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Magali Deliot : «Notre système éducatif n’est pas adapté à tous nos enfants»

L’ONG Planète Enfants Vulnérables, basée à Albion, tire la sonnette d’alarme sur le nombre d’enfants d’un certain âge qui ne savent pas lire et écrire. Sa présidente estime que chaque enfant a sa propre façon d’apprendre, de comprendre le monde, d’assimiler et de mémoriser les informations. Elle nous livre son constat.

Vous avez partagé un courrier, en tant que présidente de Planète Enfants Vulnérables, dans lequel vous dites que «le système d’éducation a failli». Pourquoi ?

 

J’évolue au sein d’une association et je suis souvent sur le terrain. Et ce que je vois est accablant. Je rencontre de plus en plus d’enfants de 7 à 8 ans qui ne savent pas lire. Ils ont évolué dans le système éducatif, sont passés d’une classe à une autre et se retrouvent à 7 et 8 ans à ne pas savoir lire. Ce n’est pas normal que cela soit détecté à cet âge. Ce n’est pas normal que des enfants de nos jours ne puissent pas lire, écrire et compter. D’où ce constat.

 

Que dénoncez-vous dans votre courrier ?

 

On met en avant le fait que l’apprentissage ne doit pas se faire de manière programmée, que le mode d’apprentissage n’est pas adapté à tout le monde, qu’il correspond à des types d’enfants mais qu’il est source de frustrations, d’ennui et de blocages pour d’autres élèves. On parle aussi des enfants victimes d’une politique de la peur et du fait que les jeunes apprennent très vite, que leur but principal est d’obtenir de bonnes notes et non pas d’apprendre et de découvrir le monde.

 

Vous décriez le fait que «tous les enfants et les jeunes doivent savoir absolument la même chose et apprendre de la même manière» et que «le système éducatif ignore complètement le fait que chaque enfant est différent». Comment êtes-vous arrivée à cette analyse ?

 

Chaque enfant a sa façon d’apprendre, de comprendre le monde, d’assimiler et de mémoriser les informations. Je peux en parler parce que je suis passée par là avec mon enfant. À 8 ans, on s’est rendu compte qu’elle ne savait pas lire. Ma fille est chanceuse d’être dans une école où il y a une classe adaptée, où un travail a été fait pour qu’elle rattrape son retard. Aujourd’hui, elle sait lire et écrire, et continue sa scolarité. Certains élèves ont besoin de cette one to one attention. Ils ont un rythme différent. Et selon moi, il faut un système, il faut développer un moyen pour pouvoir détecter ces enfants qui apprennent à un rythme différent, qui sont peut-être dyslexiques ou qui ont peut-être un problème de mémorisation. Ma fille est chanceuse dans le sens où le problème a pu être détecté, identifié et qu’il y a eu une prise en charge par la suite. Mais qu’est-ce qui se passe pour les enfants qui n’ont pas cette chance ? Ils se retrouvent livrés à eux-mêmes dans un système qui n’est pas adapté pour eux. On a vu ce qui s’est passé avec la proclamation des résultats du School Certificate où nous avons eu un nombre inquiétant de jeunes qui n’ont pu décrocher le nombre de credits nécessaires pour accéder au HSC. C’est triste. Ce qui est plus triste encore, c’est les réactions qu’il y a eu autour de ces élèves. Si cela est arrivé, c’est, selon moi, parce que notre système éducatif n’est pas adapté à tous nos enfants.

 

C’est-à-dire ?

 

Aujourd’hui, il est primordial de compter sur le système numérique. Au Canada, par exemple, ce système existe et les classes se font sur les tablettes. Il y a une nouvelle façon de transmettre le savoir, ce qui est peut-être plus en phase avec le monde dans lequel vivent nos jeunes. C’est peut-être un aspect qui doit être considéré. Il est temps de penser à réformer notre système éducatif car, même si l’éducation est gratuite, elle n’est plus adaptée à nos enfants. Nous avons un système à deux vitesses. D’un côté, il y a ceux que nous considérons comme des élites, et de l’autre, ceux qui ne rentrent pas dans le moule et sont mis de côté.

 

Notre système éducatif a pourtant fait ses preuves, vous ne pensez pas ?

 

C’est vrai qu’on a droit à nos lauréats chaque année – les résultats du HSC ont été proclamés le vendredi 7 février – mais il n’y a pas que l’élite. Tous les enfants n’ont pas les mêmes capacités. On ne peut pas comparer un enfant à un autre.

Que préconisez-vous pour renverser cette tendance que vous dénoncez ?

 

L’école ne tient pas compte des compétences qui nous sont essentielles pour vivre dans le monde moderne. La question de l’attention, de la mémoire chez l’enfant dans les apprentissages scolaires, n’est pas prise en considération, sauf dans très peu d’écoles privées payantes. Le système éducatif actuel ne prend pas en considération les besoins de l’enfant, afin de favoriser l’accès aux apprentissages. Pour certains, cette attention n’est que bien souvent passagère et elle n’entraîne en aucun cas des perturbations dans l’acquisition des apprentissages scolaires. Pour d’autres élèves, cette attention est perçue comme pathologique dès qu’elle nuit à leur bon fonctionnement. Actuellement, on définit sous le terme de Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) les enfants pour qui l’attention fait véritablement défaut. Il existe donc divers degrés d’inattention. Ces troubles nécessitent souvent l’intervention de professionnels tels que des psychologues et orthophonistes.