• Parité en politique : des voix pour inspirer le changement
  • Milys.créations : quand Emily transforme vos idées en souvenirs inoubliables
  • Il s’était introduit chez une dame âgée en pleine nuit : un voleur maîtrisé par des habitants à Camp-Levieux
  • Saisie de Rs 10 millions de cannabis à Pointe-aux-Sables - Incriminé par son oncle, le policier Brian Beauger nie toute implication
  • Étoile d’Espérance : 26 ans d’engagement, de combat et d’espoir
  • Arrêté après l’agression d’un taximan : Iscoty Cledy Malbrook avoue cinq autres cas de vol
  • Golf : un tournoi caritatif au MGC
  • Le groupe PLL : il était une fois un tube nommé… «Maya L’Abeille»
  • Nilesh Mangrabala, 16 ans, septième victime de l’incendie du kanwar à Arsenal - Un rescapé : «Se enn insidan ki pou toultan grave dan nou leker»
  • Hippisme – Ouverture de la grande piste : les Sewdyal font bonne impression

À Marie-Reine-de-la-Paix : un moment d’émotions

Le bonheur de voir le pape en chair et en os ; une sacrée expérience.

L’événement était de taille. Et ils sont nombreux à s’être déplacés dans l’église à ciel ouvert de la capitale… Certains d’entre eux parlent de ce qu'ils ont ressenti.

Il était là. Et elle aussi. Sous le même soleil, sous la même pluie. Se laissant caresser, tantôt avec douceur, tantôt avec brusquerie, par ce vent de fin d’hiver qui a soufflé une brise mi-chaude, mi-froide sur notre île, le lundi 9 septembre. Elle a vu passer le pape François dans sa papamobile, s’est connectée, à lui, à son essence. L’a respiré. A inspiré ce moment qui ne la quittera plus. Olga Marie Li Kam Loong faisait partie de ceux qui se sont déplacés pour vivre la messe dite par le pape François à Marie-Reine-de-la-Paix, il y a quelques jours (plus de 100 000 personnes, selon les observations). Un événement inoubliable – une messe 30 ans après celle du pape Jean-Paul II – pour cette femme engagée auprès de l’Église, fière de sa foi et de ce chef de l’Église. Un moment d’éternité pour les nombreuses personnes qui se sont déplacées pour suivre cette messe. Des instants d’émotions, surtout.

 

Plus tôt, ce jour-là, avec les siens, elle a rallié Marie-Reine-de-la-Paix. Il a fallu se réveiller tôt, s’organiser, marcher longtemps et faire face aux caprices du temps changeant, mais tout cela n’était que détails. Avec sa branche de palmier, témoignage vert d’une journée inoubliable, elle s’est préparée à voir El Papa. Elle n’a pas été déçue. Quand il est apparu, à midi, elle n’a pu retenir ses larmes. «Mo larm inn koule. Monn resanti enn lazwa dan mwa», explique Olga Marie Li. À 70 ans, elle a réalisé un rêve, celui de voir le pape. Pour elle, il n’y a pas de doute, «li resanble enn Jésus». Dans l’instant de cette rencontre furtive, rapide avec cet autre attendu, il peut y avoir des perceptions différentes. Des écarts d’émotions, comme des écarts d’âge. Des subtilités perceptibles dans le ressenti. 

 

Mais l’essentiel est là, dans le bonheur de l’instant. Myra Gopal, 11 ans, a ressenti la même chose qu’Olga en voyant le pape François. Dans son cœur tout juste sorti de l’enfance, la rencontre, même lointaine, et le message, même s’il n’était pas toujours facile à comprendre, l’ont touchée : «Moi, j’ai ressenti de la joie en le voyant. On attendait ce moment depuis longtemps ; ce n’est pas tous les jours qu’un pape vient chez nous et il a parlé des jeunes, c’est bien.» Les heures au soleil, parfois debout, parfois assise, et l’attente n’ont pas eu de prise sur son engouement et sa motivation. D’ailleurs, les chants et chorégraphies, menés par le père Laurent Rivet, ont grignoté les longues heures de patience, faisant de ce lundi 9 septembre un moment à vivre intensément.

