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Mariage légal à 18 ans : pour une meilleure protection de l’enfance

Pour Rita Venkatsamy, Mélanie Vigier de Latour-Bérenger, Anushka Virahsawmy et Elizabeth Songor, un gros travail de sensibilisation doit être fait.

L’annonce de la ministre de l’Égalité des genres et du bien-être de la famille, Kalpana Koonjoo-Shah, sur l’âge du mariage légal qui passe de 16 à 18 ans, a été favorablement accueillie par les militants de la cause. Cependant, disent-ils, la lutte ne s’arrête pas là.
 

Ils ont longtemps contesté cet acte de la loi et milité pour que les choses changent. Aujourd’hui, ils ne peuvent que se réjouir du changement qui s’annonce. En venant de l’avant il y a quelques jours avec la décision de repousser le mariage légal à 18 ans au lieu de 16 ans, la ministre Kalpana Koonjoo-Shah a fait preuve de courage là où beaucoup n’avaient pas osé s’attaquer au problème. La ministre de l’Égalité des genres et du bien-être de la famille l’a dit haut et fort : une personne de moins de 18 ans est considérée comme une enfant. Le mariage lui sera donc interdit. «Les enfants qui ont moins de 18 ans n’ont pas assez de maturité pour se marier. Nous avons pris en considération beaucoup de recommandations internationales. Notre but est de protéger l’enfant», a-t-elle déclaré.

 

Ceux impliqués dans le combat saluent la prise de position de la ministre qui donne espoir en l’avenir pour une meilleure protection des enfants. Cette décision a longtemps fait débat et s’inscrit dans le cadre du Childen’s Bill qui sera bientôt présenté au Parlement. Toutefois, il ne s’agit que d’un point de départ dans un combat de longue haleine, estiment les responsables des ONG. Pour eux, le travail ne s’arrête pas là.

 

Avec cet amendement, la question, affirme Rita Venkatasamy, l’Ombusdperson for Children, sera sans équivoque. «Une personne qui n’a pas atteint l’âge de 18 ans est considérée comme une enfant.» Après des années de combat et de débat, c’est une avancée qui ne peut qu’être saluée, affirme-t-elle. «La ministre a été courageuse et a agi dans l’intérêt supérieur des enfants mauriciens.» Anushka Virahsawmy de Gender Links et membre du Kolektif Drwa Zanfan Morisien (KDZM), qui réunit plusieurs associations qui militent pour les droits des enfants, est sur la même longueur d’onde. «C’est un joli cadeau que la ministre a fait à la population mauricienne. Ça fait des années que nous luttons pour ça. C’est une question fondamentale pour l’avenir de nos enfants et pour laquelle le collectif n’a pas arrêté de faire des plaidoyers. Aujourd’hui, nous ne pouvons que saluer la ministre. Elle a pris une décision audacieuse. Elle a prouvé qu’elle comprend le combat et qu’elle veut faire avancer les choses.»

 

Ainsi, l’abrogation de la section 145 du code civil qui autorise le mariage des enfants à 16 ans avec le consentement des parents est vivement attendue. Rita Venkatasamy explique qu’un amendement aussi important engendrera des modifications corrélatives. «Certaines lois devront être abrogées ou amendées, par exemple le code civil et le code de commerce.» Pour Mélanie Vigier de Latour-Bérenger, psychosociologue et membre de KDZM et du Kolektif Drwa Imin, l’annonce de la ministre est positive. «Ce n’est qu’une fois cette mesure d’abrogation adoptée en complément de l’âge minimal de 18 ans dans le Children’s Bill que l’État mauricien pourra respecter les protocoles signés et les conventions ratifiées, soit la Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination Against Women, la Convention des Droits de l’Enfant, l’Objectif du Millénaire pour le développement, le protocole de Maputo et le protocole de la Southern African Development Community.»

 

S’il s’agit d’une avancée importante, le travail ne s’arrêtera qu’une fois que le Children’s Bill sera adopté. De nombreux autres défis attendent. Par exemple, Anushka Virahsawmy évoque, elle, les mariages religieux au sein des familles à partir de 13-14 ans. Il est temps, dit-elle, qu’un mécanisme soit mis en place pour un vrai changement. «Nous devons trouver une stratégie, mettre en place un plan d’action. Ce combat n’est pas communal. Il est pour nos enfants. Nous aurons une rencontre avec la ministre bientôt pour discuter de tout cela.»

 

L’Ombudsperson avance, pour sa part, qu’on ne parle ici que du mariage formel, celui régi par la loi. Qu’en est-il du mariage informel ? «Cette question n’est pas résolue. Beaucoup vivent en concubinage très tôt.» Pour Elizabeth Songor de l’association A.R.I.S.E., il faudrait dans ce cas mettre plus d’accent sur la formation et l’encadrement des jeunes afin de les rendre plus matures et responsables de leurs actes. «Personnellement, je pense qu’il faudrait plus se pencher sur l’humain, sur la personne, au lieu de l’aspect légal. Leurs choix et leurs actions nous échappent. L’activité sexuelle et la grossesse précoce sont toujours une réalité. Repousser l’âge du mariage, pour moi, est loin d’être une solution.»

 

Rita Venkatasamy estime, elle, qu’il est important de ne pas faire d’amalgame dans ce débat. Le Children’s Bill ne va pas faire disparaître le problème de l’activité sexuelle et de la grossesse précoce. «On ne peut pas tout régler d’un seul coup. Par contre, aujourd’hui, les décideurs politiques envoient un signal fort en valorisant l’enfant et l’enfance. Il faut désormais une grande sensibilisation sur comment éduquer nos enfants à avoir des rapports responsables.» Et pour y arriver, dit-elle, chacun de nous doit s’y mettre.

 


 

Propos à relent communal sur Facebook | Le Dr Belall Maudarbux : «Laissons la loi suivre son cours»

 

Ses paroles ont suscité choc et indignation. Après deux plaintes déposées contre lui, le Dr Belall Maudarbux nous a fait la déclaration suivante lorsque nous l’avons contacté au téléphone : «Laissons la loi suivre son cours. Je ferai connaître ma position devant le tribunal.» Le mercredi 8 janvier, à l’annonce de la ministre sur le passage de l’âge marital à 18 ans, ce chargé de cours à l’Université de Maurice et ancien collaborateur du Conseil des Religions, a posté sur le réseau social Facebook, son opinion sur le sujet en visant une section de la population en particulier. Ses propos, jugés racistes, ont heurté plusieurs internautes.

 

Deux plaintes ont ainsi été déposées au Central Criminal Investigation Department. L’une a été faite par Gary D’Eau, responsable de Moka United, et l’autre par le syndicaliste Dominique Marie. Tous deux condamnent fortement les propos que le Dr Belall Maudarbux a tenus et s’attendent à ce que des actions concrètes soient prises. Pour sa part, le Conseil des Religions, à travers son porte-parole, le père Philippe Goupille, a tenu à faire une mise au point en faisant ressortir que Belall Maudarbux n’a plus aucun lien avec le Conseil des Religions depuis octobre 2018. Il a fait ressortir : «Par conséquent, ses vues, pensées et opinions exprimées dans les médias sont les siennes et non celles du Conseil des Religions.»