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Maha Shivaratree : Sur la route du sacrifice

En marchant vers Grand-Bassin, l’équipe du Kalimata Mandir de Bramsthan perpétue une vieille tradition.

Un acte d’abnégation, d’amour et de dévotion. Depuis quelques jours, ils sont des milliers à converger vers le Ganga Talao pour honorer le dieu Shiva en marge de la Maha Shivaratree, célébrée le lundi 4 mars.

Un pèlerinage sacré. Chaque année, les dévots sont nombreux à converger vers Grand-Bassin pour honorer le dieu Shiva. En quête de bénédiction divine, ils mettent de côté confort et bien-être matériel pour marcher sur les pas de la divinité la plus vénérée de la mythologie hindoue, le dieu bienveillant et destructeur.

 

Ce cheminement, ils le préparent depuis des semaines. Ça commence avec le jeûne, puis c’est le montage du kanwar, une structure en bois qui, à la base, a la forme d’une arche avant d’être décorée de différentes couleurs, de petits miroirs et de photos de Shiva. Mais aujourd’hui, les dévots rivalisent d’ingéniosité et de créativité pour créer des kanwars toujours plus originaux et tape-à-l’œil.

 

Au lac sacré, quelques jours avant l’agitation et l’affluence du Jour-J, l’ambiance est calme et religieuse, même si les dévots sont nombreux à s’y rendre en voiture et en famille pour assister aux premières séances de prière avant l’arrivée de la grosse foule.

 

À mercredi après-midi, les premiers dévots sont déjà au Ganga Talao, venant principalement des régions de l’Est (Clémencia, Bramsthan, ou encore de Beau-Champ). Tous vont passer entre une et deux nuits sur place. Les kanwars, encore peu nombreux, sont disposés dans les espaces libres. Aux alentours du lac, les chapiteaux, censés accueillir les donateurs de nourriture et les équipes de soins, sont encore inoccupés.

 

Certains ont marché toute la nuit. D’autres sont venus à bord d’un camion. Une fois sur place, tous vont se restaurer et se rafraîchir. Beaucoup vont dormir dans les salles mises à leur disposition pour essayer de récupérer. D’autres en profitent pour inspecter leurs kanwars, qui comportent aujourd’hui roues, jeux de lumière et son, afin de vérifier si tout va bien. Pour l’équipe de Bramsthan, quelques petites réparations s’imposent. Tout le monde s’affaire autour de cette création qui a demandé plusieurs semaines de travail. «Nous sommes une vingtaine à venir du Kalimata Mandir de Bramsthan. Nous faisons ce pèlerinage depuis des années. Les jeunes ont pris la route mardi soir et nos aînés viendront nous rejoindre plus tard pour les prières», lance Arjoon Baumy.

 

Compétition

 

Parmi le groupe, Ajay Rambojun, son épouse Vyara de Bulgarie et leur fils Veer. Ils sont rentrés au pays depuis quelques années  déjà et depuis, ne ratent pas une occasion de participer à ce festival. «Pour nous, c’est un honneur d’honorer Shiva, Doorga Ma et Vishnu. C’est une manière pour moi de perpétuer les traditions qu’on m’a transmises mais aussi de les partager avec mon épouse et mon fils.» Vyara, elle, s’émerveille à chaque fois devant autant de piété, de fraternité et d’entraide. «J’aime voir les autres offrir à manger et à boire aux pèlerins. C’est tellement généreux et beau de voir les gens de  toutes les communautés s’impliquer.»

 

Un peu plus loin, une bande de jeunes déambule dans la rue principale de Grand-Bassin. Ils ont posé leur kanwar au pied de la statue géante de Shiva, le temps d’une petite pause. Ce groupe d’amis, qui vient de Beau-Champ, a pris un mois pour monter son kanwar. «C’est un travail d’équipe. Chacun y a apporté sa contribution. Nous avons voulu représenter Ganesh sur une montagne», explique Keshav Nundoolall. Faire ce pèlerinage, disent-ils, est un must. «Ça fait quatre ans que nous venons à Grand-Bassin. Quand on part d’ici, on a le sentiment d’avoir accompli quelque chose, d’avoir fait un sacrifice. On repart le cœur léger», confie Daven Ramadoo. 

 

Cependant, il règne, parmi les premiers pèlerins, comme un esprit de compétition. À la question de savoir qui sont les premiers arrivés sur les lieux, chacun y va de sa petite théorie. «Nous, on n’est pas venus sur un camion contrairement aux autres. Je pense que nous sommes en deuxième position», lance l’un d’eux.

 

Ainsi, il existerait différentes catégories. Ceux qui viennent sur un camion avec leur kanwar sont tout de suite éliminés. Ceux qui ont des roues et qui poussent leur kanwar ne sont pas non plus très bien vus. Par contre, ceux qui portent leur kanwar sur leurs épaules, comme cela se faisait auparavant, sont admirés.

 

Parmi les courageux à avoir fait ce choix : la famille Doorgachand qui arrive de loin. Le kanwar, traditionnel et simple, est porté sur les épaules de quatre hommes. Ils sont venus à pied de Goodlands. Faire ce pèlerinage sans fla-fla et dans la ferveur est, pour eux, une priorité. «Nous le faisons chaque année. Ce sacrifice est important pour notre famille. Nous venons ici pour implorer la bénédiction de Shiva, pour qu’il nous aide dans notre vie de tous les jours, notre travail, notre santé», lance Soodar, le père de famille.

 

C’est cela, pour lui, le vrai sens de ce pèlerinage.