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Martine Fineau, 43 ans, tuée et enterrée dans une fosse septique - Sa famille : «Ziska nou mor, nou pou viv avek sa douler-la»

L'entourage de la quadragénaire a été témoin de son calvaire pendant plusieurs mois.

Ses proches sont dans l'attente des résultats des tests ADN mais tout porte à croire que la dépouille retrouvée dans une fosse septique à Terrasson, Pointe-aux-Sables, est bien celle de Martine Fineau, portée manquante depuis mi-février. Les forces de l'ordre ont fait la macabre découverte au domicile de son compagnon Yannick Marie Sheldon, 25 ans, le jeudi 12 mai, après que sa famille a rapporté sa disparition. Récit.

Au fur et à mesure que l’enquête progresse, leurs chances de la revoir vivante s’amenuisent… À ce stade, la dépouille en état de décomposition avancée retrouvée dans une fosse septique au domicile de Yannick Marie Sheldon, à Terrasson, Pointe-aux-Sables, serait vraisemblablement celle de sa compagne Martine Fineau, 43 ans, dont la soeur a rapporté la disparition le 6 mai. Cela faisait déjà plus de deux mois que la quadragénaire n’avait plus donné signe de vie. Bien que le jeune homme de 25 ans, qui était déjà en détention depuis plusieurs jours pour une amende impayée, soit passé aux aveux, l’entourage de Martine Fineau attend les résultats des tests ADN afin d’avoir la confirmation de ce qu’ils savent déjà. «Même si tout nous indique qu’il s’agit bien d’elle, nous nous accrochons tout de même à l’idée que ces résultats seront négatifs, que Martine fera sa réapparition, que tout cela n’aura été qu’un cauchemar», lâche Sabrina Carpen, sa cousine.

 

C’est le travail de fourmi des limiers du Field Intelligence Office (FIO) de Port-Louis Sud qui a conduit à cette macabre découverte, à Terrasson, Pointe-aux-Sables, dans la journée du jeudi 12 mai. Il y a un peu plus d’une semaine, Nadine Numa – une habitante de Cité Ste-Catherine, Saint-Pierre – s’est rendue au poste de police de La Tour Koenig pour signaler la disparition de sa soeur aînée Martine Fineau. Aucun de ses amis et proches n’avait eu de ses nouvelles depuis plus de deux mois, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Elle n’avait pas, non plus, rendu visite à ses enfants ; trois fils et une fille âgés entre 13 et 3 ans, et qui vivent avec leur père à Saint-Pierre.

 

Les officiers se sont d’abord rendus chez son compagnon mais n’ont pas pu y avoir accès car sa maison était fermée. En effet, Yannick Marie Sheldon était déjà en détention depuis plusieurs jours, n’ayant pas respecté les conditions de sa remise en liberté. Ce qui a mis la puce à l’oreille des officiers, c’est l’état d’une fosse septique, visible de l’extérieur, et l’odeur nauséabonde qui s'en dégageait. Ils ont ainsi sollicité l’aide de la Major Crime Investigation Team (MCIT), avant de poursuivre l’opération.

 

Leurs soupçons se sont avérés lorsqu’ils ont découvert, le jeudi 12 mai, le corps en état de décomposition avancée d’une femme, dissimulé sous un amas de béton. Une autopsie a attribué son décès à une blessure intracrânienne. De son côté, Yannick Marie Sheldon passera en cour incessamment, sous une accusation provisoire de meurtre.

 

La dernière fois qu’un proche a vu Martine Fineau en vie remonte à février, quand elle s’était rendue chez sa soeur Claudine, à Cassis. «Quand elle est arrivée, elle était dans un piteux état. So lamwatie figir ti ble, lizie-la ti telman anfle ki li pa ti pe kapav ouver li. So la lev ti kase, so latet ti kase. Yannick l’avait battue, il lui avait même tiré les cheveux au point de les lui arracher. Lor so lebra ousi ti ena bann mark bate», confie-t-elle. «Ler linn rantre, li pann kapav tini, linn koumans plore. Cela m’a mise en colère et je lui ai crié dessus. Je lui ai demandé comment elle pouvait rester avec un homme qui la martyrisait autant. Je lui ai dit qu’il finirait par la tuer un jour et elle m’a répondu qu’elle ne se remettrait pas avec lui.»

 

Après s’être reposée, Martine a fini par quitter le domicile de sa soeur trois jours plus tard, soit le 10 février. «Je lui ai demandé d’aller vivre chez notre mère, à Saint-Pierre, et elle m’a promis qu’elle le ferait. Elle tenait d’abord à aller récupérer sa carte d’identité et sa carte bancaire chez Yannick. Même si je n’étais pas d’accord, je l’ai laissée partir. Elle avait promis de me rappeler un peu plus tard mais ne l’a jamais fait.»

