents mouvements, de mettre en place des synergies afin de permettre la mise en débat, la déconstruction et venir avec des propositions innovantes pour demain», souligne Kreena Ramasawmy.

 

Ils sont à des milliers de kilomètres mais ils ont partagé les mêmes vibrations, les mêmes sentiments exprimés, la même émotion, qui ont étreint les cœurs ici, comme dans leur pays d’adoption. Au Canada, en communion avec les marcheurs du Sud, des pensées ont ainsi volé vers ces personnes qui ont perdu la vie dans l’échouage du Sir Gaëtan, le lundi 31 août, au large de Poudre-d’Or, dans le nord-est de l’île. Un drame lié à l’accident du Wakashio dans nos eaux et qui suscite de nombreuses interrogations. «La raison pour laquelle nous avons décidé d’organiser cette démonstration est pour démontrer à la communauté mauricienne que nous sommes de tout cœur avec elle, même si nous sommes loin de notre île natale. Nous sommes conscients que ces familles et connaissances qui ont perdu leurs proches sont dans une souffrance inexplicable et nous avons voulu prendre une minute de silence pour honorer leurs mémoires. Notre amour pour notre île natale est une raison pour laquelle nous avons décidé d’organiser cette démonstration. La diaspora mauricienne à Ottawa est solidaire avec toutes les communautés mauriciennes à travers le monde», confie un responsable du rassemblement d’Ottawa.

 

D’un pays à l’autre, c’est l’attachement au pays qui est mis en avant. Cette fois encore, l’Australie a répondu présente, notamment la communauté mauricienne à Perth, dont le rassemblement, le 29 août, était un succès. «C’est important pour nous de continuer ce combat. On continue à dénoncer l’incompétence à la tête du pays. Une incompétence qui affecte le peuple. Nous sommes solidaires avec notre patrie», nous déclare Nicholas Cangy de Perth.

 

Malgré la distance et les contraintes sanitaires en vigueur dans certaines destinations, coronavirus oblige, des compatriotes ont trouvé d’autres moyens de se mobiliser quand des rassemblements n’étaient pas possibles. C’est par Online protest, à Melbourne, en Australie, et via les réseaux sociaux à Vancouver, au Canada, que certains fils et filles du sol ont été, de loin, en communion avec la population mauricienne qui avait fait le déplacement à Mahébourg. Même s’ils ne sont pas au pays, ils partagent, disent-ils, le même rêve que tous ceux qui ont marché hier pour une meilleure île Maurice. «Le pays va mal. Ce mouvement à Maurice est déterminant pour déclencher un changement dans le pays. Cela donne de l’espoir à beaucoup de gens après des décennies d’inaction ; les choses vont enfin changer. Tout le monde sait que la mauvaise gestion des institutions est un énorme obstacle au progrès d’un pays et a un impact négatif sur les plus pauvres et les plus vulnérables. Il est très frustrant et démoralisant de vivre dans un pays où la pauvreté augmente et les inégalités de revenus sont élevées. Et tant que le peuple mauricien ne réagit pas, la mauvaise gestion se perpétuera. Et tant que des gens ignorants et mal informés soutiendront les cupides, les gens au pouvoir, le chaos continuera de prévaloir !» nous déclare Sou Ramsamy Sok Appadu de Vancouver.

 

Sa voix fait écho à celle des marcheurs de Mahébourg et d’autres parties du monde.