 

Si Myra a trouvé de la place sur les marches en pierre de Marie-Reine-de-la-Paix. D’autres personnes venues assister à la messe se sont faufilées un peu partout ; sur les flancs de la montagne, sur les toits des habitants des alentours, sur les arbres… pour ne rien rater. Pour voir le pape, chacun avait sa technique. Pour vivre le moment le plus confortablement possible aussi. Sur la route menant à l’église à ciel ouvert, à l’extérieur des maisons donnant sur rue – avec leurs portes ouvertes laissant entrevoir des intérieurs longtemps fantasmés – des chaises en rotin, des assises pliables pour vivre l’événement non loin de la maison et à l’ombre… 

 

Yves Mascagni n’a pas eu cette chance  mais avec sa chaise plantée sur la terre sèche, parsemée d’herbes jaunies, il vit quand même l’événement dans de belles conditions. Sa fille s’est occupée de tout. L’important, c’est qu’il soit à l’aise. Parce qu’à 85 ans, ce n’est pas de tout repos de passer une longue journée au soleil.

 

Des notes d'intimité

 

Mais Yves ne voulait rien rater de ce moment important dans la vie d’un catholique. C’est avec fierté qu’il raconte qu’il était «juste devant» quand la papamobile est passée : «Quelle émotion ! C’est un homme magnifique, religieux, de qui il se dégage une grande piété.» Cette rencontre, même si c’est la sienne avant tout – Yves a vu le pape mais le pape a vu la nation mauricienne dans son ensemble –, a des notes d’intimité qui résonnent en lui : «C’était un grand moment pour moi», confie celui qui se trouvait à l’étranger lors de la venue du pape Jean-Paul II. 

 

Il est presque 15 heures et dans la foule qui se presse autour des cordons de sécurité mais qui ne peut pas encore sortir, Linda Gan a dû mal à tenir debout. Au cœur de cette marée humaine, de ces cœurs battants heureux d’avoir aperçu une nouvelle fois le pape, elle rayonne dans sa tunique fuchsia. Cette Malaisienne a fait spécialement le voyage pour Maurice afin de voir le Pope Francis, d’écouter son message et de participer à ce moment exceptionnel auprès d’un peuple qu’elle ne connaissait pas. Autour d’elle, des Mauriciens avec leur T-shirt blanc et leur branche de verdure. Leurs conversations, leurs cris de protestations, leurs commentaires autour de l’homélie d’El Papa. Elle n’y comprend pas grand-chose mais participe à la liesse générale, prête à vivre ce partage jusqu’au bout de l’expérience, s’accrochant où elle peut à des bras généreux qui acceptent ici et là de l’aider à ne pas perdre l’équilibre. Elle crie un peu pour couvrir le brouhaha ambiant : «When i saw him, i cried. Oh ! I am so happy, i am so excited.»

 

Dans les valises de son cœur, dans l’avion du retour, elle pensera certainement à ces émotions qui ont fait vibrer tout son être. De voir le chef de l’Église. D’assister à un moment historique, dont on parlera dans encore 30 ans à Maurice. D’avoir vécu sous le même soleil que lui. D’avoir respiré le même air…

 


 

Une homélie qui inspire

 

Le pape François a parlé de la «giovani», de la jeunesse, en italien. Ce discours éclairé parlant d’une réalité qui touche les Mauriciens a résonné dans le cœur de ceux présents et de ceux qui assistaient à l’événement devant leur télé ou smartphone en main : «Mais qu’il est dur de constater que, malgré la croissance économique que votre pays a connue ces dernières décennies, ce sont les jeunes qui souffrent le plus, ce sont eux qui ressentent le plus le chômage qui cause non seulement un avenir incertain mais qui leur enlève aussi la possibilité de se sentir acteurs privilégiés de leur propre histoire commune.» Il a également fait allusion aux «marchands de mort» qui volent les «prémices de cette terre».

 

Dans un autre registre, le pape François a parlé du besoin d’insuffler de la joie, d’inspirer les vocations. De suivre l’exemple donné par le père Laval : «À travers son dynamisme missionnaire et son amour, le Père Laval a donné à l’Église mauricienne une nouvelle jeunesse, un nouveau souffle qu’aujourd’hui nous sommes invités à poursuivre dans le contexte actuel.»