 

«Li abitie ale...»

 

Au départ, les proches de Martine Fineau ne se sont pas inquiétés. Pour cause, ce n’était pas la première fois qu’elle se remettait avec cet homme après avoir été tabassée. Les jours ont d’abord passé, puis les semaines et ensuite les mois. «Koumansman, mo pa ti pe gagn traka parski li abitie ale. Nou pa trouv li plizier zour me apre, kan ariv lafin di mwa, li vini kouma li gagn larzan pansion so bann zanfan. Elle aimait aussi séjourner chez l’un de nos cousins de temps en temps», raconte Claudine.

 

Mais contrairement à ses habitudes, cette fois, elle n’avait contacté personne. «Mo trouv enn mwa, de mwa pa trouv li, monn koumans gagn traka, lerla monn dir mo misie al Pointe-aux-Sables pou rod li», explique Claudine. Mais leurs recherches ne les ont pas menés bien loin car les voisins ont déclaré qu’ils n’avaient pas vu Martine dans les parages depuis un bon moment. «Zot ti pe dir sirman linn kit landrwa linn ale. Nou finn koumans trouv sa drol ki mo ser nepli la. Lerla nou finn dir nou bizin met enn depozision lapolis.» Ils étaient alors loin de se douter où l’enquête allait mener.

 

Ce qui attriste davantage la famille Numa, c’est que la vie de Martine a pris une telle tournure alors qu’elle faisait de son mieux pour se remettre sur pied. Après avoir vécu une douloureuse séparation, elle avait commencé à consommer de l’alcool régulièrement pour «oublier ses problèmes», disait-elle. Voulant à tout prix se remettre sur les rails, elle avait entamé une cure et allait beaucoup mieux après six mois à Étoile d’espérance. «Elle était comme transformée. Elle prenait à nouveau soin d’elle, elle allait beaucoup mieux moralement et avait même rencontré quelqu’un.» Malheureusement, son bonheur n’aura pas duré lorsque cet homme, qui était devenu son pilier, a fini par se donner la mort. «Cela l’a anéantie. Elle a fait une dépression. C’est probablement parce qu’elle avait besoin d’attention qu’elle s’est mise avec Yannick en août dernier. Malgré les coups et les injures, elle n’arrivait plus à le quitter», confie Sabrina Carpen, de l’émotion dans la voix.

 

Elle se souvient qu’en janvier également, Martine Fineau avait rendu visite à ses proches et était recouverte de blessures. «So zorey ti koupe, ti ena mark sigaret lor so ledo. Sa boug-la finn bien martiriz li. Kan li pa ti ena kas pou so ladrog, li ti pe tir sa ner-la lor li.» Mais à chaque fois que ses proches lui demandaient de le laisser tomber, à chaque fois qu’ils lui disaient que cet homme n’était pas fait pour elle, elle leur répondait : «Li enn bon dimounn. Zis kan li gagn ner ki li koumsa me apar sa li korek.»

 

Jean-Pierre et Rosie Numa, les parents de Martine Fineau, sont tout aussi bouleversés. Également témoins du calvaire qu’a vécu leur aînée, ils peinent à trouver les mots pour exprimer leur douleur. «Nous bien sagrin nou zanfan finn al koumsa. Elle a connu une fin tragique. Je n’aurais jamais cru la perdre dans des circonstances pareilles. Je ne peux même pas m’en remettre à la justice pour une condamnation sévère car peu importe sa sentence, cela ne nous ramènera pas notre enfant. Pena nanye ki pou kapav tir sa soufrans-la. Ziska nou mor nou pou viv avek sa douler-la.» Pourtant, ils ont bien tenté de raisonner Martine, comme tant d’autres. «Mo finn koz avek li plizier fwa me li pann ekoute. Linn touzour anvi fer par so latet», se désole son père.

 

Aînée d’une fratrie de cinq enfants, Martine Fineau espérait pouvoir bientôt se reconstruire. Comme elle était une passionnée de cuisine, ses proches faisaient tout pour la convaincre d’aller rejoindre son cousin au Canada afin d’y entamer une carrière et de s’y construire une nouvelle vie. «Je lui ai toujours dit qu’à présent, une femme n’avait pas besoin de quelqu’un dans sa vie pour réussir. Je voulais qu’elle apprenne à se débrouiller, qu’elle devienne indépendante. Je voulais à tout prix revoir l’ancienne Martine, celle qui respirait la joie de vivre, qui était tout le temps souriante», regrette Sabrina Carpen.

 

Malheureusement, la vie lui a été froidement arrachée…